« Le président de la République, Kaïs Saïed a reçu l'ambassadeur américain, Donald Blome pour lui faire part du mécontentement de la Tunisie de l'audition consacrée par la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine à la situation en Tunisie ». Telle fût l'information capitale publiée cet après-midi par la présidence de la République qui poursuit la fuite en avant malgré les tensions palpables dans les relations entre la Tunisie et les Etats unis depuis l'annonce du 25-juillet. Or, le président de la République semble omettre que l'ambassadeur américain et l'administration américaine n'ont aucun lien avec les décisions et le fonctionnement du congrès américain. Le congrès américain est, par définition, chargé d'élaborer, de discuter et de voter les lois. Il exerce également un pouvoir sur le budget fédéral des Etats-Unis, le commerce et la défense du pays. Il est donc l'organe habilité à octroyer les aides financières, médicales, militaires aux pays tiers et ses décisions doivent être justifiées au contribuable américain. Ainsi, convoquer l'ambassadeur américain pour lui faire part faire de son mécontentement à cause d'une audition du congrès américain ne peut être considéré que comme étant un faux pas diplomatique, puisqu'elle s'apparente à une forme d'ingérence. Chose que le président tunisien ne cesse de rejeter au nom de la souveraineté.
Après le report, le communiqué incendiaire du G7, le camouflet qui s'est traduit par le report du sommet de la Francophonie, voilà que le président de la République envenime davantage les relations avec les Etats unis.
Or, faut-il encore rappeler la situation financière inconfortable de la Tunisie qui s'est traduite, pas plus tard que ce soir, par une dégradation de la note de souveraineté de la Tunisie, passant de la note "B3 à perspectives négatives" à "Caa1". Il s'agit d'une note attribuée aux pays appartenant à la catégorie « Risque élevé » dans le non-remboursement de la dette.
Aujourd'hui, et depuis dix ans déjà, le volet politique avait pris le dessus sur la scène nationale au détriment de celui socioéconomique. Les résultats ne sont pas à démontrer et un sursaut est vital. Or, dans la situation actuelle, et en l'absence de ressources, il faut se rendre à l'évidence et admettre que la Tunisie ne peut sortir de ce gouffre sans l'aide des pays amis. Et ce n'est pas en déclarant la guerre à ses principaux partenaires qu'elle y parviendra.