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Est fou celui qui attaque l'UGTT
Publié dans Business News le 10 - 06 - 2022

La puissante centrale syndicale UGTT (Union générale tunisienne du travail) est sous le feu des proches du président de la République, ces dernières semaines. Ça a pris une nouvelle tournure hier, jeudi 9 juin, lors de deux conférences de presse concomitantes.

La première a été organisée par un groupuscule inconnu se nommant : « Mouvement du 25-Juillet » et s'autoproclamant « défenseur de la souveraineté du peuple ». Ce groupe soutient le régime de Kaïs Saïed et s'apparente clairement à un parti, même s'il s'en défend.
Lors de la conférence de presse, Ahmed Rakrouki (qui n'a pas précisé son poste dans ce mouvement) a déclaré que le secrétaire général de l'UGTT est « dépourvu de toute légitimité après le jugement de première instance en sa défaveur ».
Son appel à la grève générale du secteur public, le 16 juin, est donc nul et non avenu selon la loi, d'après lui. Il estime que l'UGTT a dévié de son chemin, a failli à sa mission et utilise ses affiliés comme chair à canon.
Dans le même sillage, quelques jours auparavant, le constitutionnaliste Rabeh Khraïfi, un des plus grands propagandistes de Kaïs Saïed, invite le président à « limer les ongles » de l'UGTT et ce en cessant le versement des cotisations que l'Etat prélève sur les salaires des fonctionnaires, en exigeant le règlement d'une dette au profit de la CNSS, en mettant fin aux mises à disposition des fonctionnaires et en frappant de nullité toutes les décisions du dernier congrès de l'UGTT.
Ce même discours guerrier est repris en chœur par les défenseurs de Kaïs Saïed depuis plusieurs jours.

La seconde conférence de presse du jeudi 9 juin a été organisée par les magistrats en grève depuis lundi dernier. Le président de l'Association des magistrats tunisiens, Anas Hmaïdi, a accusé la ministre de la Justice de s'ingérer dans l'affaire du congrès de l'UGTT et d'essayer d'influencer le cours de la justice.
« La ministre a appelé la première présidente de la Cour d'appel afin de lui demander d'attribuer l'affaire à une chambre précise... La première présidente de la Cour d'appel a refusé cette ingérence (…) elle a été révoquée juste après », a indiqué le magistrat.
Au vu des témoignages et des déclarations hostiles des uns et des autres et au vu de la campagne anti-UGTT observée sur les réseaux sociaux par les caciques du régime, il est clair que la centrale syndicale est dans le viseur du président de la République.
« Nous sommes dans la ligne de mire du pouvoir », a confirmé Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'UGTT, jeudi 9 juin.

La raison ? Elle est connue par tout le monde. La centrale syndicale a refusé d'être un faire-valoir du projet de Kaïs Saïed de pondre une constitution à sa guise et de valider le programme économique qu'a envoyé le gouvernement au FMI. Un programme établi en solo sans concertation aucune ni avec l'UGTT, ni les partis, ni la société civile.
Depuis son putsch du 25 juillet, le président Kaïs Saïed s'est accaparé les pleins pouvoirs et veut diriger la Tunisie à sa guise, selon son bon vouloir. Il exige que l'ensemble des corps de l'Etat et des corps intermédiaires y adhèrent, sous peine de sanctions.
C'est le sort réservé à l'Instance de lutte contre la corruption, à plusieurs hauts cadres de l'Etat et au conseil supérieur de la magistrature. Cette politique oppressive n'ayant pas donné tous les résultats escomptés, le président a révoqué la semaine dernière 57 magistrats en les accablant de différentes accusations infâmantes. Il se trouve qu'une partie de ces 57 magistrats a juste refusé d'enfreindre la loi et de servir le président dans ses objectifs politiques.
Le traitement est cependant différent avec les organisations professionnelles qui ne sont pas sous sa hiérarchie.
Peu importe, Kaïs Saïed a joué de l'intimidation et ça a marché avec la centrale patronale Utica qui s'est aplatie devant lui.
Avec l'Union des agriculteurs, Utap, et au vu de la résistance de son président, l'islamiste Abdelmajid Ezzar, le président a misé sur la traîtrise de son entourage. Un véritable putsch a été réalisé en son sein et Noureddine Ben Ayed s'est autoproclamé président. Avec la bénédiction du palais qui l'a rapidement invité au simulacre du dialogue national dont la finalité est de pondre, en quelques jours, une nouvelle constitution pour une nouvelle République.
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Avec les avocats, il a fait miroiter une carotte à son bâtonnier et ça a également marché. Brahim Bouderbala figure au premier plan du dialogue et parmi les personnalités préférées du président. Peu importe s'il a tourné le dos à des décennies de militantisme du corps des avocats.
Idem pour l'Union nationale des femmes tunisiennes et sa présidente Radhia Jerbi.

La seule organisation nationale à résister à l'hégémonie de Kaïs Saïed, c'est l'UGTT. Elle est restée fidèle à ses traditions ancestrales de résistance au pouvoir despotique, dès lors que ce dernier cherche des intérêts personnels au détriment du pays.
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Dans un premier temps, l'UGTT a bien cautionné le putsch du 25-Juillet, qui a chassé les islamistes du pouvoir. Il était alors question de sauver le pays et de mettre en place un programme pour corriger la trajectoire de la démocratie.
Or, au fil des mois, il s'est avéré que Kaïs Saïed ne cherche qu'à asseoir son pouvoir personnel et décide tout seul, sans concertation aucune avec les forces vives du pays. Le président ne reconnait ni les médias, ni les partis, ni les organisations nationales, il ne parle qu'aux béni-oui-oui.
Face à cette fuite en avant du président, l'UGTT a fini par dire non et a annoncé son refus de participer au dialogue national. Hors de question d'être complice dans ce mensonge de rédaction d'une nouvelle constitution. C'est un secret de Polichinelle que de dire que la constitution a déjà été rédigée par le président et que ce dialogue national est juste fait pour amuser la galerie et tromper les observateurs internationaux.
Ce refus a été mal accepté par le pouvoir qui a cherché, dès lors, à casser l'insolent secrétaire général Noureddine Taboubi.
Pour cela, il a tenté l'annulation du dernier congrès controversé de l'UGTT. Tentative échouée après le refus de la magistrate chargée du dossier. Il fait miroiter maintenant cette question de versement des cotisations des fonctionnaires et de la dette de la CNSS. Dette effacée sous la présidence de Mehdi Jomâa en 2014, soit dit en passant.
Kaïs Saïed, et ses militants, estiment à terme pouvoir gagner le bras de fer.

Il ne faut cependant jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Plusieurs s'y sont essayés auparavant et ils se sont cassé les dents. Kaïs Saïed n'a pas 1% de Margareth Thatcher pour pouvoir vaincre la puissante centrale syndicale. Les présidents Habib Bourguiba et Zine El Abidine Ben Ali en savent quelque chose. L'ex puissance coloniale s'est également essayée, allant jusqu'à l'assassinat du leader Farhat Hached, sans pouvoir mettre à genou l'UGTT.
Bon à rappeler, le 14-Janvier n'aurait jamais eu lieu sans l'appui de l'UGTT.
Le président défunt Béji Caïd Essebsi a bien retenu les leçons de l'Histoire et s'est toujours débrouillé pour avoir l'UGTT à ses côtés. « Est fou celui qui attaque l'UGTT », nous a-t-il déclaré un jour en réunion informelle avec les journalistes.
Ce que Kaïs Saïed et ses aficionados ignorent, c'est la capacité de nuisance de la centrale syndicale.
Si le pouvoir veut lui assécher ses ressources, avec cette question de retenue des cotisations, l'UGTT a le pouvoir de faire bloquer le pays en moins de 48 heures et d'assécher ses sources de revenus.
Si elle a décrété une grève d'un jour de la fonction publique, afin de réclamer des augmentations de salaire, elle a le pouvoir de prolonger à l'infini cette grève. Ce ne sont pas les fonctionnaires qui vont dire non. Rien que la grève du transport est capable de bloquer le pays.
Sans aller à ces solutions extrêmes, qui peuvent nuire aux intérêts de la population, il lui suffit de demander aux fonctionnaires des impôts d'observer une grève, pour que l'Etat ne trouve plus de quoi payer ses charges.
Elle a également la possibilité d'utiliser ses amis à l'Utica qui s'opposent à la politique d'avilissement et de l'autruche observée par son bureau exécutif. Si l'Etat refuse d'opérer les retenues sur salaire au profit de l'UGTT, l'Utica peut également refuser d'opérer les retenues sur salaires au profit de l'Etat, puisque ce sont les patrons qui paient les impôts sur le revenu de leurs employés. Que l'UGTT aille chercher toute seule ses cotisations et que l'Etat aille chercher tout seul ses impôts.

Le fait est que l'UGTT a plusieurs cordes à son arc et est prête à affronter le régime de Kaïs Saïed.
Si Kaïs Saïed veut la guerre, l'UGTT a les moyens humains et matériels de la mener.
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Or ni Noureddine Taboubi, ni l'UGTT ne veulent la guerre. Ils n'ont de cesse de dire, depuis le 25 juillet, qu'ils ne cherchent qu'à être associés aux décisions stratégiques pour le sauvetage du pays. L'UGTT refuse d'être un faire-valoir et de cautionner des décisions qui ne sont pas siennes.
En un mot, ce que demande l'UGTT, tout comme les partis, la société civile et les médias, c'est un dialogue avec les forces vives du pays. La Tunisie n'est pas et ne peut pas être une ferme où le président décide et les autres valident.

Raouf Ben Hédi

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