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Une profession à la reconquête de ses fondations
Publié dans Business News le 22 - 02 - 2008

Le secteur du bâtiment implique l'intervention d'une multitude d'intervenants, à la tête desquels, on devrait trouver en théorie les architectes. C'est effectivement à eux que revient la responsabilité de veiller à l'esthétique urbaine, à l'organisation de l'espace, et autre commodité des constructions qu'elles soient à usage d'habitation, commercial ou encore de bureau. En Tunisie, il en est autrement et les architectes se retrouvent en dernière position d'une chaîne cherchant vainement à se faire une place.
Retour sur une enquête de terrain menée par nos confrères de Réalités et les mesures présidentielles toutes récentes effectuées au profit de ce secteur névralgique.
Comme toutes les professions, le métier d'architecte ne manque pas d'intrus. Nombreux sont ceux qui se découvrent du jour au lendemain des talents de journaliste, d'artiste, de commerçant, de cafetier. Pourquoi donc pas ne pas devenir du jour au lendemain architecte, même si la loi l'interdit catégoriquement et clairement. Comme les avocats, comme les médecins, on ne devient pas architecte du jour au lendemain, mais suite à un long cursus et suite, surtout, à l'aval d'un Ordre. Le métier a cependant le chic de séduire d'autres disciplines qui lui sont à la fois proches et très différente. L'ingénieur, le promoteur, l'entrepreneur de bâtiment, l'architecte d'intérieur, et surtout les techniciens en architecture. Tous ne manquent pas de culot pour s'ériger en architecte, s'introduire dans le métier, et imposer leurs règles ! Pire encore, même le citoyen lambda prend parfois goût au métier. Il est vrai que le Tunisie est expert en tout !
Pourtant, si l'on revient aux origines, c'est l'architecte qui déclenche tout le projet, puisque c'est lui le concepteur. Toutes les autres disciplines interviennent à la suite de son travail. Or, entre la théorie et la pratique, il y a tout un monde, et dans la majorité des cas, l'architecte se retrouve dans l'inconfortable position du « dindon de la farce ». C'est ce qui ressort d'une belle enquête menée récemment par le magazine Réalités.
En effet, au regard de certains spécialistes, du côté du secteur public, toutes les règles sont chamboulées, et l'architecte se trouve « rattaché » à l'ingénieur avec un rôle limité à la gestion du projet. Et les choses ne sont pas meilleures du côté du secteur privé. Car, dans ce contexte, la concurrence ne manque pas. Une concurrence qui n'a rien à voir d'une compétition entre les architectes, mais plutôt d'une concurrence avec les intrus, notamment les techniciens supérieurs en architecture.
Ceux-ci, au sens de M. Moez Ben Hassine, architecte à l'Institut National du Patrimoine (INP) interrogé par notre consœur Hanène Zebiss, « sous le couvert de leur soi-disant, commerce de photocopie, de tirage et de sous-traitance des travaux graphiques, ces techniciens manipulent les plans qu'ils reçoivent». En d'autres termes, cela signifie, manipulation puis revente de ces plans à de potentiels clients. D'où cette interrogation : pourquoi exiger le cachet de l'architecte sur le plan, si tout le monde peut s'ériger en architecte ? A cette interrogation, l'architecte de l'INP répond :
«Il suffit de trouver un architecte malhonnête qui accepte de déposer son cachet contre une somme d'argent. Et le tour est joué. Pire, il y a même ceux qui laissent carrément leurs cachets à la disposition du propriétaire du commerce. Pour les architectes d'intérieur, il leur suffit d'embaucher de jeunes architectes à la recherche de travail pour profiter de leurs cachets». Il est vrai aussi que certains architectes sont acculés à ces méthodes (dont ils sont les premières victimes) pour pouvoir honorer leurs factures et leurs engagements.
Le phénomène cependant n'est pas nouveau, mais il commence à prendre de l'ampleur, car il s'avèrerait que certains agents municipaux ne manqueraient pas d'offrir leurs services aux citoyens, pour assurer ce rôle d'intermédiaire, entre eux et les architectes. On appose donc un cachet contre une fourchette de prix comprise entre 50 et 200 dinars ! Ce ne sont même pas de grosses sommes ! Faut-il rappeler que l'obtention d'un permis de bâtir exige un plan avec un cachet d'architecte ?
Autant d'éléments qui confirment que la profession est mal organisée et que la rigueur n'est pas du tout de mise. Conséquence ? C'est une profession qui se trouve dans la tourmente, avec des sources multiples de nuisance pour toute la chaîne. Résultats des courses, ces pseudo-architectes malhonnêtes accumulent les projets, alors que les autres se croisent les bras. D'où l'impératif de vigilance et de veille de l'Ordre des Architecte qui intervient d'ailleurs à chaque fois, qu'il y a un hic relevé.
Le citoyen, premier accusé
Dans ce sens, M. Karim Ellouze, président de l'Ordre des Architectes Tunisiens, a souligné que l'Ordre ne pardonne pas ce genre d'infraction. Il y a deux ans, confie-t-il, l'Ordre a saisi un poseur de cachet qui a eu 3.000 projets par an ! Qu'est-il advenu de cet imposteur ? On n'en sait pas grand-chose !
Une chose est sure, c'est que le poseur de cachet nuit essentiellement à la qualité de la construction ainsi qu'à l'esthétique urbaine et architecturale du pays.
Force est d'admettre que cette galère n'est que le fruit de la méconnaissance et de l'ignorance du métier et encore moins du rôle de l'architecte. Avoir recours à un architecte pour la conception d'un plan d'une construction ne fais, désormais pas, partie de la culture des citoyens et n'est pas enracinée dans la mentalité. Entre payer uniquement 150 dinars pour un poseur de cachet et des milliers de dinars d'honoraires d'architecte, le choix est vite fait et on se moque éperdument des risques encourus, notamment sur le plan de la sécurité.
Du côté des architectes, on affirme qu'ils ne sont pas aussi chers que cela et que les prix se négocient surtout qu'aucun barème
n'est établi pour évaluer la rémunération du travail de l'architecte dans le secteur privé, contrairement au secteur public, où la question est réglée par un salaire mensuel, prévu par les statuts de l'entreprise. Aussi, la porte est grande ouverte pour tous les abus, à tous les intrus et à toutes les spéculations, notamment entre les promoteurs immobiliers et les architectes. Ce dernier ne réussit jamais, ou peut-être rarement, à l'emporter sur le premier, qui impose ses règles et fixe ses prix.
Outre la galère de la concurrence, de l'intrusion et des prix bradés, les jeunes architectes, eux, vivent une autre galère. Il est difficile de se faire une place au soleil, dans un marché exigu dominé par quelques grands noms. Beaucoup d'anciens n'arrivent toujours pas à trouver place avec ces « grands noms ». Seule issue ? Se tourner vers les projets de l'Etat ; ce qui n'est pas gagné d'avance, l'appel d'offre étant le seul déterminant pour la sélection des architectes. Des appels d'offres fort exigeants pour les jeunes architectes, qui n'ont pas, forcément les références nécessaires.
Pour survivre, ces jeunes architectes donnent des cours dans les écoles privés et… prêtent leur cachet…. Avec un marché dans lequel s'introduisent 300 nouveaux diplômés chaque année, la concurrence se fait de plus en plus rude. Les stagiaires, pour leur part, souffrent de l'exploitation, du sous payement, quand ils réussissent à trouver un bureau d'architecture les acceptant.
Selon Karim Ellouze, « une fois assaini le secteur aura besoin du double des 2.392 architectes existant actuellement. Et, quand on pense aux projets grandioses que la Tunisie s'aprête à réaliser, grâce aux investissements des pays du Golfe, il ne s'agit nullement d'un mirage mais plutôt d'une réalité concrète. » Il est donc impératif que la profession retrouve ses fondations et que la loi soit appliquée avec grande rigueur et fermeté. Que peut faire l'Ordre ?
Il s'agit tout d'abord, d'exiger la présence d'un membre de l'Ordre dans les commissions de permis de bâtir, au sein de chaque municipalité. Objectif : lutter contre les poseurs de cachets. Et même si toutes les communes ne sont pas coopératives, l'Ordre est quand même présent dans environ 50 % des commissions sur tout le territoire national».
Ensuite, la création, en 2007 d'un cachet unique valable pour tous les architectes et renouvelable tous les ans. Une mesure qui a largement contribué à la réduction du nombre des poseurs de cachets.
Mesures présidentielles
Enfin, la sensibilisation du grand public au rôle et au métier de l'architecte, à travers les expositions et les rencontres directs avec le public.
L'ordre a, par ailleurs, sollicité le Ministère de l'Equipement, de l'Habitat et de l'Aménagement du Territoire, de réviser à la hausse le barème de rémunération, qui n'a pas été revisité depuis 1974, et de le généraliser sur le secteur privé afin d'éviter les spéculations et les abus.
Sans compter l'appel de l'Ordre à ses adhérents de s'unir dans des regroupements afin qu'ils puissent relever d'une part le défi de la compétitivité et de la concurrence et d'autre part de gagner des part de marché dans les grands projets qui seraient réalisés en Tunisie.
Comme tout cela n'a pas suffi, un conseil ministériel a été tenu le 14 février sous la présidence du Président Zine El Abidine Ben Ali.
Le conseil a passé en revue la situation de la profession et les moyens de promouvoir ses activités.
Il a été décidé ce qui suit :
* Protéger davantage la profession d'architecte contre les intrus.
* Encourager les nouvelles promotions d'architectes en les insérant dans la vie professionnelle, que ce soit dans le secteur privé ou à travers la généralisation progressive de leur recrutement dans les mairies.
* Inciter les architectes à s'installer dans les régions de l'intérieur du pays.
* Exhorter les architectes à créer des groupements de sociétés à haute aptitude et les aider à s'orienter vers l'exportation des services.
Le Président Zine El Abidine Ben Ali a mis l'accent sur la nécessité de promouvoir le secteur de l'architecture, de manière à élargir la contribution des architectes à la mise en œuvre des grands projets, dans le respect des normes de qualité et du cachet architectural tunisien.


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