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Hchichet romdhan de Kais Saïed
Publié dans Business News le 13 - 03 - 2024

Deuxième jour du mois de ramadan, le président Kaïs Saïed limoge, sans explication aucune et sans raison apparente, les ministres de la Culture et du Transport. Un comportement digne des dictatures ordinaires et des dirigeants qui prennent des décisions impulsives quand ils ne sont pas de bonne humeur.

Dans les pays civilisés et/ou démocratiques, quand un ministre commet une grosse bourde ou subit un scandale médiatique, il est poussé par sa hiérarchie à la démission. Quoi qu'il se passe, sa dignité et son honneur sont ménagés.
Dans les pays non civilisés et/ou dictatoriaux, le président limoge comme s'il avait un complexe d'infériorité le poussant à montrer sa supériorité. Quoi qu'il se passe, il a besoin d'humilier ses subordonnés pour rappeler à tout le monde qui est le chef.
On pourrait avoir de l'empathie ou de la joie mauvaise après le limogeage, hier mardi 12 mars 2024, de Hayet Guettat Guermazi, ministre des Affaires culturelles et Rabie El Majidi, ministre du Transport, le fait est que les deux ministres ont été humiliés publiquement, comme beaucoup de leurs prédécesseurs, serviteurs du régime putschiste. Ils sont sortis par la petite porte, la toute petite. Ils trouveront certainement un point de chute intéressant et généreux, mais ce limogeage humiliant les poursuivra toute leur vie, car c'est leur honneur qui a été touché.

Ce qui est arrivé mardi 12 mars n'a rien d'exceptionnel pour Kaïs Saïed. Il a montré par le passé qu'il est impulsif et il a renvoyé plusieurs ministres avec la même sévérité et froideur dont notamment la piètre cheffe du gouvernement, Najla Bouden.
À ce jour, Business News a compté plus de 70 limogeages de ministres et de hauts commis de l'Etat effectués par Kaïs Saïed depuis son putsch le 25 juillet 2021. À différentes reprises, ces limogeages ont été décidés d'une manière impulsive et irréfléchie. Et, toujours, sans explication au peuple, comme si ce dernier n'avait pas besoin de savoir en quoi tel ou autre limogé a fauté. Cette infantilisation du peuple est, également caractéristique des dictatures, le chef estime ne pas avoir de comptes à lui rendre et croit connaitre, mieux que lui, ses intérêts.
En dépit de l'absence de toute explication, les limogeages de Mme Guettat Guermazi et de M. El Majidi sont justifiés. Des ministres médiocres qui n'ont enregistré aucune réalisation.
Pour ce qui est de Mme Guettat Guermazi, elle n'a même pas pu réaliser l'unique projet que lui a ordonné son président en mars 2023, à savoir la création du centre international des arts de la calligraphie. Elle a passé son temps à poursuivre les opposants de Kaïs Saïed dans son département et à prendre des décisions aberrantes et contradictoires. Comme, par exemple, l'annulation de l'édition 2023 des JCC (une première dans l'Histoire de ce grand festival de cinéma, le plus vieux d'Afrique) sous prétexte de la guerre à Gaza, mais elle a maintenu les JTC organisées quelques jours après. Abrupte avec son personnel et ses directeurs généraux, la ministre figure parmi les pires de l'histoire du département.
Quant à Rabie El Majidi, il n'a même pas eu la décence de se taire après son limogeage. Dans un post Facebook publié quelques heures après son limogeage, il s'est noyé dans des justifications stériles pour expliquer ses échecs. Il estime avoir réussi des fois et échoué d'autres fois dans sa mission. Qu'a réussi M. El Majidi ? On l'ignore. La situation du transport en Tunisie était déjà désastreuse avant son arrivée, elle a empiré depuis qu'il est venu.

Au vu de l'absence notoire de toute réalisation digne de ce nom, les deux ministres ne méritaient pas de perdurer dans leurs départements respectifs. En tant que serviteurs zélés et acteurs actifs d'un régime putschiste, personne ne pleurera leur sort ni leur limogeage humiliant.
Mais il n'y a pas que le fond et la forme qui comptent, il y a également le timing. Kaïs Saïed aurait pu les limoger dans le cadre d'un remaniement ministériel global, mais il a préféré le faire d'une manière cavalière, le deuxième jour de ramadan.
Dans tous les précédents limogeages, Kaïs Saïed semble avoir agi dans la colère. Dans ces deux derniers, il semble avoir agi sous le coup de « hchichet romdhan ». Célèbre expression tunisienne signifiant l'humeur exécrable des jeûneurs durant le mois saint. Dans la cité, les citoyens se querellent, voire se bagarrent, entre eux notamment les premiers jours du jeûne, sous l'effet de la faim et de la soif. À la tête de l'Etat, il semblerait que « hchichet romdhan » a frappé également. Faute d'avoir quelqu'un avec qui se disputer, Kaïs Saïed a jeté sa colère sur ces deux ministres. Il aurait pu en limoger d'autres (il a l'embarras du choix tant le gouvernement est rempli de médiocres), mais c'est sur ces deux-là que la colère ramadanesque présidentielle a été jetée.
Pour l'anecdote, au début du ramadan 2023, le président de la République a disparu des radars, alimentant du coup les rumeurs sur une hypothétique maladie. Quand il est revenu, de ce qui semblait être un simple congé ramadanesque, il était en colère contre les propagateurs de rumeurs.
Ramadan 2024, il a décidé de ne pas prendre de congé, mais il ne pouvait rien contre la légendaire « hchichet romdhan » et se devait de jeter sa colère sur quelqu'un. Deux ministres en feront les frais et c'est tant mieux, ils ne méritent aucune empathie.


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