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Kaïs Saïed continue à faire rêver les Tunisiens : un jour, il y aura une pluie d'argent
Publié dans Business News le 28 - 04 - 2023

Le mois d'avril touche à sa fin et la Tunisie n'a toujours pas reçu son crédit du FMI, indispensable pour boucler le budget et recourir à d'autres sources de financement. Ce n'est pas grave, rassure le président, on n'en a pas besoin, on va avoir de grosses recettes du phosphate.
Après les recettes du pétrole, les 13500 milliards de biens confisqués et de l'argent des spéculateurs, le président de la République raconte une nouvelle histoire à dormir debout. Les Tunisiens peuvent dormir sur leurs lauriers et continuer le rêve, plus dure sera la chute.

C'est récurrent depuis la révolution. Ça a commencé sous la troïka, de Moncef Marzouki et ça se poursuit sous Kaïs Saïed avec, exactement, la même rengaine : des histoires farfelues sous-entendant que les Tunisiens n'ont pas besoin de travailler puisque le pays regorge de ressources.
Après 2011, l'histoire qui a occupé très longtemps le devant de la scène, c'est celle des biens spoliés par le clan Ben Ali. Dans un rapport truffé de contrevérités et d'approximations, Abdelfattah Amor a estimé cette « fortune » en plusieurs milliards de dinars. Partant de là, Marzouki and co répétaient midi et soir que l'on est en train de tout faire pour récupérer cet argent spolié que les étrangers refusent de remettre. Les quelques médias qui ont relevé la supercherie et la complexité des dossiers ont eu droit aux injures et aux procès de la part du régime et du petit peuple qui a commencé à rêver.

Le temps est passé et très peu d'argent a été récupéré. L'Etat a vendu quelques biens confisqués et a laissé péricliter des dizaines d'entreprises appartenant à la famille Ben Ali. Les recettes obtenues de la vente ont été versées dans le budget pour payer les salaires des milliers de nouvelles recrues parmi les victimes réelles et imaginaires de l'ancien régime.
Aussitôt le filon épuisé, il fallait trouver une autre histoire pour faire patienter le peuple. Moncef Marzouki s'est attelé à la tâche et est parti à Gafsa pour parler de phosphate. À l'époque, les recettes étaient en chute libre à cause de grèves à répétition menées par les originaires de la région qui demandaient des dividendes sur leurs richesses naturelles. « Je vais œuvrer à ce que la région de Gafsa bénéficie de 20% au moins des recettes du phosphate », a promis, vendredi 22 juin 2012, le président provisoire de la République Moncef Marzouki aux habitants des délégations d'El Guetar et Belkhir du gouvernorat de Gafsa.
Le filon phosphatier n'a pas marché longtemps, les recettes étaient toujours en baisse poussant le gouvernement à aller voir le FMI.
Il fallait trouver une autre histoire pour endormir les Tunisiens. C'est tout trouvé, on leur a raconté que la Tunisie nageait sur une marée de pétrole, lequel est spolié par les méchantes multinationales étrangères. Il n'y pas que le pétrole, il y a également le sel qui serait spolié par les Français. À entendre certains politiciens de l'époque, le sel serait côté en bourse au même prix que l'or.
Ces histoires n'ont, bien entendu, aucun impact sur le réel puisqu'elles sont totalement fantasmagoriques. Dans la vie réelle, les gouvernements succédant à la troïka n'ont eu d'autre choix que d'aller voir le FMI et quelques autres partenaires et organismes étrangers pour mendier des prêts.

Avec l'arrivée de Kaïs Saïed, les histoires à dormir debout ont, de nouveau, refait surface. Pire, contrairement à Moncef Marzouki et Rached Ghannouchi, l'actuel président semble sincère et il croit, lui-même, aux histoires farfelues et les plus invraisemblables.
Mais comme il ne peut créer de nouvelles histoires, il a sorti les vieilles et les a remises à l'ordre du jour.
Ainsi, l'histoire des milliards évoqués par Abdelfattah Amor. Il parle de milliards de milliards d'argent dérobé et s'aventure même à avancer le chiffre de 13500 milliards dérobés par 460 hypothétiques hommes d'affaires.
Kaïs Saïed a nommé une commission spéciale pour ramener cet argent et, sans surprise, celle-ci s'est retrouvée confrontée à la dure réalité. Il lui était impossible de récupérer un argent qui n'a jamais existé que dans l'imaginaire des farfelus de tous bords. Le chef de l'Etat, désemparé, a rejeté la faute sur le président et sa soi-disant bureaucratie et l'a limogé un an jour pour jour après l'annonce de la création de la commission.
Après cette belle histoire d'argent spolié, Kaïs Saïed a beaucoup axé sa stratégie politique sur les spéculateurs et corrompus, exactement comme son prédécesseur Moncef Marzouki. Il en parlait à chaque réunion ou presque. Pour ce qui est des spéculateurs, il a pondu un décret punissant, jusqu'à la perpétuité, les coupables de l'appauvrissement du peuple. Concrètement, sur terrain, cela n'a rien donné. Même que ça a empiré avec une inflation devenue à deux chiffres. Pour ce qui est des corrompus, il a pondu un décret pour que les plus gros corrompus investissent dans les régions les plus défavorisées et les moins corrompus dans les régions les moins défavorisées. Près de deux ans après le putsch, il n'y a aucun dinar investi dans aucune région. Que de la parlote pour enfumer les gogos.
Continuant sur la même lancée de son prédécesseur Marzouki, Kaïs Saïed a abordé lui aussi le sujet du pétrole, question de faire encore rêver les Tunisiens avec une nouvelle histoire. Il a cependant failli provoquer une crise diplomatique avec la Libye en évoquant l'histoire d'un puits en mer jadis disputé. Le sujet a été clôt rapidement puisque la justice internationale a tranché en faveur des Libyens depuis les années 80 et qu'il n'y avait même pas lieu de l'évoquer.

Ne pouvant plus tirer la corde du pétrole, vu que tout le monde sait désormais que le sel ne rapporte rien et ne voyant pas venir l'argent soi-disant spolié, le président de la République a remis sur le tapis l'histoire du phosphate.
Il a convoqué, cette semaine, un conseil de sécurité nationale pour traiter du sujet, mais sans aboutir à une quelconque décision. Il n'y avait que des constatations et « il faudrait que », « il faudrait que ».
Il a dit que la Tunisie pouvait extraire dix millions de tonnes de phosphate par an (sans dire comment), soit son niveau de production d'avant la révolution.
Pour bien préparer son histoire de phosphate, Kaïs Saïed a déblayé le terrain en évoquant, le 14 avril, le projet d'un pipeline reliant Gabès à Gafsa (155 km) pour transporter l'eau de mer qu'on dessalera et qui servira, entre autres, à laver le phosphate.
C'est suffisant pour que ses aficionados parlent ces derniers jours de phosphate sur les réseaux sociaux et d'une pluie d'argent à venir.
Ce que le président n'a pas dit, et peut-être ne sait pas, c'est que même si l'on produit dix millions de tonnes de phosphate, la Tunisie ne sortirait pas de sa crise immédiate, celle de boucler le budget.

La seule et unique solution pour que le gouvernement voie l'issue du tunnel et résolve son épineux problème de budget, c'est de mettre en exécution son propre plan de réformes qu'il a soumis au FMI. Un plan que le président refuse.
La seule et unique solution pour que la Tunisie sorte de sa crise économique, c'est d'accroître la productivité, et ce en encourageant l'investissement, l'emploi, les entreprises et la création de richesses. Pour le moment, le monde des affaires est diabolisé et on ne compte plus les chefs d'entreprise en prison poursuivis pour d'hypothétiques affaires de corruption, de blanchiment d'argent et d'enrichissement illicite.
Sous la bannière de la lutte contre la corruption, la même que celle brandie par la troïka, le régime de Kaïs Saïed a jeté un froid sur le monde des affaires empêchant ainsi la roue économique de tourner normalement.
Sous la bannière de refus des diktats étrangers, Kaïs Saïed empêche toute réforme structurelle du système économique.
Le mois d'avril touche à sa fin, et en dépit de la menace d'une faillite économique, contre laquelle préviennent les économistes tunisiens et plusieurs pays amis de la Tunisie, Kaïs Saïed n'oppose que de la parlote et des histoires à dormir debout.
Des histoires qui plaisent au « peuple », le même qui buvait les paroles de la troïka et attaquait toutes les voix dissonantes.


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