La vice-présidente de Afek Tounes, Rim Mahjoub a indiqué que son parti continuait à être présent sur terrain et qu'il organisait continuellement des rencontres avec les militants, mais aussi les citoyens tunisiens. Ceci inclut des rencontres ramadanesques portant sur l'actualité telle que la crise hydrique en Tunisie, a-t-elle précisé. Invitée le 13 avril 2023 à « Studio Shems » de Zina Zidi sur Shems Fm, Rim Mahjoub a évoqué des échanges avec les partis dits démocrates, notamment ceux dont les figures sont actuellement détenues dans le cadre de l'affaire de complot contre la sûreté de l'Etat. Elle a précisé qu'il n'y avait pas de lien et de proximité entre Afek Tounes et le Front de salut national en raison de l'appartenance du mouvement Ennahdha à cette structure. Pour ce qui est du PDL, Rim Mahjoub a expliqué que la présidente du parti refusait la création de lien avec d'autres entités politiques. Elle a expliqué que son attitude montrait cela contrairement à celle des leaders de Afek Tounes. « Nous considérons le mouvement Ennahdha comme responsable de la situation du pays… Nous avons des amis au sein d'autres partis… Nous restons ouverts aux partis qui nous ressemblent… Même s'il existe quelques divergences, l'essentiel des échanges repose sur les questions de principe », a-t-elle poursuivi. Rim Mahjoub a indiqué que Afek Tounes n'a pas encore pris connaissance des propositions formulées dans le cadre de l'initiative de l'UGTT, l'Onat, la LTDH et le FTDES. Elle a critiqué l'exclusion des partis politiques et a estimé que ceci diminuait considérablement ses chances de réussite, de plus que le président de la République, Kaïs Saïed, avait implicitement exprimé son refus d'y prendre part. Mme Mahjoub elle a souligné le droit de ces organisations de lancer des initiatives et d'exprimer leur opinion. « Nous n'avons entendu qu'une seule partie dans l'affaire du complot contre la sûreté de l'Etat. Il s'agit des avocats des détenus… Parfois, le président de la République se contente de lancer des phrases représentant de sérieuses accusations… Nous voudrions savoir de qui il parle ? Qui est coupable de tels crimes et qui ne l'est pas ? Nous faisons face à un cas de complotisme. Il existe cinq enquêtes judiciaires initiées pour complot contre la sûreté de l'Etat… Le premier dossier porte sur la plénière tenue à distance le 30 mars 2022… Le second dossier est lié aux manifestations de Kasserine… La troisième enquête concerne les 25 personnes accusées de complot et a été transmise à la justice militaire. Le nom du président de notre parti y a été ajouté de force… Le quatrième dossier est celui lié à la vague d'arrestations lancée le 11 février… Le cinquième dossier est celui de Taghouti et des leaders d'Ennahdha… Parallèlement, nous n'avons toujours pas d'informations au sujet d'autres affaires », a-t-elle ajouté. Rim Mahjoub a évoqué l'affaire du tunnel de La Marsa, la tentative d'empoisonnement du Président par le pain et la déclaration de l'ancien ministre de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine au sujet d'un sérieux plan d'assassinat visant Kaïs Saïed. Elle a considéré que le système en place exploitait la justice. Ce phénomène ciblait, au début, les politiciens et, maintenant, les journalistes. Elle a conclu que le pouvoir en place s'était donné pour but d'utiliser le décret n°54 pour faire taire l'opposition. Il s'agit d'un grand danger pour le pays et d'une soumission de la justice. Elle a évoqué une lenteur des enquêtes visant les soutiens du Président contre une rapidité de celles visant ses opposants. Rim Mahjoub a appelé à mettre fin à l'impunité et à appliquer la loi quelle que soit la qualité de la personne concernée. Elle a insisté sur les affirmations d'absence de preuves de complot de la part des avocats des détenus. Elle a, également, assuré qu'il n'y avait pas de preuve de la culpabilité du président de Afek Tounes, Fadhel Abdelkefi. Ce dernier est interdit de voyager. Elle a appelé le président de la République à démontrer son attachement à la liberté d'expression et d'intervenir afin de démêler le vrai du faux. « Le Président a été élu en vertu de la Constitution de 2014… Il a prêté serment conformément à la Constitution de 2014… Il aurait dû tenir une élection présidentielle après le référendum. Ceci n'a pas eu lieu… Nous sommes contre un retour en arrière… Nous sommes, également, contre le système de 2019 et la constitution et les institutions de 2022… L'alternative est le vote en faveur d'un projet social et économique lors des élections de 2024… Le président n'avait pas de projet… Les questions de la gouvernance par les bases, de la conciliation pénale et des entreprises citoyennes ont été introduites par la suite… Nous avons notre propre projet politique optant pour un régime présidentiel au sein duquel le chef de l'Etat est responsable et contrôlé, c'est-à-dire, avec un parlement doté de prérogatives législative et de contrôle… Le parlement actuel ne contrôle rien. Nous sommes contre la création d'une deuxième chambre… Le retrait de la présidence de la commission des finances à l'opposition porte atteinte à son rôle au sein de l'assemblée », a-t-elle dit. Rim Mahjoub a critiqué les divergences de points de vue entre le président de la République et le gouvernement de Najla Bouden. L'accord avec le Fonds Monétaires International (FMI) pourrait, en effet, nuire à la Tunisie. Or, l'équipe de Bouden participe aux réunions du printemps du FMI. Le gouvernement qui négocie avec cette institution le fait depuis des mois et a été nommé par Kaïs Saïed. Le chef de l'Etat a promulgué la loi de finances 2023 selon laquelle une partie du budget sera financée par le FMI. De plus, le Président s'oppose à la levée des compensations alors que ceci a été entamé au niveau des hydrocarbures. M. Mahjoub a, aussi, rappelé que toutes les promesses de financements et d'aides étaient tributaires de cet accord. Le passage par le Club de Paris, selon elle, doit se faire suite à l'approbation du FMI. Rim Mahjoub a affirmé que l'accord à lui seul n'était pas suffisant. Elle a évoqué l'importance de réinstaurer la relation de confiance avec les investisseurs et d'expliquer la situation aux Tunisiens.