La 14ème édition du rapport relatif à la liberté économique dans le monde et élaborée conjointement par l'Heritage Foundation et le Journal de Wall Street a été rendu public le 14 janvier. Si les résultats de ce rapport sont tant attendus c'est parce qu'il constitue un véritable tableau de bord pour les décideurs économiques et les investisseurs étrangers. Le rapport couvre 162 pays, l'indice de liberté économique est construit à partir de 10 critères de liberté économique (Facilité des affaires, liberté commerciale, liberté monétaire, liberté fiscale..). Par souci d'efficacité, nous avons demandé à Mme Imen Bouallégui, enseignante universitaire spécialisée, de nous l'analyser avant de publier sèchement ses résultats. Voici ses conclusions. Le classement révèle que dans le haut de l'affiche figurent respectivement Hong Kong (1ère depuis la première publication de l'indice en 1995), Singapour, Irlande, Australie et Etats-Unis. Au niveau africain, on retrouve en tête de peloton l'île Maurice qui a remarquablement progressé passant de 34ème mondial en 2007 à 18ème en 2008. Concernant les deux géants asiatiques l'Inde et la Chine leurs croissances exponentielles ne semblent pas être corrélées avec la liberté économique puisqu'ils ne sont classés que 115ème et 126ème. Autre fait à relever, parmi les pays de l'OCDE, le positionnement de pays tels que la France et l'Italie classés respectivement 48ème et 60ème. La Tunisie Elle occupe la 84ème place mondiale (avec un indice de 59.35%) et le 10ème rang dans la région MENA. La Tunisie vient en tête des pays maghrébins étant donné que le Maroc, l'Algérie, la Mauritanie et la Libye sont respectivement classés 98ème, 102ème, 109ème et 154ème. Entre 2007 et 2008, l'indice de liberté économique de la Tunisie est resté sensiblement le même (59.5 %, 59.3 %). Rappelons que le classement de 2008 est basé sur les données de la période allant du 2ème semestre 2006 au premier semestre 2007. Le graphique ci-contre montre que depuis la première date de publication de l'indice de liberté économique en 1995, la période 2005-2006 marque un retournement de tendance. Depuis, l'indice est en nette progression. Sur la longue période 1995-2008, en dépit de la baisse de l'indice global, on a enregistré certaines améliorations notamment en ce qui concerne la liberté fiscale (l'indice relatif est passé de 45.4% à 71.8%). Quand on connaît les méfaits de la pression fiscale sur l'investissement et le pouvoir d'achat, la performance tunisienne est à inscrire à son actif. Le désengagement progressif de l'Etat est réel, l'indice relatif au poids de l'Etat dans l'économie est passé de 69.7% à 76.4%. La politique monétaire va également dans le sens de la libéralisation (69.1% à 77.1%) et l'inflation maîtrisée. Les points forts de la Tunisie de 2008 Le rapport 2008 fait ressortir les performances de la Tunisie dans cinq domaines : la facilité des affaires, la libéralisation commerciale, les politiques monétaire et fiscale et le désengagement de l'Etat. La facilité des affaires (79.2%) : création d'entreprise (délai d'en moyenne 11 jours contre une moyenne mondiale de 43 jours) ; Obtention de licences (234 jours de moins que la moyenne mondiale) ; Fermeture d'entreprise (procédure de mise en faillite relativement simple). La libéralisation commerciale (71.8%) : Réduction des obstacles tarifaires (le tarif moyen a été de 9.1% en 2005). Les barrières non tarifaires (Quotas, ) demeurent quant à elles relativement importantes. (Lire notre news à ce sujet). Liberté fiscale (76.4%) : Taux maximum d'imposition du revenu est de 35%, concernant les entreprises le taux maximum est de 30%. Ainsi, les recettes fiscales tunisiennes ne dépassent pas 15.3% du PIB. Désengagement de l'Etat (77.1%) : les dépenses publiques (consommation et transferts) sont modérées. Le rapport relève cependant la lenteur et le caractère irrégulier des privatisations. (Lire notre article à ce sujet) Liberté monétaire (77.6%) : L'inflation est maîtrisée (en moyenne de 3.8% entre 2004 et 2006). Le rapport fait remarquer que la régulation des prix est relativement importante ce qui créerait des distorsions sur les marchés. Il convient toutefois de rappeler que c'est cette même régulation qui permet de juguler (au moins en partie) l'inflation. Ce qui reste à faire Selon le rapport, il faut déployer plus d'efforts pour la protection de la propriété privée (50%). Le rapport soulève par ailleurs la nécessité de flexibiliser davantage le marché de travail (55.3%) afin d'encourager l'emploi. Concernant la libéralisation financière (30%), le rapport soutient que la Tunisie a réalisé d'importants progrès afin de se conformer aux standards internationaux. Le rapport rappelle cependant le taux élevé de crédits non productifs accordés par les banques tunisiennes. Il est par ailleurs essentiel de développer le secteur des assurances. Le rapport rappelle que l'Etat est fortement présent dans ce secteur étant donné que la plus grande société d'assurances en Tunisie demeure à ce jour publique (sa privatisation était prévue pour 2007). La Tunisie devrait également multiplier les efforts afin de lutter contre la corruption (46%). Le rapport relève enfin le dynamisme de la bourse tunisienne par rapport aux marchés des capitaux, mais qu'il faudra quand même uvrer davantage pour les renforcer et les approfondir. Cliquer ici pour lire la partie du rapport sur la Tunisie (en anglais)