Le juge d'instruction près le Tribunal de première instance de Tunis, a décidé de laisser le porte-parole du comité de défense des juges révoqués, Ayachi Hammami, en liberté, après son audition qui s'est déroulée ce mardi 10 janvier 2023, selon l'avocate Inès Harrath. La séance d'audition avait débuté ce matin vers 11h, selon l'un de ses avocats, et s'est achevée à 19h avec une interruption de repos d'une demi-heure.
M. Hammami est accusé d'avoir « usé des réseaux sociaux pour répandre des rumeurs dans le but de porter atteinte à la sécurité publique, conformément au décret 54 ». Il encoure dix ans de prison. Il s'était attaqué au ministère de la Justice accusant le département de Leila Jaffel d'avoir commis un « second carnage » à l'encontre des juges révoqués par le président de la République Kaïs Saïed.
Plusieurs avocats, magistrats et personnalités publiques se sont rassemblés, ce matin, sur les marches du Tribunal de première instance de Tunis en guise de soutien à Ayachi Hammami. Les avocats et les magistrats présents aujourd'hui à la manifestation en soutien à Ayachi Hammami ont tous critiqué l'attitude de la ministre de la Justice et celle du pouvoir en place. L'avocate, Assia Haj Salem, a indiqué que la ministre cherchait à soumettre la justice à sa volonté. Elle a indiqué que des juges étaient sanctionnés pour avoir refusé les ordres de Leïla Jaffel. La ministre, selon elle, aurait limogé et traduit en justice un magistrat pour une affaire de chèques sans provision alors que son mari était coupable du même crime. L'avocate a considéré que la ministre avait une milice électronique à sa disposition. Elle a, également, appelé le président de l'Ordre national des avocats de Tunisie à soutenir les Tunisiens et à faire face à la dégradation continue du pays. « À bas la ministre de la Justice ! À bas le ministre de l'Intérieur ! À bas Kaïs Saïed ! », a-t-elle ajouté. La foule a immédiatement repris le slogan. Le président de l'Association des magistrats tunisiens (AMT), Anas Hmaidi a considéré que les poursuites visant Ayachi Hammami étaient précédées de plusieurs atteintes à la justice et à son indépendance. Il a pointé du doigt la révocation injustifiée et les dossiers montés contre plusieurs magistrats, ainsi que le refus par la ministre d'appliquer la décision du Tribunal administratif ayant donné gain de cause aux juges. Il a appelé à s'unir contre l'injustice et les atteintes continues du pouvoir en place. Il a réaffirmé son soutien inconditionnel à Ayachi Hammami. Il a appelé ses collègues à se remémorer de la fuite de l'ancien président Zine El Abidin Ben Ali suite à la Révolution du 14 janvier 2011. Il avait abandonné les magistrats ayant servi ses intérêts et œuvré pour son compte.