Le président de la République, Kaïs Saïed, a reçu, jeudi 2 septembre 2021, Ibrahim Bouderbala, bâtonnier des avocats, Béchir Laâbidi, secrétaire général de la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme et Bassem Trifi, vice-président de la Ligue. Revenant sur les évènements d'hier et la répression policière d'une manifestation au centre-ville de Tunis, le chef de l'Etat a déclaré qu'il ne faut pas répondre à la provocation par la provocation mais par la loi et qu'il n'est pas question d'agresser les citoyens, rappelant qu'il tient à ce que la loi soit appliquée équitablement peu importent le statut ou la position des uns et des autres. « Certains se servent des jeunes et les jettent au feu pour leur tourner le dos une fois qu'ils ont obtenu ce qu'ils veulent. Certains répandent des affaires illusoires pour se disculper et pour faire diversion sur celles qui les concernent. Je ne citerai pas de noms mais les documents sont là et attestent de la véracité de mes dires. L'épouse, sans emploi, d'un avocat possède à son nom une fortune de cent milliards, des biens et des commerces dans des quartiers huppés. Je connais l'origine de cette fortune, ils savent comment détourner et contourner la loi », a poursuivi le chef de l'Etat en feuilletant des documents qu'il tenait à la main. « Un autre des dossiers en ma possession concerne un député. Je ne saurai par où commencer pour citer les biens qu'il possède au nom de son épouse. Depuis qu'il a commencé à occuper des postes au sein de l'Etat il a amassé une fortune de 1500 millions de dinars. Des dossiers de justice ont été détruits, ils exploitent ces fortunes en les disant légales alors qu'ils ont extorqué des gens ici et à l'étranger. Ils vendent à 100 mille dinars un papier pour obtenir la nationalité et ils viennent pleurer après, eux, qui ont commis les pires crimes ! Que faire avec ces gens quand on occupe un poste de responsabilité ? Les laisser continuer à spolier le peuple ou prendre des mesures préventives en attendant de les déférer devant la justice. Qu'on ne m'accuse pas de diffamation, j'ai les preuves de ce que j'avance et je finirai par révéler les noms », a-t-il ajouté.
Kaïs Saïed a martelé que la spéculation a atteint un degré tel, que des personnes ont spéculé sur les médicaments, l'alimentation du bétail et les denrées vitales du peuple. « On est allé jusqu'à provoquer des incendies ! Doit-on laisser faire ? Ces gens ont tissé des réseaux qui opèrent depuis des décennies, avant même 2011, et ont bâti des fortunes en spoliant et en affamant le peuple et cela doit cesser. Je ne toucherai pas aux droits et aux libertés, je n'accepterai jamais aucune dictature, aucune injustice mais je ne laisserai pas ces gens continuer à malmener l'Etat et le peuple. Ils parlent de légalité et de légitimité à tout va sans même en maîtriser le sens, nous reviendrons vers le peuple qui lui décidera, dans le cadre de la loi, de la légalité et de la légitimé, quand le moment sera venu », a-t-il conclu.