Le professeur de droit et membre de la Commission nationale consultative pour une nouvelle République, Amine Mahfoudh, a considéré que la dégradation de la situation économique du pays résultait de l'échec de la transition démocratique depuis la Révolution du 14 janvier 2011. Sans le citer, Amine Mahfoudh a sous-entendu que Kaïs Saïed était incapable de gouverner le pays et de trouver une solution à la crise économique et sociale. Invité le 9 novembre 2022 de l'émission "Expresso" animée par Manel Gharbi et diffusée sur les ondes de la radio Express FM, Amine Mahfoudh a estimé que n'importe quelle révolution donnait lieu à des conflits entre les citoyens et à des idées divergentes autour de la lutte des classes ou du lien entre l'Etat et la religion. Il a estimé que les partis politiques étaient les structures idéales pour débattre de ces divergences. Il n'est pas possible, selon lui, de mettre fin à l'existence des partis ou à leur rôle. « Je m'oppose à l'islam politique, car cette idéologie s'oppose à la démocratie... La personne à la tête du pays doit être un souverain légitime. C'est à nous de l'élire... Il y a eu des cas d'exclusion des partis ne croyant pas en la démocratie. Pas de liberté pour les ennemis de la liberté tel que pour les communistes aux Etats-Unis d'Amérique... L'exemple que j'apprécie le plus est celui de la France, de l'Italie et de l'Espagne. On avait permis à ces partis d'exister et au final, ils ont fini par disparaître... Le projet de la nouvelle constitution du 20 juin 2022 avait garanti un espace de séparation entre l'Etat et la religion... La constitution de 2014 était défaillante... Nous avions proposé une constitution mettant en place un système démocratique... Il y a eu une déviation et la publication d'une constitution sans aucun rapport avec la démocratie... Elle a mis en place une dictature », a-t-il poursuivi. Amine Mahfoudh a expliqué que Abir Moussi, présidente du Parti Destourien Libre, Fadhel Abdelkefi, président de Afek Tounes ainsi que plusieurs autres entités et composantes de la société civile avaient appelé à soutenir le projet de la constitution élaboré par la commission. Le professeur de droit a considéré que Kaïs Saïed était plus dangereux que certains partis. Il a expliqué que son dernier livre comportait une étude et une analyse de la constitution et d'autres décrets ayant permis au président de la République de mettre en place une dictature. Il a considéré que le mandat de Kaïs Saïed avait pris fin à la suite de la substitution de la constitution de 2014 par celle de 2022. Il a estimé que seul un dictateur ou un roi n'acceptait pas des élections. « Le projet de constitution de la commission permet d'unir les personnes défendant la démocratie... La Tunisie doit faire partie des pays démocrates... Malheureusement, notre histoire ne le permet pas... Nous pouvons revoir ce texte et y ajouter certains éléments... Nous ne pouvons pas avoir de divergences autour des droits et des libertés... Ceci peut avoir lieu dans le cadre du militantisme politique... Nous allons regrouper les partis, les personnages publics et les composantes de la société civile croyant en cette idée... La légitimité de la nouvelle constitution est faible... Le manque de candidats démontre la réticence des Tunisiens », a-t-il déclaré. Amine Mahfoudh a critiqué l'exclusion des binationaux et des juifs tunisiens à travers les dispositions du décret portant révision de la loi électorale. Il a assuré que ceci était contraire aux standards internationaux. Il a, également, évoqué le blocage du mouvement dans le corps des magistrats. Il a estimé que Kaïs Saïed cherchait à contrôler ce corps de métier afin de le soumettre à sa volonté. Il a, par la suite, critiqué l'absence d'une cour constitutionnelle et a déduit que ceci lui rendait service en raison des interrogations sur la constitutionnalité des décrets promulgués.