Le doxxing : comprendre, prévenir et se protéger    Droit de réponse : L'Office des céréales réagit    Giorgia Meloni reçoit le roi Abdallah II de Jordanie au palais Chigi à Rome    Le drapeau Tunisien absent des JO Paris 2024, pourquoi?    Secteur privé: Vers l'augmentation de l'âge du départ à la retraite    Découverte de deux usines clandestines de fabrication des barques de la mort    Daghfous : il n'y a pas eu de complications à la suite de l'administration du vaccin AstraZeneca en Tunisie    Palestine: Pour un simple statut d'observateur aux Nations Unies!    Fête du Travail | Taboubi : «Le droit syndical est garanti par la Constitution et par les conventions internationales»    Limiter le gaspillage du pain en Tunisie en installant des gachimètres dans les lieux de restauration    Fête du Travail | Saïed honore deux employés, l'un pour son martyre et l'autre pour son courage    Fête du Travail | Le siège historique de l'Ugtt entièrement rénové    Le Musée Safia Farhat propose l'exposition collective 'La mémoire : un continent' du 5 mai au 15 juin    Psychologie : Questions délicates : comment remettre poliment quelqu'un à sa place et défendre ses limites    Daily brief national du 02 mai 2024: Saïed remet aux héros de l'explosion du terminal de gaz de Rades les médailles du travail    Les journalistes empêchés de couvrir la manifestation des avocats    Soutien pédagogique et psychologique pour les candidats au baccalauréat de 2024    Fadhloun : voici comment la Tunisie peut annuler les sanctions de l'Agence mondiale antidopage    Abdelmajid Tebboune réaffirme le refus de l'Algérie de recourir à l'endettement extérieur    Club Africain - CS Sfaxien : Détails de la vente des billets    ST-EST ce dimanche au Bardo : Rendez-vous en terrain connu    Ligue 1 – 5e journée Play-off- EST-CSS (1-1) : Personne ne voulait perdre !    Tunisie-BID : Signature d'un accord de financement de 60 millions de dollars    SNJT: Demain, une conférence à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse    Colloque international «Méditerravenir», les 3 et 4 mai au siège de l'UTICA : «Transfrontalier, développement et entrepreneuriat Sud-Sud/Nord»    Les ravages de la guerre à Gaza : Un bilan humanitaire et économique alarmant    Salwa Abassi : la situation des enseignants suppléants sera régularisée après audit de la liste des noms    Pourquoi | Transport des marchandises…    Météo: Pluies faibles et locales sur le nord et le centre    Quelle est la date prévue pour l'Aïd al-Adha cette année 2024 ?    Exportations tunisiennes – Marché tchèque: Un manque à gagner de 162 millions de dollars    Monoprix renoue avec les bénéfices    Malek Zahi : les employés du secteur privé seront autorisés à repousser le départ à la retraite de deux ans    La répression s'intensifie dans les universités américaines avec 1700 arrestations    USA – Trump exprime son plaisir de voir la répression des étudiants pro-palestiniens    Dopage : le ministère des Sports évoque des rumeurs tout en confirmant les sanctions    Adhésion de la Palestine à l'ONU: La Tunisie regrette l'échec du projet de résolution porté par l'Algérie    Dopage : la Tunisie sanctionnée pour non-conformité au Code mondial    Accès gratuit: Profitez du beau temps, emmenez vos enfants aux musées    Sanctions confirmées par l'Agence mondiale antidopage contre la Tunisie    «La journée des Talents» à l'Institut Supérieur des Langues de Tunis (Islt) : Graines de talents    Célébration du «Jazz Day» au Goethe Institut, le 2 mai 2024 : Sous le signe de la virtuosité    Rencontre avec Selma Baccar : «Le cinéma d'auteur est un cinéma d'engagement»    1er mai: Ce mercredi, accès gratuit aux musées    Les Totally Spies sont de retour après 11 ans d'absence : Date et chaîne de diffusion    Malmö Arab Film Festival 2024 : Des artistes et réalisateurs tunisiens se distinguent (palmarès)    En solidarité avec Gaza : Les étudiants tunisiens descendent dans la rue    Attaque armée dans un restaurant célèbre à Istanbul    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le choc des légitimités
Publié dans Business News le 30 - 03 - 2022

Le Parlement, rejeté par une grande majorité de Tunisiens, s'est réuni en plénière mercredi 30 mars 2022. Rejeté, honni, décrié, de façon à ce qu'à l'annonce des mesures du 25 juillet par le président de la République, le soulagement avait été au rendez-vous. Les députés sont de retour aujourd'hui, pour annuler les mesures présidentielles, disent-ils.

Au-lendemain d'une visite de la sous-secrétaire d'Etat américaine à la démocratie et aux droits de l'Homme, l'opération de reprise du pouvoir par les parlementaires a été lancée. Exit Rached Ghannouchi de la présidence de la séance. La carte du chef islamiste étant très « brûlée ». Exit aussi la première vice-présidente, Samira Chaouachi, membre du parti Qalb Tounes dont le chef est actuellement dans la nature. C'est sur Tarek Fetiti, deuxième vice-président, « indépendant » qu'il y a eu consensus. Certains députés, qui ont appelé à une plénière pour contrer le président, ne voulaient toutefois pas se mouiller et en associant leur retour sur la scène à l'image du chef islamiste et des figures décriées par les Tunisiens.
La manœuvre était en préparation depuis un bon moment. Il fallait tout juste choisir le bon timing, réunir le plus possible d'adhésions et s'assurer ses arrières. Un groupe d'une trentaine de députés non-islamistes avaient lancé un appel le 25 mars pour la tenue d'une plénière. L'idée est de mettre de côté les différends et les divisions dans le but de renverser l'hégémonie du chef de l'Etat et supprimer tout bonnement ses décisions post-25 juillet. Le jour même, Rached Ghannouchi, président du parlement pourtant gelé, convoque une réunion du bureau de l'ARP qui fixe la date de la plénière. La machine est mise en branle. Kaïs Saïed n'a d'autre choix que de regarder faire, lui qui a toujours refusé de dissoudre le parlement et s'est contenté de geler ses activités en conformité, d'après ses dires, avec la constitution. Certains s'attendaient à une action spectaculaire, notamment une assignation à résidence des instigateurs, mais le pouvoir a préféré faire dans le sournois/absurde en censurant l'application Zoom.
Un projet de loi a été passé au voté : annulation de tous les décrets présidentiels promulgués après le 25 juillet, notamment celui relatif à la prorogation des mesures exceptionnelles, le décret 117 et celui instituant le Conseil supérieur provisoire de la magistrature. L'article deux du texte, dispose que la loi devra être publiée dans le Journal officiel et le site du parlement. Sauf que réellement, ce parlement n'a plus la main. Il a été écarté des cercles décisionnels. L'entourloupe trouvée est que la loi devra entrer en vigueur au moment du vote en plénière. Cependant, une loi ne devient loi que si on a les moyens de l'appliquer et le parlement n'en a aucun.

Pourquoi en sommes-nous arriver à ce point ? Que vaut concrètement cette action des parlementaires ? Qui sortira vainqueur de ce bras de fer institutionnel ?
Pour les légalistes, l'ARP est dans son droit et a toute la légitimité pour renverser le président de la République celui-là même qui a accaparé le pouvoir et gelé l'assemblée dans une contorsion constitutionnelle.
Pour les adversaires de Kais Saïed, il a failli, il n'a pas su assurer, la dégradation de la situation socio-économique et l'enlisement gouvernemental, sont l'occasion propice pour l'évincer.
Pour tous les autres, une grande partie du peuple tunisien, même ceux très critiques à l'égard du président, il est impensable que ce parlement « détestable » reprenne les rênes, que ce parlement qui a échoué et qui a été, en grande partie, à l'origine de la crise décide de l'avenir du pays.
Le choc des légitimités. Nous y sommes. Un parlement élu, gelé, qui proclame les décisions présidentielles caduques. Un président plébiscité qui a donné un coup de pied dans la fourmilière d'une scène politique délétère et délitée, menaçant de sévir contre un putsch des parlementaires.
Que vaut donc cette manœuvre politique des élus ? Si l'on part du fait qu'ils aient la légitimité, on pourrait considérer que toutes les démarches présidentielles n'ont plus lieu d'être, que le gouvernement est déchu, à titre d'exemple. Cependant, ils n'ont pas la latitude d'appliquer cette loi. Mais cette démarche constituera pour eux un fort moyen de pression sur le chef de l'Etat et un faire-valoir vis-à-vis des puissances étrangères. Le but qu'ils cherchent à atteindre est d'imposer désormais leur tempo politique en mettant sur la table la nécessité d'un dialogue avec leurs propres conditions. Des conditions clairement explicitées dans le communiqué des 27, notamment l'organisations d'élections législatives anticipées, mais aussi présidentielle. Ce que Kais Saïed n'envisage aucunement, pas avant qu'il ne fasse son référendum constitutionnel et sa réforme du code électoral.

Le danger de cette manœuvre serait l'atomisation des fondements et de l'unité de l'Etat. Une déstabilisation qui viendrait anéantir des équilibres déjà précaires. L'image qui sera renvoyée aux partenaires étrangers est que la Tunisie traverse une crise constitutionnelle inextricable entre deux institutions qui se proclament légitimes sans possibilité de réconciliation. Dans cette lutte pour le pouvoir, parce qu'il ne s'agit que de cela dans les faits, quel que soit le camp qui remportera la partie, le pays en ressortira plus affaibli que jamais, le citoyen plus appauvri que jamais.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.