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Evasion de la prison de la Mornaguia : plus de questions que de réponses
Publié dans Business News le 01 - 11 - 2023

L'évasion de cinq terroristes de haut vol de la prison civile de la Mornaguia le 31 octobre 2023 a défrayé la chronique. Il s'agit d'une évasion spectaculaire et complétement inédite en Tunisie. Même au cours de la révolution de 2011, personne n'est arrivé à s'évader de cette prison. Depuis près de 24 heures, les interrogations s'accumulent et les analyses, même les plus farfelues, sont légion.
C'est en début d'après-midi, le 31 octobre 2023, que le ministère de l'Intérieur a annoncé l'évasion des cinq terroristes (Nader Ghanmi, Alaeddine Ghazouani, Ameur Belâzi, Ahmed Melki et Raed Touati) de la prison civile de la Mornaguia, appelant les citoyens à les signaler aux services concernés. Les cinq terroristes en question sont loin d'être des enfants de chœur. Ils sont impliqués dans les meurtres de Mohamed Brahmi et de Chokri Belaïd ainsi que dans divers actes terroristes. La nouvelle a choqué l'opinion publique tant le fait de s'évader de la plus grande prison de Tunisie est un fait complétement inédit surtout si, en plus, les évadés sont supposés être soumis à une surveillance spéciale.
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Une série de photos ainsi qu'une vidéo postées sur les réseaux sociaux montrant les barreaux de la fenêtre sciés, l'intérieur de la cellule, l'extérieur sous la fenêtre par laquelle les prisonniers se sont évadés et le mirador dont l'une des fenêtres pend une corde a suscité l'indignation. Il semble en effet très difficile, voire impossible, que cinq détenus aient pu s'évader de cette manière sans attirer l'attention et sans faire de bruit. Tous ceux qui ont eu à entrer à la prison de la Mornaguia (prisonniers, avocats, journalistes, ONG…) connaissent très bien les mesures de sécurité draconiennes dans cette prison. Présenter des prisonniers sciant des barreaux, atteindre le mirador et y accrocher une corde avant de s'évader semble quelque chose d'impossible pour ces gens qui connaissent la Mornaguia. D'autant plus impossible avec la présence de caméras de surveillance et de gros projecteurs installés justement dans le but de sécuriser les lieux.
En réponse à cela, le gouvernement a annoncé trois limogeages : celui du directeur de la prison civile de la Mornaguia par la ministre de la Justice, le directeur général des services spéciaux et le directeur central des renseignements généraux par le ministère de l'Intérieur. Rien n'a filtré concernant la série de photos largement partagée sur les réseaux : s'agit-il de photos récentes ? S'agit-il de photos illustrant le début de l'enquête sur cette évasion ? Si c'est le cas, comment est-il possible de prendre des photos au sein de la prison et de les partager aussi librement ?
Par ailleurs, des questions se posent également sur les limogeages décidés par le gouvernement. Si le limogeage du directeur de la prison semble chose évidente, les limogeages des deux responsables du ministère de l'Intérieur semblent indiquer l'existence d'implications étrangères dans cette évasion. Le fait que l'opération ait été aussi bien orchestrée ainsi que le fait qu'aucun des évadés n'ait été retrouvé jusqu'à l'écriture de ces lignes tendent à confirmer cette option. Il semble bien que le plan établi dépasse les frontières de la prison en elle-même, on ne parle pas de cinq évadés qui se sont mis à courir à travers les prairies. Il semble bien qu'il y avait un plan pour les récupérer.
Toutefois, les limogeages annoncés dans l'après-midi du 31 octobre n'englobent pas les responsabilités politique et morale de cette évasion. Plusieurs ont pointé du doigt les responsabilités de la ministre de la Justice, Leila Jaffel, et celle du ministre de l'Intérieur, Kamel Feki. Mais les soutiens du président de la République ont vite fait de clamer que les ministres étaient hors de cause en appelant à l'unité nationale contre un péril imminent illustré par le fait que les services les plus sensibles de l'Etat soient infiltrés.
Quoi qu'il en soit, l'évasion de cinq détenus extrêmement dangereux de la prison de la Mornaguia démontre, au pire, que l'ensemble de l'Etat tunisien, y compris ses services les plus sensibles, est infiltré par des services étrangers puissants. Au mieux, cela démontre une grande incompétence rendant aujourd'hui possible ce qui était complétement inenvisageable il y a tout juste quelques années. Quand on procède aux nominations en privilégiant l'allégeance à la compétence le résultat ne peut être que l'échec. Les limogeages n'ont aucun intérêt si l'on nomme les successeurs selon la même logique d'allégeance. Par ailleurs, la communication officielle autour de cette évasion est totalement absente jusqu'à l'heure. Il serait tout à fait compréhensible que l'exécutif ne dispose pas d'éléments concrets à fournir aujourd'hui, même si l'on est en droit de connaitre les résultats préliminaires des enquêtes judiciaire et administrative qui ont été ouvertes. Toutefois, il aurait été salutaire d'au moins réagir aux photos qui ont été publiées sur les réseaux sociaux.
Il va sans dire que nous sommes aujourd'hui devant un scandale d'Etat. Cinq terroristes extrêmement dangereux sont en liberté suite à une évasion de la prison la plus surveillée et la plus sécurisée de Tunisie. La question de savoir s'il existe des complicités internes qui ont facilité cette évasion est, semble-t-il, réglée. Par contre, la question reste entière concernant le niveau de ces complicités et à quel point les services de l'Etat sont infiltrés. Certains supposent que les terroristes ont été libérés pour exécuter une action bien précise et craignent, par conséquent, une opération terroriste ou un nouvel assassinat politique. D'autres sont convaincus que cette évasion a été organisée par des services étrangers puissants en guise de représailles suite à la position courageuse de la Tunisie concernant ce qui se passe en Palestine.

Le régime tunisien se doit de se montrer totalement transparent concernant les résultats des enquêtes qui seront menées tant les rumeurs et les interprétations font actuellement rage. Le régime devra également assumer ce scandale et en tirer les enseignements nécessaires quant à la gestion des affaires sécuritaires du pays. Cependant, la priorité des priorités est de remettre la main sur les cinq prisonniers évadés dans les délais les plus brefs. Cela participera à rassurer la population et à restaurer, un tant soit peu, la confiance de l'opinion publique dans ses services de sécurité.

Raouf Ben Hédi
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