Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a vivement réagi, dans un communiqué publié jeudi 24 juillet 2025, en dénonçant une « censure grave » et une « ingérence inadmissible dans le travail rédactionnel ». Cette réaction fait suite à la suppression soudaine de l'interview de l'ancien ministre Faouzi Ben Abderrahman, diffusée la veille en direct dans l'émission Politika sur Jawhara FM, puis retirée dans la foulée de la page officielle de la radio. Pour le SNJT, l'explication avancée par la direction de Jawhara FM, qui évoque un « problème technique dû aux coupures de courant », n'est tout simplement pas crédible. Le syndicat affirme n'avoir relevé aucune perturbation lors de la diffusion et souligne que toutes les autres séquences de l'émission sont restées disponibles en ligne. « Ce type de pratique rappelle des méthodes révolues et constitue une atteinte directe à la liberté d'expression et au droit du public à l'information », alerte le syndicat, qui juge inacceptable qu'un média invoque des défaillances techniques pour dissimuler une suppression manifestement volontaire. Le SNJT appelle la direction de Jawhara FM à assumer ses responsabilités, à respecter les invités qu'elle reçoit et à garantir l'indépendance rédactionnelle de ses journalistes. Il rappelle, en outre, l'importance de la séparation entre les fonctions administratives et éditoriales au sein des médias, condition indispensable à la préservation d'une information pluraliste et libre.
Dans un post publié sur Facebook dès mercredi soir, Faouzi Ben Abderrahman avait déjà exprimé son étonnement et sa déception, dénonçant une censure injustifiée, d'autant plus qu'il affirme avoir tenu des propos critiques mais respectueux. Il précise que même l'animateur de l'émission, Zouhair El Jiss, n'avait pas été informé de cette suppression, qui a uniquement concerné la séquence politique. « J'ai commencé l'émission en saluant Jawhara FM comme l'un des rares espaces restants pour la liberté d'opinion. Ironie du sort, ce sera justement le passage censuré », déplorait-il dans son message, appelant la direction de la radio à fournir des explications claires. Il dénonçait également un climat médiatique de plus en plus étouffant pour les voix critiques, même modérées.