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Le non s'impose
Publié dans Business News le 11 - 07 - 2022

La campagne référendaire bat son plein et le « oui » semble s'imposer. On le voit partout, sur les réseaux sociaux, en affichage urbain, dans les médias...
Qui finance cette campagne du « oui » ? Nul ne le sait.
Peut-on parler d'argent sale ? Ce serait blasphématoire.
Comment se fait-il que le président et la présidence appellent à voter « oui » ? On n'en est plus à une violation près de la loi et de la morale.
Que fait l'Isie ? Inutile de l'évoquer, ses membres sont nommés par le président et ils lui sont redevables. Leur indépendance par rapport au pouvoir est identique à celle d'une prostituée face à son proxénète.
La loi interdit l'élaboration et la publication de tout sondage d'opinion. Une loi idiote qui n'existe que dans les pays sous-développés. Dans les démocraties qui se respectent, on n'interdit pas les sondages, on n'a pas peur des chiffres, on n'a pas peur des opinions qui s'expriment librement. Kaïs Saïed a modifié les lois et la constitution, mais il s'est abstenu de toucher au code électoral.

Le référendum du 25 juillet 2022 est mal parti. Les Tunisiens doivent se prononcer sur un texte élaboré par le président tout seul. Oui, vous avez bien lu, élaboré par le président tout seul.
Rien que pour ça, ils devraient dire « non ». Il est inimaginable d'accepter un texte auquel on n'a pas participé.
Dans un premier temps, il a nommé une commission consultative pour l'aider à la rédaction de cette constitution, mais l'œuvre (si on peut appeler leur travail une œuvre) a été jetée à la poubelle.
Comment se sentent les constitutionnalistes Sadok Belaïd et Amine Mahfoudh, principaux membres de cette commission ? Ne se sentent-ils pas un peu cocus par hasard ? Bien fait, il n'y a aucune empathie à avoir pour ce genre d'opportunistes.
Kaïs Saïed les a jetés comme des Kleenex et ils ne sont ni les premiers, ni les derniers. Il a fait pareil avec la majorité des membres de sa campagne électorale qui l'ont aidé à se faire élire à la présidence et il a fait pareil avec ses conseillers au palais, jusqu'à sa cheffe de cabinet.
Kaïs Saïed n'est pas digne de confiance, il trompe ses fidèles et rien que pour cela, on devrait lui dire « non ».
A cela, s'ajoute l'instabilité et le déni de Kaïs Saïed. Il dit la chose et son contraire en peu de temps. Il fait des choix et se rétracte comme il change de chemise.
C'est bien lui qui a nommé Elyes Fakhfakh et Hichem Mechichi et les a ensuite poussés à la porte.
C'est bien lui qui a dit le 28 mars qu'il ne peut pas dissoudre l'assemblée, puis l'a dissoute le 30 mars.
C'est bien lui qui a pondu une constitution le 30 juin, puis l'a modifiée le 8 juillet avec 46 rectifications à la clé en plus du préambule.
C'est bien lui qui considère la consultation nationale comme étant un franc succès, alors qu'il n'y a eu que 535.000 participants sur les neuf millions de participants potentiels. Et encore, le chiffre de 535.000 est remis en doute, en réalité, ils ne seraient que 135.000 à y avoir participé.
C'est bien lui qui a juré de respecter la constitution à la lettre avant de s'asseoir dessus ensuite.
C'est bien lui qui a imposé la prison et l'assignation à résidence à des dizaines de personnalités politiques avant de les libérer sans explication aucune.
C'est bien lui qui s'est accaparé les pleins pouvoirs depuis près d'un an sans apporter de solution tangible pour améliorer le quotidien des Tunisiens.
« Le pouvoir absolu, c'est comme une drogue, difficile de décrocher », a écrit à son propos le Canard Enchaîné dans son dernier numéro.
Comment peut-on faire confiance à une personne si instable, si indécise, si égocentrique, si limitée ? Rien que pour cela, on devrait dire « non » à son projet.

Oublions le personnage et regardons son œuvre, ce texte de la constitution qui va engager le pays et ses générations futures.
La nouvelle constitution parle de umma islamique et de umma arabe. Elle jette à la poubelle les dimensions africaine et méditerranéenne des Tunisiens qui, pourtant, composent son ADN.
Un Tunisien, ça ressemble mille fois plus à un Italien, un Maltais, un Corse ou un Marseillais qu'à un Saoudien, Yéménite, Afghan ou Indonésien.
Les Tunisiens ont été envahis et colonisés par les arabes et les musulmans qui ont imposé, souvent par la violence et le sang, leur langue, leur religion et leur culture. Ils se sont mêlés aux habitants de ce pays au point que l'on ne sait plus qui est arabe et qui ne l'est pas. Quant à la religion, c'est une question de foi personnelle et l'Etat n'a pas à s'immiscer dans les cœurs des gens. Toujours est-il que la constitution des Tunisiens ne peut pas réduire les Tunisiens à cette arabité et à cette islamité. Rien que pour cela, on devrait rejeter cette constitution.
De cet article 5 découlent plusieurs lectures dont celle de la restriction des droits, notamment ceux des minorités et des femmes.
Puisque cet article mentionne que l'Etat travaille à la réalisation des objectifs de l'islam (entendez par là la chariâa), qu'est-ce qui empêche demain d'autoriser la polygamie, de frapper les femmes, de couper la main aux voleurs, de lapider les adultères, d'interdire l'alcool ou l'avortement, d'exécuter les peines capitales en place publique et d'appliquer différentes autres lois « sympathiques » de l'islam.
Rien que pour cette afghanisation de la Tunisie, dans cet article 5, il y a lieu de dire « non » à la constitution.
Mais il n'y pas que cela. La nouvelle constitution offre un pouvoir hégémonique et totalitaire au président de la République. C'est ça qu'on veut vraiment ? N'a-t-on pas tiré les leçons de l'Histoire ? A-t-on oublié l'hégémonie de Bourguiba et de Ben Ali ? A-t-on oublié où a mené l'hégémonie à Cuba, au Nicaragua, en Chine et dans des dizaines de pays africains et asiatiques ? Et si demain le peuple (si intelligent) élit Safi Saïd, Rached Ghannouchi ou Moncef Marzouki, on ferait quoi ? Rien que pour cela, on devrait dire « non » à la constitution.
Des objections à cette constitution, il y en a plein. Ikhlas Latif a bien abordé le sujet dans sa chronique hebdomadaire.
Cette constitution est pleine de mines, pleine de contradictions, pleine d'aberrations. S'il faut retenir un seul couac, ne serait-ce qu'un seul, ce serait l'atteinte faite au pouvoir judiciaire.
Sans justice, il n'y a point de salut. Or la nouvelle constitution met à mal l'appareil judiciaire. Elle le considère désormais comme une fonction et non plus comme un pouvoir. Elle interdit aux magistrats de se syndiquer et leur retire le droit à la grève. Une constitution qui ne garantit pas l'indépendance de la justice, c'est non et mille fois non. C'est une somalisation de la Tunisie garantie. Il n'y a aucun doute à avoir là-dessus.

Le « Non » est-il audible dans cette campagne ? Hélas, non, les Tunisiens se croient plus intelligents que d'écouter les arguments contraires à leurs convictions profondes. Ils se croient capables d'inventer un nouveau modèle qui n'existe nulle part ailleurs. Ils se croient plus intelligents que la planète entière et sont prêts à suivre aveuglément un président mu par une mission messianique. Ils sont incapables de retenir les leçons de l'Histoire (y compris récente) et celles des autres peuples (y compris contemporaines).
Le « non » l'emportera-t-il ? Le doute est permis, au vu de la mobilisation du camp du « oui » et des appels au boycott du référendum. La plus grosse bêtise qui soit est de laisser le promoteur du projet seul dans l'arène sous prétexte que les dés sont pipés. Une chose est certaine, et à moins d'un bourrage non exclu des urnes, le taux de participation sera des plus faibles.


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