À Tunis, l'annonce selon laquelle l'actrice française, Charlotte Gainsbourg pourrait incarner l'avocate et militante franco-tunisienne, Gisèle Halimi dans un biopic suscite une vive polémique. L'indignation des milieux tunisiens s'explique par le positionnement de l'actrice et de son époux Ivan Attal sur la question palestinienne. Tous deux figuraient parmi les signataires d'une lettre ouverte adressée au président français Emmanuel Macron, demandant de reconsidérer la reconnaissance de l'Etat palestinien, qui sera officiellement annoncée lundi 22 septembre à New York, au siège de l'ONU. Pour de nombreux Tunisiens, il est difficilement compréhensible qu'une personnalité soutenant Israël dans son génocide contre les Palestiniens puisse incarner Gisèle Halimi, figure emblématique de l'anticolonialisme et défenseure inflexible des droits des Palestiniens.
Gisèle Halimi, décédée en 2020, a consacré sa vie à la lutte contre l'injustice et l'oppression. Elle a notamment été l'avocate de Marwan Barghouthi, leader du Fatah et figure de la résistance palestinienne détenu dans les prisons israéliennes depuis 2002. Dans les colonnes de L'Humanité, au lendemain de l'agression israélienne contre Gaza en 2014, elle déclarait : « Un peuple aux mains nues – le peuple palestinien – est en train de se faire massacrer. Une armée le tient en otage. Pourquoi ? Quelle cause défend ce peuple et que lui oppose-t-on ? J'affirme que cette cause est juste et sera reconnue comme telle dans l'histoire. Aujourd'hui règne un silence complice, en France, pays des droits de l'homme et dans tout un Occident américanisé. Je ne veux pas me taire. Je ne veux pas me résigner. Je veux crier fort pour ces voix qui se sont tues et celles que l'on ne veut pas entendre. L'histoire jugera mais n'effacera pas le saccage. Saccage des vies, saccage d'un peuple, saccage des innocents. Le monde n'a-t-il pas espéré que la Shoah marquerait la fin définitive de la barbarie ? ». Des paroles qui résonnent aujourd'hui plus que jamais.
Sur les réseaux sociaux tunisiens, mais aussi dans les milieux militants français, la controverse s'exprime avec force : « Quels points communs entre ces deux femmes ? Aucun ! L'une Gisèle Halimi, avocate, militante féministe et femme politique franco-tunisienne de gauche, qui s'est battue toute sa vie contre l'injustice, le racisme, pour l'avortement et pour notamment la cause palestinienne. Et l'autre Charlotte Gainsbourg, fille de son père, chanteuse et actrice, mais surtout compagne d'Yvan Attal, un sioniste forcené d'extrême droite, dont elle épouse les idées en soutenant le génocide des Palestiniens. Le comble : elle est pressentie pour incarner le rôle de Gisèle Halimi dans un biopic qui lui est consacré. Une erreur de casting flagrante et plus que fâcheuse ! ».
La polémique reflète ainsi une colère de voir une figure historique de la défense des droits humains et de la cause palestinienne incarnée par une actrice dont les prises de position publiques vont à l'encontre des valeurs et de l'engagement de Gisèle Halimi.