Il semble que les atteintes aux libertés et aux droits élémentaires en Tunisie n'indignent qu'une certaine frange de Tunisiens. Un petit noyau de résistance hétéroclite qui continue de dénoncer tant bien que mal les dépassements commis, les dangers d'un glissement autoritaire ou les absurdités que les autorités nous servent à tour de bras. Vous me diriez que la majorité des Tunisiens ont d'autres chats à fouetter, surtout à faire face à une vie qui devient pénible et à un pouvoir d'achat qui s'est laminé jusqu'à la trame. Défendre les soi-disant droits et les libertés ne fera pas bouillir la marmite, c'est secondaire et ce n'est qu'une préoccupation d'une certaine élite déconnectée des réalités. Voilà ce que vous dirons les défenseurs d'un processus engagé un certain 25 juillet 2025. Le fait est que les propagandistes du pouvoir en place omettent sciemment de dire que les droits et les libertés sont indivisibles. Et quand on dénie à ses citoyens leurs libertés et leurs droits, ça ne peut être qu'un tout. Les droits humains notamment les libertés individuelles et les droits économiques, culturels ou sociaux sont ainsi interdépendants.
Alors quand un régime qui a mis la main sur tous les rouages d'un pays, quand ce régime bafoue les lois et commet des injustices, quand ce régime démontre à plusieurs reprises son incompétence en aggravant la situation économique sans que vous ne puissiez piper mot au risque de vous retrouver poursuivi, sachez que ce petit noyau de résistance n'a pas tort. Pourtant, une grande majorité de Tunisiens continue d'applaudir les violations à la pelle et l'incompétence caractérisée. Ils ne saisissent toujours pas que cette démarche se retournera contre eux, contre tout le monde sans distinction.
La Tunisie vogue à vue menée par un capitaine qui s'emmêle de plus en plus les pinceaux. Le bateau Tunisie est à la dérive et le naufrage n'est pas aussi loin qu'on le croit. Pour l'instant, on surfe toujours sur la vague du populisme qui vend des rêves plein la tête à des gens désespérés qui veulent vraiment y croire. Mais le réveil sera brutal, très brutal. Curiosité du moment, ces mêmes gens qui applaudissent les injustices et les droits bafoués en Tunisie, les dénoncent ailleurs et avec force, notamment ce que subissent les Palestiniens. Loin de nous de comparer les deux situations. La tragédie de la Palestine est incomparable. Toutefois, il existe des incohérences. On ne peut défendre des valeurs et des principes d'un côté et cautionner leur violation d'un autre côté. Ces valeurs sont universelles ou ne le sont pas. Elles s'appliquent à tous. Et donc un dirigeant qui commet des injustices à l'égard de son propre pays et des ses propres citoyens, ne pourrait être totalement crédible quand il dénonce les injustices sous d'autres cieux. Ce régime mène une guerre sans trêve contre toute voix dissonante qui viendrait critiquer ses agissements. C'est le règne de l'arbitraire et par conséquent beaucoup se terrent dans le silence pour éviter les problèmes alors que d'autres se transforment en experts-laudateurs. Par ailleurs, et en partant de la nature même de ce régime, l'instrumentalisation de ce qui se passe en Palestine n'avait pas tardé. Pour justifier ainsi les atteintes aux droits et libertés en Tunisie, on tire parti de l'actualité et de l'aberrante position occidentale. On dit haut et fort que désormais plus personne ne pourra nous donner de leçons. Ce n'est pas une mauvaise chose par principe de rappeler à l'ordre cet occident des deux poids deux mesures. Mais quand on le fait par opportunisme pour consacrer les violations et l'arbitraire, c'est là que ça devient problématique. C'est là qu'on se dit qu'il est ignoble d'instrumentaliser les souffrances des Palestiniens et de récupérer l'immonde réaction occidentale en les exploitant à des fins politiques et pour reluire son image.