Les chiffres ne mentent pas. En 2024, la bourse tunisienne a fait mieux que l'épargne bancaire et largement mieux qu'un secteur immobilier en plein marasme. Le rapport publié hier, lundi 14 juillet 2025, par la Bourse de Tunis le confirme : pour qui veut faire fructifier son argent, la bourse reste aujourd'hui le meilleur placement. Si l'on devait résumer 2024 en un mot pour la bourse tunisienne, ce serait « confiance ». Confiance retrouvée des investisseurs, confiance affichée des entreprises, et surtout confiance d'un marché qui a prouvé qu'il pouvait encore créer de la valeur, même dans un contexte économique morose. Le Tunindex a aligné une quatrième année consécutive de hausse, gagnant 13,75 % sur l'année, alors que la plupart des autres placements perdaient de leur attrait. Le Tunindex20, véritable baromètre des grandes capitalisations, a fait encore mieux avec un bond de 14,59 %, porté par des valeurs solides et très liquides. L'indice a commencé l'année en retrait, frôlant même les 8300 points en février, mais il a vite retrouvé son élan pour atteindre un plus haut historique le 1er octobre à 9991 points. Ce n'est pas un hasard si les investisseurs ont afflué vers certaines valeurs. MPBS, la grande révélation de l'année, a plus que doublé (+131 %), suivie par Sotetel (+108 %), véritable star des télécoms. Dans l'agroalimentaire, Land'Or (+72 %), Délice Holding (+42 %) et Poulina Group Holding (+25 %) ont rassuré par leurs performances solides. Le secteur bancaire n'a pas été en reste, comme le montre, par exemple, l'ascension de 37% de l'Amen Bank. Au-delà des chiffres, c'est surtout la dynamique des dividendes qui a séduit les petits porteurs comme les investisseurs institutionnels. Beaucoup de sociétés ont adopté une politique généreuse, confirmant que la bourse n'est pas seulement un marché de spéculation, mais aussi un outil efficace pour générer des revenus réguliers. En 2024, le montant global des dividendes a ainsi atteint des niveaux jamais vus depuis des années.
Le rapport du 14 juillet : des bénéfices en forte hausse Le rapport officiel publié hier, lundi 14 juillet 2025, par la Bourse de Tunis confirme l'excellente santé des sociétés cotées. 64 entreprises sur les 74 présentes à la cote ont déjà publié leurs résultats annuels 2024, affichant une hausse globale des bénéfices de 13,3 %, à 3101 millions de dinars contre 2738 MD en 2023. Au total, 46 sociétés ont amélioré leurs résultats. Les poids lourds du Tunindex20 concentrent 77,5 % de ces bénéfices, soit 2403 MD, en progression de 10,7 %. Certaines entreprises affichent des performances spectaculaires : ICF (+193,1 %), MPBS (+181,2 %), Euro-Cycles (+121,3 %), SAH Lilas (+72,8 %), Land'Or (+84,6 %) ou encore Carthage Cement (+27,3 %). Trois secteurs dominent clairement cette dynamique : Services aux consommateurs : +73,8 %, dopés par des progressions impressionnantes comme Monoprix (+578 %), Cellcom (+332 %) et Artes (+56,8 %). Matériaux de base : +34,1 %, avec des champions tels qu'ICF, TPR (+16,8 %) et Air Liquide Tunisie (+16,1 %). Biens de consommation : +15,2 %, où Poulina Group Holding (+25 %), Land'Or (+84,6 %) et Délice Holding (+3,3 %) confirment leur solidité. Le secteur financier reste un pilier incontournable, avec un résultat global de 1986 MD (+9 %). Les banques dominent (+8,4 %), portées par une STB spectaculaire (+73,1 %), une BNA solide (+18,8 %) et la Biat (+5,8 %). Les compagnies d'assurances progressent de 10 %, tandis que les sociétés de leasing affichent +10,7 %. Autre signal fort : la générosité des entreprises envers leurs actionnaires. 49 sociétés ont distribué un total de 1568 MD au titre de l'exercice 2024, en hausse de 13 % par rapport à 2023. Ce rapport envoie un message clair : la bourse tunisienne s'affirme plus que jamais comme un outil de création de valeur, capable d'offrir des rendements supérieurs à tous les autres placements.
Immobilier et épargne : la grande désillusion Pendant que la bourse caracolait, l'immobilier vivait une annus horribilis. Les sociétés cotées, censées être les plus solides du secteur, se sont effondrées : Essoukna a vu son chiffre d'affaires chuter de 94 %, Simpar de 65 % et Sits de 33 %.
Côté prix, même constat. Dans la plupart des régions, la hausse n'a même pas suivi l'inflation (7 %). À Borj Cedria, les prix ont reculé (-5,8 %). À Raoued ou Yasmine Hammamet, ils stagnent à +1 ou +4 %. Même les quartiers les plus chers comme les Jardins de Carthage plafonnent à +4,1 %, ce qui, corrigé de l'inflation, représente une perte de valeur. Et l'épargne ? Depuis mars 2025, la Banque centrale a abaissé son taux minimum de rémunération à 6,5 %. Un placement sûr, certes, mais qui, face aux 13,75 % de la bourse ou aux dividendes records distribués l'an dernier (1568 MD), ne fait tout simplement pas le poids.
La bourse, un pari gagnant pour 2025 Face aux chiffres, il n'y a pas de place pour le doute. En 2024, la bourse tunisienne a offert des rendements deux fois supérieurs à ceux de l'épargne et bien au-dessus d'un immobilier en perte de vitesse. 13,75 % de hausse pour les actions contre 6,5 % pour l'épargne et à peine 5 % pour l'immobilier : l'écart est tel qu'il ne relève plus d'une simple tendance, mais d'une véritable rupture dans les habitudes d'investissement. Le rapport du 14 juillet vient d'ailleurs conforter cette évidence. Avec des dividendes en hausse, des secteurs en forte croissance et des sociétés qui affichent des résultats historiques, la place de Tunis confirme sa capacité à générer de la valeur, même dans un contexte économique tendu. Certes, la bourse n'est pas une valeur garantie : elle reste exposée aux aléas conjoncturels et nécessite de bien choisir ses placements. Mais pour les investisseurs prêts à diversifier intelligemment leur portefeuille, 2025 ressemble à une année d'opportunités. Les épargnants prudents continueront à se contenter de leurs livrets bancaires et des loyers générés par un appartement dont la valeur réelle est en chute, puisque sa croissance est en dessous de l'inflation. Les autres, ceux qui lisent vraiment les chiffres et comprennent leur portée, savent déjà que le vrai pari gagnant se joue désormais en bourse.