Lors d'une séance plénière tenue lundi 7 juillet 2025, plusieurs députés de l'Assemblée des représentants du peuple ont interpellé le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique au sujet de la précarité professionnelle persistante dans le secteur. Les députés ont exigé une régularisation rapide des situations professionnelles de nombreux agents relevant du ministère, dénonçant le recours continu à des formes de travail précaire. Ils ont notamment appelé à une révision en profondeur des pratiques de recrutement et de gestion des ressources humaines, estimant qu'il est temps de rompre définitivement avec des formes d'emploi indignes et contraires à la législation. La question des docteurs chômeurs a particulièrement retenu l'attention des parlementaires. Les docteurs ont mené une manifestation devant l'Assemblée, en parallèle à la tenue de la séance, pour revendiquer leur droit à l'emploi. Les députés ont demandé au ministre, Mondher Belaïd, d'en faire une priorité absolue. D'autres revendications ont été formulées, notamment la régularisation de la situation des enseignants vacataires dans les instituts supérieurs de technologie, ainsi que celle des enseignants contractuels travaillant dans les écoles doctorales et les laboratoires de recherche. Les députés ont insisté sur la nécessité d'un recrutement digne, respectueux des droits et de la dignité de ces professionnels. Les députés ont également interrogé le ministre sur ses intentions concernant la révision des contrats des enseignants universitaires pour l'année académique 2025-2026, en vue d'un encadrement plus équitable des salaires et des heures d'enseignement. Ils ont par ailleurs dénoncé le recours à des enseignants du secondaire pour assurer des cours à l'université, alors même que le nombre de docteurs sans emploi ne cesse de croître. Au-delà des problématiques d'emploi, les députés ont critiqué le faible taux d'intégration des diplômés dans le marché du travail. Ils ont pointé du doigt l'inadéquation des filières universitaires actuelles avec les besoins économiques et les mutations technologiques. Pour eux, une réforme globale du système d'enseignement supérieur s'impose, afin de mieux répondre aux exigences du marché, tant au niveau national qu'international. Toutefois, ils ont mis en garde contre une course aveugle à l'internationalisation qui négligerait les besoins nationaux, risquant ainsi d'accentuer la fuite des cerveaux et de freiner le développement global du pays. Ils ont plaidé pour une stratégie cohérente visant à rendre le marché du travail tunisien plus attractif pour les diplômés de l'enseignement supérieur. Dans cette optique, les parlementaires ont proposé d'introduire une formation en gestion et entrepreneuriat dans toutes les filières universitaires afin d'encourager les jeunes à lancer leurs propres projets et à lutter contre le chômage. Ils ont également appelé à revoir la carte universitaire en renforçant la qualité de l'enseignement, notamment dans certains établissements souffrant d'un manque aigu de personnel et de moyens. Le développement du système de recherche scientifique à l'échelle régionale a aussi été évoqué, avec l'objectif de mieux adapter la recherche aux spécificités industrielles de chaque territoire. Enfin, les députés ont exhorté le ministère à renforcer la justice territoriale en matière d'enseignement supérieur, en soutenant davantage les universités de l'intérieur du pays. À ce titre, ils ont évoqué l'exemple de l'université de Kairouan, candidate au classement international universitaire 2025, et ont demandé la mise en œuvre rapide d'une décision datant de 2020 relative à la création d'un cycle intégré de formation en ingénierie à l'Institut préparatoire aux études d'ingénieur de Kairouan. En conclusion, plusieurs députés ont dénoncé la persistance de pratiques de corruption au sein des administrations centrales et régionales du ministère et regretté l'absence de mesures concrètes malgré les nombreuses plaintes adressées à la présidence de la République.