Des progrès, les pays de la région MENA (Middle East and North Africa) en ont fait en matière économique au cours des trois dernières décennies, constate un rapport de la Banque mondiale. Dont les auteurs demandent aux opérateurs privés et aux pouvoirs publics de faire plus et mieux en matière de réformes et d'engagement. 40 millions. C'est le nombre d'emplois que les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient devront créer au cours de la prochaine décennie pour répondre à la demande d'une population active jeune et de plus en plus éduquée cherchant «des opportunités pour utiliser ses compétences et créativité», analyse un récent apport de la Banque mondiale intitulé «From privilege to competition : Unlocking Private-Led Growth in the Middle East and North Africa» (Du privilège à la compétition : débloquer la croissance tirée par le secteur privé au Moyen-Orient et en Afrique du Nord). Par ce rapport, réalisé par un groupe d'experts, sous la houlette de M. Mustapha Kamel Nabli, ancien chief Economist pour la région MENA (Middle East and North Africa), la Banque mondiale a voulu un message aux acteurs de la vie économique secteur privé et gouvernements- dont dépend le fait que le défi de l'emploi soit relevé ou pas. Un message pour leur dire qu'ils ont beaucoup fait sur la voie des réformes devant permettre d'améliorer la capacité des économies de cette région à produire des emplois, mais qu'il leur restait autant à faire. L'Afrique du Nord et le Moyen-Orient s'étant désengagés au cours des trois dernières décennies du modèle d'une croissance tirée par l'Etat, il est clair que les emplois à créer devront l'être par le privé. Ce secteur joue déjà un rôle essentiel dans les économies des pays de cette région ayant connu une croissance forte sur de longues périodes. Il pourrait même, en devenant plus dynamique, «contribuer à une intégration économique accrue de la région». Mais le privé sera-t-il capable d'être le moteur de la croissance économique, s'interroge les experts de la Banque mondiale ? Certains, sceptiques, en doutent. Mais d'autres soutiennent le contraire, mais pensent qu'il ne peut pas tout faire seul. Certes, une partie de la responsabilité lui incombe. Les auteurs du rapport de la Banque mondiale démontrent que «dans plusieurs pays, le secteur privé dominant privilégié par les politiques passées et les distorsions restantes- est rarement un agent du changement, et tend à défendre le statu quo». En effet, selon l'étude le privé «n'a pas été, dans la plupart des pays de la région MENA, une voix forte et unifiée pour les réformes», à la différence des «chercheurs de rente» qui se sont plus fait entendre dans la promotion de la protection et du statu quo». Aussi, les experts de la Banque mondiale suggèrent-ils, à l'instar de Shamshad Akhtar, vice-président de la Banque mondiale pour la région MENA, que «de nouvelles générations d'entrepreneurs, plus ouverts à la compétition, aux exportations et à l'innovation, ont besoin d'exprimer leurs intérêts de manière plus visible». Et, à cet effet, «ont besoin d'être mieux organisés, plus (inclusive), plus créatifs et plus dynamiques en vue de devenir un partenaire crédible des gouvernements». (à suivre)