L'homme politique et président du Front de salut, Ahmed Néjib Chebbi, a publié un statut, dimanche 21 mai 2023, pour rendre hommage à la militante Maya Jeribi à l'occasion du 5e anniversaire de son décès. "La vie est devenue médiocre après toi, Maya. Issam est absent de la commémoration du cinquième anniversaire de ton décès, car il est derrière les barreaux. Oui, Issam, Ridha, Jawhar, Khayam, Ghazi et Chaima, ils sont tous derrière les barreaux, car les personnes libres dans ton pays se trouvent en prison, Maya. Oui, si tu étais encore en vie, tu aurais également été en prison pour femmes, Maya. La vie est devenue médiocre après toi, Maya : les libertés se sont réduites, la répression a prévalu, les institutions se sont effondrées, la Constitution est tombée et nous sommes revenus à l'ère du pouvoir absolu et détestable. La vie est devenue médiocre, Maya : les organisations de la société civile sont affaiblies, leur voix est faible, les partis politiques sont des fantômes qui alimentent la division et la discorde. Hélas, Maya, ces sièges ne sont plus ces tentes unies pour des forces aimantes et solidaires. Les gens les ont abandonnés et la flamme de l'espoir s'y est éteinte. Les valeurs ont disparu et l'absurdité règne dans ton pays, Maya. Tous ceux qui ont connu la prison avant la révolution sont retournés dans leurs cellules, sous des regards haineux et moqueurs, aussi longtemps que le mépris a été dirigé contre un adversaire supposé : Rached, Ali, Noureddine, Habib, Mohamed, Abdelhamid, et bien d'autres. Que Dieu t'honore par l'opposition, Maya. À une époque de despotisme et de transition démocratique, l'amour de l'humanité vous pousse à ne pas faire de distinction entre les citoyens sur la base de leur croyance ou de leur engagement. Et je crois que la reddition des comptes se fait par le biais des urnes ou d'un procès équitable, sans rancune ni vengeance. Les cartes sont mélangées après toi, Maya, car on ne distingue plus entre un noble opposant et un opportuniste qui tourne le dos à la cause pour obtenir des faveurs du pouvoir. La compassion envers les opprimés est devenue une vertu dont se vante l'imbécile, Maya. La vie est devenue médiocre après toi, Maya. Les enfants de ton pays souffrent sous le poids de la pauvreté, du désespoir et de l'exclusion. Les denrées alimentaires et les médicaments font défaut, les prix ont enflammé et l'Etat est au bord de la faillite, sa réputation se détériore sur les marchés et sur la scène internationale. Ma consolation est en toi, Maya, car après la difficulté vient la facilité, et de ton haut rang, tu témoignes que seules les valeurs perdurent, tandis que tout le reste finira par disparaître."