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Interview - Karim Ben Cheikh : la binationalité est une chance pour notre pays !
Publié dans Business News le 29 - 05 - 2022

Karim Ben Cheikh, bonjour et bienvenue à Business News. Tuniso-français, vous êtes né et avez vécu jusqu'au bac en Tunisie, pour vous envoler ensuite vers la France, ou après des études rue Saint-Guillaume à la prestigieuse « Sciences Po », vous avez intégré la diplomatie française. Ensuite c'est la représentation française à l'étranger. Rabat d'abord, puis Washington, et enfin Consul général de France à Beyrouth.
Nous vous recevons car c'est une première, un Tuniso-français souhaite représenter les Français de la 9ème circonscription, dont les Français de Tunisie font partie. Un « Tunisien », voire tout simplement un Français de l'étranger, au palais Bourbon est générateur d'espoir notamment pour les binationaux en Tunisie et pour tous les Français de l'étranger. Il y a donc lieu de faire plus ample connaissance.

Première question donc, pourquoi quitter le confort de la fonction, la certitude d'une carrière, pour aller solliciter un mandat électif ?
Si je peux me permettre, la diplomatie, ce n'est pas que du « confort » : c'est beaucoup de travail et de dévouement ! A vrai dire, cela fait longtemps que j'avais envie de m'engager en campagne, mais c'est mon expérience de Consul général de France au Liban de 2017 à 2021 qui a été un déclencheur : j'ai réalisé que pour faire progresser vraiment les droits et les services publics pour les Français de l'étranger, il fallait faire voter de nouvelles lois et mettre fin à la chute des moyens financiers et humains consacrés à nos compatriotes, et donc être élu député.
J'ai passé près de 30 années de ma vie à l'étranger dont 22 ans dans cette neuvième circonscription. Me présenter ici et devant les Français d'ici est pour moi une évidence. J'ai donc demandé un congé sans solde cet automne afin de mener cette campagne électorale, en disposant du temps nécessaire à cet effet et en étant irréprochable sur le plan éthique. C'est une aventure passionnante et extrêmement forte sur le plan humain.

Du fait de votre binationalité, de sang, père Tunisien et mère Française, vous savez que les attentes des Français expatriés et des binationaux ne sont pas les mêmes, pas toujours. Le premier n'est pas chez lui à l'étranger, et le second si. Comment appréhendez-vous ces deux statuts différents ?
Ce que je retiens tout d'abord, c'est que ces Français, binationaux ou pas, sont tous chez eux en France ! Peu importe leur situation dans leur pays de résidence, ils sont des Français à part entière, égaux en droits, égaux en devoirs et ayant tous des attentes fortes s'agissant des services publics français à l'étranger.
Ensuite, la binationalité (et je sais de quoi je parle !) est une chance pour notre pays, un vecteur d'enrichissement réciproque de rapprochement et de fraternité. C'est même selon moi un rempart fondamental contre les replis identitaires mortifères qui sévissent dans de nombreux pays, et pas seulement en France. La binationalité, au quotidien, bat aussi en brèche la lecture « huntingtonienne » du monde qui voit partout un « choc des civilisations ». Nos compatriotes binationaux sont la preuve vivante qu'il n'en est rien.

Vous avez pu le constater, sinon l'éprouver, les Français qui ne vivent pas en France, ont tendance à se sentir abandonnés par les institutions françaises. Que comptez-vous faire pour y remédier ?
Ce sentiment d'abandon correspond à une réalité. J'ai vécu et observé cela durant toute ma vie hors de France. Ma campagne sur le terrain, à Abidjan, Dakar, Casablanca, Djerba, Agadir, Rabat, Marrakech, Tunis, Hammamet, Ouagadougou, Alger, Nouakchott, Bassam, Sousse, Tanger ou encore Sally et Sfax, ne fait que le confirmer. Mais ce sentiment concerne aussi les agents de l'Etat, qui se sentent abandonnés car ils n'ont pas les moyens suffisants pour répondre aux demandes, voire parfois à la détresse, de nos compatriotes à l'étranger. J'ai pu mesurer tout le dévouement de ces agents qui essayent de faire face à la demande. J'ai pu mesurer la déception, souvent légitime, de nos compatriotes, quand un agent consulaire doit expliquer que telle ou telle mission de service public n'est plus remplie, faute de moyens humains, que telle aide est limitée, faute de moyens budgétaires. J'ai pu mesurer cette déception et cette frustration, qui se muent souvent en colère.
En disant cela, je ne jette la pierre à personne, mais il faut dire la vérité à nos compatriotes. Savez-vous que le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, en charge d'assurer le service public au profit des Français de l'étranger, a perdu la moitié de ses effectifs au cours des 30 dernières années ? Savez-vous que moins de 2000 personnes sont en charge d'assurer le service public au bénéfice des près de 3 millions de Français de l'Etranger ? J'entends par là l'ensemble des effectifs qui font tourner nos 207 consulats généraux et sections consulaires dans le monde, ainsi que ceux qui assurent le travail consulaire en France, notamment à Nantes où est centralisé l'ensemble de l'Etat civil des Français de l'étranger ou nés à l'étranger. A titre de comparaison, les effectifs d'une mairie comme Toulouse sont de près de 18 000 personnes !

Soit, mais avez-vous conscience que ne serait-ce qu'avoir la France au téléphone, en appelant le consulat, c'est par les touches de son téléphone qu'on dialogue, et on finit par devoir prendre un rendez-vous par internet, pour aller non pas chez soi, mais être reçu souvent comme un chien dans un jeu de quilles. Voici le mail qu'on reçoit pour un RDV. Pas un mot de bienvenue, pas une amabilité, uniquement tous les cas où le RDV sera annulé. Notamment une rigueur dans le respect de l'horaire qui contraint à des attentes pendant des heures sous un soleil de plomb, parce que les horaires ne sont jamais respectés. Le seul lien qui reste avec la France pour un Français à l'étranger, c'est son rapport au Consulat. Comment comptez-vous améliorer ce lien ?
Vous avez raison de dire que le principal lien – voir le seul lien - avec la France pour un Français de l'étranger, c'est son consulat. Aller au consulat de France à Tunis avec ma mère, c'était pour moi en quelque sorte aller en France.
Mais posons-nous la question : pourquoi un Consulat ne vous répond pas au téléphone ? La réponse est simple : la personne derrière le téléphone n'existe plus ! Son poste a été supprimé. Pourquoi recevez-vous un courriel générique et impersonnel comme celui dont vous parlez ? Parce que les consulats n'ont pas les moyens d'avoir une personne exclusivement dédiée à répondre aux courriels.
Ce défi du lien humain est pour moi le plus important à relever, pour améliorer et aider nos agents à rendre encore un meilleur service.
Notre réseau consulaire a subi des réductions d'effectifs et de budget drastiques tout au long des 30 dernières années. Comment justifier que les budgets sociaux dédiés aux 3 millions de Français qui résident à l'étranger soient seulement de 15 millions d'euros par an, soit 5 euros par an et par Français de l'étranger ? Il faut que les parlementaires, qui votent le budget et les effectifs dédiés au service des Français de l'étranger, prennent conscience que leurs décisions ont des conséquences directes sur la qualité du service public rendu aux Français de l'étranger.
Le rôle d'un député des Français de l'étranger est d'être proche des personnes de sa circonscription, de signaler les problèmes à l'administration, mais aussi de prendre ses responsabilités face au gouvernement. C'est-à-dire de faire voter des budgets pour corriger les lacunes qu'il constate chaque jour sur le terrain. Il est temps que les Français de l'étranger élisent des députés qui les défendent mieux !

Vous nous parlez donc de votre rôle législatif. Que comptez-vous proposer concrètement pour améliorer le sort des Français dans votre circonscription ?
Je proposerai que les budgets sociaux, y compris les bourses scolaires, dédiés aux Français de l'étranger soient augmentés drastiquement pour correspondre à ceux d'un département moyen, soit près de 450 millions d'euros par an. Je proposerai que le nombre d'emplois dédiés aux Français de l'étranger soit lui aussi rehaussé pour atteindre celui d'une mairie de taille moyenne comme celle du Havre, soit 3000 personnes contre 2000 actuellement. Je proposerai que des droits nouveaux soient ouverts pour les Français de l'étranger : droit à la connexion avec le territoire national, droit à un accompagnement digne pour les plus âgés, droit à une protection sociale équitable, droit à une éducation accessible, droit à un compte bancaire effectif.

Plus précisément, des mesures sur la santé, l'éducation, la sécurité et le lien avec la France ?
S'agissant de la santé, deux mesures me semblent essentielles. Tout d'abord, il faut redonner à la Caisse des Français de l'étranger son rôle historique. Cela veut dire une caisse fondée sur la solidarité intergénérationnelle, dont le montant des cotisations repose sur les revenus, et non le risque ou l'âge. Il n'est pas normal qu'aujourd'hui ce soit les plus âgés d'entre nous qui cotisent le plus. Il n'est pas normal qu'aujourd'hui les personnes les plus démunies doivent payer 201 euros par trimestre pour être couvertes. Comment demander 201 euros de cotisations à une personne démunie dans un pays comme la Tunisie ou le salaire moyen est de 250 euros ? Pour y parvenir, la participation de l'Etat au financement de la Caisse des Français de l'étranger doit être elle aussi digne. Elle est aujourd'hui de 380 000 euros en moyenne par an. Soit 13 centimes d'euros par an et par Français résident à l'étranger !
Seconde mesure essentielle : il faut supprimer le délai de carence pour les Français de l'étranger qui viennent se faire soigner en France. Affirmer que cela va créer un appel d'air est une insulte pour les Français de l'étranger. Comment croire que les Français de l'étranger vont se rendre en France au moindre rhume ? Comment accepter qu'un Français non affilié à la CFE ne puisse pas accéder immédiatement à des soins dans son propre pays s'il a une maladie grave ?
En matière d'éducation, là aussi le chantier législatif est vaste. Mon modèle, c'est celui que j'ai connu à la Marsa, c'est l'école de la République, fait de mixité sociale dans les écoles et porté par des personnels titulaires du ministère de l'Education nationale mis à disposition. C'est là la mission qui doit être conférée aux établissements en gestion directe qui constituent le noyau dur de notre réseau à l'étranger, en particulier dans la neuvième circonscription. Cela passe par un plafonnement des frais de scolarité et la prise en charge des personnels titulaires. Cela ne passe pas par la hausse des cotisations des personnels détachés, comme vient de la faire le gouvernement de Monsieur Macron la semaine dernière. Cette mesure est proprement scandaleuse. Non seulement elle décourage le recours aux titulaires mais de plus aura pour seule conséquence que la hausse des frais de scolarité ! Il faut mettre un terme à cette logique et proposer une vision plus ambitieuse pour nos enfants !
Si on veut qu'aucun élève français ne reste en dehors du réseau éducatif français pour des raisons financières alors il faut assumer la gratuité de la scolarité pour les élèves issus de milieux modestes ou sujets à des vulnérabilités particulières. Au-delà, une politique de bourses plus ambitieuse devra nous permettre de nous assurer qu'aucun ménage ne consacre plus de 20% de ses revenus à la scolarisation de ses enfants et ce, quel que soit son niveau de revenu.
Je suis atterré par les reculs des dernières années : comment en est-on arrivé à annoncer la fermeture de l'internat de la Marsa ? Sans un outil comme celui-ci, l'enfant que j'étais, issu d'un milieu modeste, loin des grandes villes, n'aurait pas pu poursuivre ses études à l'école française ! Il est temps à mon sens de retrouver l'ambition républicaine que nous avions en matière d'éducation.
Enfin, s'agissant du lien à la France, je suis stupéfait du peu de réflexion dans ce domaine. Député, je proposerai que soit instauré un droit à la connexion pour les familles les plus modestes. Comment un enfant français peut-il grandir à l'étranger, sans jamais pouvoir aller en France faute de moyens ? Je proposerai donc que les familles françaises vulnérables, que nous connaissons grâce au système de bourses scolaires, puissent aussi avoir accès à des billets d'avion à tarif négocié qui leur permettent de se rendre en France selon une périodicité à décider ensemble.
C'est une idée simple, mais essentielle à mon sens. L'attachement à la France se construit. Il se construit par des droits, il se construit par un accès à un service public digne, il se construit par un accès à une école émancipatrice, il se construit par une connexion au territoire national. Sans cela, la République n'est qu'un mot creux.

Autre point, spécificité des binationaux cette fois. Ils sont confrontés régulièrement aux visas pour leurs parents, pour leurs frères ou sœurs parfois, des cousins, des oncles, des tantes. Une Franco-tunisienne qui accouche en France a de plus en plus de mal à obtenir un visa pour ses parents. Les exemples sont multiples. Le visa est un sujet pour les binationaux, comment appréhendez-vous ce sujet ? Ne pensez-vous pas que les ascendants et collatéraux des binationaux devraient bénéficier de l'automaticité du visa ? Que proposez-vous comme politique de visas ?
Le visa est un droit pour les conjoints dès lors que le mariage est reconnu par les autorités françaises, et ce droit doit effectivement être mis en œuvre sans aucune entrave, voire même être élargi aux partenaires liés par un pacte d'union civile. S'agissant des ascendants, le visa devrait également être de droit dès lors que le descendant peut les accueillir dignement, je suis d'accord et je le proposerai.
De façon générale, il faut arrêter avec l'obsession du risque migratoire, même s'il faut prendre les mobilités, forcées ou choisies, avec le plus grand sérieux. Est-il normal qu'un jeune qui a passé 15 ans de sa vie dans une école française se voit refuser l'accès au territoire français pour poursuivre ses études universitaires ? Quel est l'intérêt de la France de priver un diplômé d'une université française de la possibilité de maintenir son lien avec la France ? Est-il normal que le regroupement familial, qui répond à un principe général du droit à valeur constitutionnelle, le droit à une vie familiale, relève encore du parcours du combattant ? Toutes ces questions renvoient finalement à une question fondamentale : quelle politique de rayonnement et d'influence voulons-nous encore pour notre pays ?
Si je suis élu, je proposerai que tous les élèves ayant passé au moins 3 ans dans une école française et y ayant obtenu le baccalauréat, se voient accorder le droit d'aller poursuivre leurs études en France. Je demanderai que toute personne titulaire d'un diplôme reconnu de l'enseignement supérieur français du niveau Master puisse bénéficier de visas de circulation tout au long de sa vie d'adulte.

Vous faites partie de l'union de la gauche avant même que cette union n'a été consacrée par l'accord dit NUPES. Vous vous sentez plus Mélenchon, PS, ou Vert ?
Je me sens de gauche, et surtout fier de l'être. Fier de donner l'occasion aux électeurs de la 9ème circonscription de participer à ce moment d'histoire, à cette dynamique nouvelle. Rendez-vous compte ! Pour la première fois de notre histoire, tous les partis de gauche sont unis dès le premier tour des législatives. Une union forte et solide autour d'un programme commun fait de plus de 600 propositions communes, chiffrées, qui permettront à notre pays de prendre le chemin de la bifurcation écologique tant attendue et aux Français d'espérer une plus grande justice sociale !

Vous avez appelé à faire barrage au Rassemblement national au second tour de l'élection présidentielle en votant pour Macron, là où une partie de l'électorat de Mélenchon s'est au mieux abstenue, et au pire a voté Marine Le Pen. Comment allez-vous réconcilier ceux qui renvoient dos à dos l'extrême droite avec celui qu'ils accusent à tort ou à raison d'être un libéral effréné, et ceux pour qui l'extrême droite est une ligne rouge que rien ne peut justifier de franchir ?
Le combat contre l'extrême droite est le combat qui m'a fait entrer concrètement en politique. En 2002, nous avions fondé avec Selim Ben Abdesselem une association, France Fraternité, au lendemain du deuxième tour de l'élection présidentielle qui avait vu l'extrême droite atteindre le deuxième tour pour la première fois de l'histoire de la Vème République. Ce combat continue et continuera de m'animer.

L'union de la Gauche est sur un axe très à gauche, un peu loin des centristes, dont certains se retrouvent plus chez Macron, tel que Valls, Ferrand ou encore Gérard Collomb. Qu'est ce qui a fait que votre choix se soit porté sur l'union de la Gauche là où beaucoup de centristes hésitent encore, quand ils n'ont pas encore rejoint Macron.
Si pour vous quelqu'un qui défile avec la droite et l'extrême droite dans les rues de Barcelone est au centre, je comprends que vous puissiez considérer que la NUPES est « très » à gauche (rires !).
Plus sérieusement, je pense qu'au-delà des lectures médiatiques, forcément réductrices, nous sommes aujourd'hui face à deux choix de société, notamment pour les Français de l'étranger. Là où le pouvoir actuel, car vous aurez remarqué que le nouveau gouvernement ressemble à s'y méprendre à l'ancien, a continué le démantèlement des services publics de proximité, nous proposons au contraire de les défendre et de les renforcer. Là où l'ancienne majorité propose encore plus de dématérialisation du lien avec l'administration, ce qu'a dénoncé le Défenseur des droits dans un rapport ce mois-ci, nous proposons de restaurer le lien humain. Là où l'ancienne majorité propose de réduire encore plus les bourses scolaires, avec 10 millions d'euros de moins cette année, nous proposons l'exonération pour les Français vulnérables et la fin de l'exclusion du système scolaire français pour des raisons financières. Là où l'ancienne majorité propose une marche vers la privatisation de la protection sociale et le désengagement de l'Etat, nous proposons une protection sociale plus juste et solidaire à l'égard de nos seniors et des vulnérables. Donc voilà. Les électeurs ont le choix entre deux projets de société clairs pour les Français établis à l'étranger. D'un côté, la continuité dans l'indignité et l'abandon progressif de notre système social ; de l'autre, notre projet, qui assume la rupture, pour un gouvernement d'équité et de justice sociale.


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