« Les propos de l'ambassadeur désigné en Tunisie, Joey R. Hood, sont inacceptables. ils ont outrepassé la limite cette fois-ci ! Nous sommes habitués à l'ingérence américaine dans nos affaires internes mais jamais ça n'a été fait avec ce ton et cette manière » a déclaré L'avocat et vice-président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH), Bassem Trifi, sur Express FM, ce lundi 1 août 2022. Lors de l'interview, l'avocat a été très critique envers la politique de marchandage (ou du bâton et de la carotte) menée par les Etats-Unis avec certains pays en difficulté et a tenu à souligner que la démocratie, n'est ni un concept qui s'exporte, ni une pièce de prêt-à-porter. « On ne peut imposer sa démocratie aux autres et chaque pays a ses spécificités » a souligné M. Trifi. « A cause de cette prise de position, j'ai été lynché électroniquement sur les réseaux sociaux. Sur des pages qui n'hésitent pas à répandre de fausses informations et parfois même des menaces » a révélé le vice-président de la Ligue et d'ajouter : « Ce sont des pages qui défendent certains partis…». « Beaucoup accusent les associations telles que la LTDH, d'avoir des liens financiers avec l'étranger. Sur ce point je veux que tout le monde sache que jamais nous n'avons eu de contact direct avec l'Etat américain et ni avec des associations américaines d'ailleurs » a en outre révélé Bassem Trifi, avant de revenir sur le sujet de la politique extérieure étasunienne. « Tout le monde sait que l'objectif est de nous pousser, avec des moyens de pression, vers une normalisation avec l'entité sioniste » a-t-il assuré. Evoquant la marche du 22 juillet 2022, à laquelle beaucoup d'opposants à la politique menée par le chef de l'Etat, ont participé et lors de laquelle il y a eu des accrochages et des arrestations, l'avocat a révélé que « le ministère de l'Intérieur a prélevé de l'ADN sur les manifestants arrêtés lors de la marche, ce jour-là. Sans ordre du parquet, sans demander la permission des citoyens arrêtés et donc en toute illégalité. Nous voulons savoir pourquoi le MI prélève de l'ADN de citoyens qui n'ont commis aucun méfait, ni crime. C'est une violation de l'intégrité corporelle ! Tout comme les prélèvements urinaires ou encore les tests anaux que la Tunisie ne fait plus depuis sa promesse sur le sujet à l'ONU (Organisation des Nations-Unies) ». « La police avait des consignes de m'attaquer ainsi que d'autres tels que le président du SNJT, Mehdi Jelassi, ou encore Hamma Hammami. Les agents nous ont attaqué prétextant un accrochage avec des jeunes qui ont fait bouger une barrière de police. Il n'y a aucun crime à vouloir déplacer une barrière devant une police surarmée et gonflée à bloc ! Il s'agit ici d'une violation du droit à la manifestation. Aujourd'hui, ils veulent délimiter notre zone de manifestation, sur quelques 400 mètres de l'avenue Habib Bourguiba. Mais personne n'a le droit de limiter le droit de manifester ». Après avoir narré ces faits, le vice-président de la LTDH a dit soutenir les juges qui font grève parce qu'ils ont été démis sans procès. « Ce n'est pas de la sorte qu'on réforme la justice. Je pense que cette décision du président est contre-productive. J'espère que le tribunal administratif annulera cette décision. Il n'est pas normal que des juges qui n'ont rien fait soient démis de la sorte. Car plus de 50% de la liste sont des juges qui n'ont rien fait. Ce sont des victimes des syndicats policiers. Ces derniers ont participé à la rédaction de la liste. Beaucoup sont des juges insoumis aux forces de l'ordre » a déploré l'avocat. Finalement, M. Trifi S'est adressé au président de la République en lui demandant de faire ce qu'il a dit de faire. Combattre la corruption. « Il a pris tous les pouvoirs, maintenant nous demandons un vrai changement et une sortie de crise ».