Les patrons peuvent-ils et savent-ils prendre des vacances de leurs rôles de dirigeants à l'occasion du réveillon? Pouvons-nous nous se prévaloir d'une nouvelle race de patrons qui rassembleraient leurs collaborateurs autour d'un dîner festif pour entrer de plain-pied dans la nouvelle année? Il semblerait que les grandes occasions restent toujours réservées à la famille et aux amis et que nos patrons, à ce jour, tiennent à garder une distance respectueuse entre l'espace privé et celui professionnel. C'est culturel en fait, selon Geert Hofstede, psychologue néerlandais, pour qui la culture d'entreprise n'est pas la même dans tous les pays car elle ne ferait nullement disparaître la culture nationale et, dans le meilleur des cas, elle se juxtaposerait à elle. «La plupart du temps, c'est plutôt la culture nationale qui remodelait, au moins partiellement, la culture d'entreprise». Dans une étude réalisée par Hofstede sur l'indice de distance hiérarchique à IBM, il a comparé les résultats entre diverses cultures sur la base d'une moyenne de 57. L'indice dans les pays arabes est de 77. En fait, la qualité des rapports entre patrons et employés peut s'exprimer de différentes façons; elle n'est pas seule et unique. «Il y a mille et une manière de fêter la fin de l'année avec ses collaborateurs, indique Slim Ben Ammar, PDG de Sodexo. Pour ma part, j'ai invité, pour l'occasion, mon personnel à un déjeuner. Je les ai remerciés pour tous les efforts fournis tout au long de l'année 2010. Je leur ai parlé des objectifs 2011, j'ai annoncé des changements structurels et, pour marquer le coup, je leur ai offert des téléphones portables en guise de cadeau de fin d'année et annoncé qu'ils auront un treizième mois». Dans le monde, des occasions, telle la fin de l'année, sont souvent utilisées par les employeurs pour récompenser leur personnel. Il y a 3 ans, une enquête réalisée en Belgique a indiqué que 90% des entreprises profitent de la fin de l'année pour le faire. L'enquête montre également que près de 70% des employeurs interrogés offrent un cadeau à leur personnel en fin d'année. L'objectif est de créer un sentiment d'appartenance à une même entité. On profite de la fin de l'année pour consolider les liens avec ses collaborateurs. C'est ce qu'a fait LG Tunisie en organisant une journée «Team Building» à Bizerte qui a réuni autour de jeux sportifs et culturels, les dirigeants coréens et leur staff et employés tunisiens. Comme son nom l'indique, «Team Building» veut dire «construire l'équipe». «Nous estimons qu'à travers ce genre d'activités, nous développons l'esprit de cohésion à une même entreprise et créons un environnement plus favorable au travail. Nous profitons d'ailleurs de la fin de l'année pour offrir des Awards aux employés qui achèvent 5 ou 10 ans au sein de notre société et nous préparons à démarrer la nouvelle année en force», précise Hajer Samaloussi, responsable Relations Publiques du Groupe LG Tunisie. A Tunisiana, on n'organise pas de fêtes. Par contre, on offre aux employés des bonus, des primes de rétention pour ceux qui restent plus de trois ans chez l'opérateur et pour l'année prochaine, des téléphones portables seront distribués à tous les «Tunisianiens» à partir du mois de janvier 2011. Pour Ines Boujbel, PDG de «Deyma», une réception sera organisée le 31 décembre et rassemblera les 50 employés de l'entreprise: «C'est une bonne occasion pour présenter mes vux de fin d'année à mes employés et faire le point sur nos réalisations. Les primes leur seront accordées deux mois plus tard en février». Construire des équipes performantes en personnalisant ses rapports avec ses employés tout en préservant les règles de l'hiérarchie peut paraître un peu difficile pour certains managers ou patrons. Le travail moderne est censé faire tomber les murs, inciter à une communication plus intelligente ainsi que la maîtrise de l'art de motiver et d'encourager les «troupes». Il y a trois ans, l'IACE (Institut arabe des chefsd'entreprise) publiait une Proposition de Code maghrébin d'éthique des affaires. Il décrète entre autres que les «affaires fleurissent dans un contexte favorable à l'accomplissement de chacun, à l'encouragement de l'initiative et la valorisation du potentiel et au développement des talents et qui cherche à valoriser le potentiel existant tout en reconnaissant le mérite de tout un chacun faciliter l'intégration, le dialogue et encourager la concertation dans le souci de convergence des intérêts et à éviter les exclusions». Combien avons-nous de patrons qui profitent d'occasions telle la fin de l'année pour gratifier les plus motivés et les plus impliqués de leurs employés par une chaleureuse accolade ou un remerciement verbal plutôt que par des primes ou des cadeaux standards qui mettent tout le monde dans le même sac, du plus au moins méritant?