En l'absence d'un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) et d'investissements rentables, le gouvernement de Najla Bouden s'emploie par tous les moyens à mobiliser des fonds pour renflouer les caisses vides de l'Etat. Sans surprise, c'est dans les poches des entrepreneurs, que l'équipe de la Kasbah, est allée chercher l'argent qui lui manque pour colmater une des larges fissures dans le budget de l'Etat, et c'est le segment des boissons – alcoolisées, entre autres – qui a été pénalisé, encore une fois. En 2022, le gouvernement a revu à la hausse les droits annuels de ventes d'alcool. Cette mesure n'étant pas suffisante, pour 2023, le gouvernement Bouden a décidé de quintupler ses impôts du secteur des boissons et les percevoir en avance, alors que la gueule de bois due à la crise Covid-19 n'est toujours pas passée. « Faisons une simulation. Imaginons que l'impôt dû à l'Etat est aux alentours de 150 mille dinars par an. Avec cette mesure, ce sont 750 mille que je vais devoir régler. Au bout de deux ans ce seront 1.5 million de dinars que j'aurais avancé à l'Etat. Pensez-vous que les entreprises seraient capables d'avancer un tel montant ? Il me semble que nous ne sommes pas des pourvoyeurs de fonds et les banques ne peuvent nous avancer de l'argent pour couvrir cette avance », a déclaré le président la Chambre syndicale nationale du commerce de gros des boissons, relevant de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), Hamdi Dami, au micro de Wassim Ben Larbi, lors d'un passage téléphonique sur Express FM, mercredi 21 décembre 2022.
Expliquant la gravité de l'impact de cette mesure sur les industriels du secteur, M. Dami a indiqué que suivant le système de récupération d'impôt, les grossistes des boissons alcoolisées seraient dans l'obligation d'avancer d'énormes montants et attendre au moins sept mois de procédures administratives pour récupérer leur argent, si toutefois l'administration tunisienne entend le restituer. Cela plongera les entreprises concernées dans une situation d'endettement chronique et pourrait même les conduire à une « cessation de paiement ».
Interpellé sur le lien entre cette mesure et l'éventuelle augmentation des prix des boissons alcoolisées, M. Dami a précisé que les grossistes n'auraient d'autres choix que d'augmenter leur marge bénéficiaire pour absorber l'avance sur impôt que l'Etat souhaite percevoir. « Cela nous permettra de nous protéger et préserver la pérennité de notre activité ».
M. Dami a, dans ce sens, mis en garde contre le danger de l'évasion fiscale. Il a avancé que les professionnels pourraient, à cause de cette mesure, se tourner vers les détaillants qui ne sont pas obligés de fournir des factures. Il a, également, dénoncé le manque d'équité soulignant que le seul secteur touché par l'avance sur impôt est celui des boissons.