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Leur place n'est pas en prison
Publié dans Business News le 22 - 04 - 2025

Un tournant. Mais ni le premier, ni certainement le dernier. Ahmed Souab est tombé hier, arrêté par le régime pour ses propos jugés « menaçants », dans lesquels il dénonçait justement la menace pesant sur une justice elle-même « le couteau sous la gorge ». Ses mots se sont refermés sur lui, comme un étau implacable. Brigade antiterroriste, double perquisition à son domicile, dizaines de policiers, saisie des appareils électroniques de la famille, audition de son fils, puis direction Bouchoucha. Tout l'arsenal a été déployé face à la menace que représenterait Ahmed Souab. Il fallait agir vite, prévenir toute tentative de nuire, venant de cet avocat défenseur des sombres et dangereux droits humains.

L'injustice comme nouvelle norme
Mais la place d'Ahmed Souab n'est certainement pas en prison. Encore moins dans cette lugubre caserne de Bouchoucha, où il passera au moins cinq jours de détention, avant de rejoindre — probablement — la longue liste de tous ces hommes et femmes intègres, eux aussi très « menaçants », que l'on maintient à l'ombre depuis des mois.
Le régime insulte encore une fois l'intelligence collective en multipliant les arrestations, les emprisonnements, et les peines à rallonge contre des personnes dont le seul tort de certaines a été de servir leur pays, du mieux qu'elles le pouvaient, avec sincérité.
Mais tout cela est devenu trop grossier pour être défendu sérieusement. Désormais, les soutiens du régime, parlant à sa place, se retranchent dans les vidéos manipulées, les insultes, les mensonges. Ils justifient l'injustifiable. Ils reprennent à leur compte les propos présidentiels appelant à « neutraliser les cellules cancéreuses » en administrant une chimiothérapie si violente qu'elle détruit sans discernement. Une solution aveugle et destructrice, qui ne fait aucune différence entre les ennemis de la nation et ceux qui lui sont dévoués. Ainsi, les justes tombent avec les coupables, et le dévouement devient un délit.

Une ignorance bien commode
Mais, un gouffre sépare les faits, implacables, de la jubilation de ceux qui applaudissent, persuadés que le pouvoir a enfin triomphé de ses nuisibles. Ce gouffre, c'est l'ignorance. L'ignorance des faits reprochés, des accusations cousues de fil blanc, des irrégularités dans les dossiers, et de ces épées de Damoclès suspendues au-dessus de la tête de chaque magistrat, autrefois animé par une véritable volonté de justice.
C'est cette ignorance qui fait qu'aujourd'hui, dans les mêmes geôles, se côtoient les pires criminels que ce pays ait jamais connus et des penseurs, avocats, journalistes ou politiques, dont le plus grand crime est d'avoir misé sur l'intelligence collective pour faire passer un message.
Les brigades antiterroristes ne s'attaquent plus aux poseurs de mines dans les montagnes tunisiennes, mais aux criminels de la parole, aux terroristes de la pensée. Ceux qui menacent la sécurité nationale… en réclamant justice, en appelant au respect de l'Etat de droit. Ceux qui défendent l'idée d'un Etat civil, protecteur de ses enfants, au lieu de les jeter en pâture à la vindicte populaire.

Fédérer, mais contre qui ?
Ahmed Souab fait partie de ces gens-là. Ceux qui défendent un idéal de justice et de liberté, quitte à en payer le prix. Ceux qui s'insurgent contre des verdicts surréalistes, prononcés en un temps record sur la base de dossiers abracadabrants. Et l'indignation qui a suivi son arrestation, cette vague de soutien instantanée, prouve qu'il n'était pas seul.
Mourad Zeghidi, Sonia Dahmani et bien d'autres font aussi partie de ces gens-là. Ceux dont la pire nuisance est d'avoir été des lanceurs d'alerte, des critiques virulents du surplace ambiant, des analystes lucides de l'incapacité du pouvoir à tenir ses promesses. Pas seulement ce pouvoir, d'ailleurs, mais aussi ceux qui l'ont précédé, et qui, par leur incompétence, ont permis à celui-ci de se hisser au sommet et de croire ses pouvoirs illimités.
Aujourd'hui, le pouvoir a réussi son pari ultime : fédérer. Non pas autour d'un projet de société, mais contre un ennemi commun qu'il a lui-même désigné. Peu importe leurs idées, leur passé, leurs combats. On les regroupe, on les accuse de complot, on les enferme. Tous dans le même sac, tous affublés du même sceau infâme : celui du complotisme. Et les foules applaudissent. Depuis des années, les Tunisiens manquaient d'une cause commune, éreintés par des divisions stériles. On leur a enfin offert une cible à haïr ensemble.

Des hommes et des femmes qui auraient dû être salués, non emprisonnés
Aujourd'hui, ceux qui, dans un monde plus juste, auraient dû être félicités pour leurs idées, leur parole et leur engagement, sont traités comme de vulgaires criminels. Certains vont jusqu'à croire que le pays se porterait mieux sans eux. Mieux sans un Ahmed Nejib Chebbi, qui s'est toujours dressé contre les dictatures, y compris les plus assumées. Mieux sans une Abir Moussi, dont le tort est de faire de la politique avec une passion débordante. Mieux sans un Jaouhar Ben Mbarek, aujourd'hui accusé de terrorisme alors qu'il en a toujours été la cible. Mieux sans un Ahmed Souab, qui dénonçait des menaces et a été accusé d'en être l'auteur. Mieux que ceux qui - comme Bochra Belhaj Hmida ou Karim Guellaty - ont dû quitter le pays qu'ils aiment car pourchassés comme des malpropres ? Ces noms-là ne sont pas les seuls, la liste de tous ceux qui n'ont aucune place derrière les barreaux, est encore longue.
On peut être en désaccord avec ces figures, avec leurs idées, leurs convictions, mais on ne peut leur reprocher de ne pas avoir cru en la justice. Certains mériteraient d'être salués pour leur courage et leurs combats. À la place, ils croupissent en prison, payant à la fois pour la couradise des uns et l'ignorance des autres...


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