La Tunisie a abrité, mercredi 12 novembre 2008 une importante conférence qui a réuni les ministres africains des finances et les gouverneurs des banques centrales africaines. Cette conférence, organisée par la Banque Africaine de Développement, ambitionne d'apporter une réponse africaine à la crise financière mondiale et de présenter une position commune avant le sommet mondial sur cette question devant se tenir à Washington le 15 novembre courant. «Personne ne pourra échapper aux effets de cette crise », a déclaré le président de la Banque africaine de Développement, Donald Kaberuka, à l'ouverture des travaux de cette conférence. Tout en soulignant que les institutions bancaires africaines sont demeurées relativement solides et les risques à court terme sont restés limités, M. Kaberuka a appelé les Africains à être «prudents et à approfondir les réformes au lieu de les alléger, mais aussi d'adopter une stratégie qui tienne compte de cette évolution ou, à tout le moins, qui nous prépare à faire face au pire, tant à court terme qu'à moyen terme ». «Nous constatons déjà la difficulté qu'il y a à accéder à des ressources financières", a admis le patron de la BAD, souligne que, le ralentissement de l'économie mondiale "entraînera une contraction générale du secteur privé et des faillites, notamment dans les secteurs tributaires de la demande internationale". Selon lui, cette situation ne peut qu'affecter la santé du secteur bancaire qui enregistrera une augmentation des défaillances. Avant la crise, poursuit-il, l'économie africaine progressait au taux moyen annuel de 6,5 %, alors qu'il serait maintenant ramené à 5 %. « Les perspectives économiques sont désormais très sombres », dira-t-il enfin. Mohamed Ghannouchi, premier ministre tunisien, a pour sa part indiqué que "Nous devons mobiliser toutes nos énergies pour relancer la croissance et permettre aux pays qui jouent la carte de la mondialisation de ne pas être pénalisés". M. Ghannouchi a évoqué les réformes entreprises par les pays africains, tout en faisant observer que l'Afrique risque de subir le contrecoup du fléchissement des cours des matières premières, ce qui peut freiner la dynamique de certains pays africains. Le Premier ministre a souligné l'importance pour l'Afrique de redéployer les énergies, en mettant l'accent sur l'agriculture et la réalisation de l'autosuffisance alimentaire et l'investissement dans l'infrastructure et les équipements collectifs pour améliorer l'environnement des affaires. Il s'agit, également, de former un capital humain plus apte à assurer une combinaison optimale des facteurs de production. Pour cela, il importe, selon lui, de déployer davantage d'efforts en matière de promotion des ressources humaines (formation, éducation, santé). L'Afrique est appelée, a affirmé le premier ministre, à promouvoir un partenariat gagnant-gagnant avec les pays développés. S'agissant de la Tunisie, M. Ghannouchi, a indiqué que le pays a développé un approche basée sur le compter sur soi, l'ouverture sur l'extérieur et la multiplication des accords de coopération et en premier lieu la signature d'un accord d'association avec l'Union Européenne. Depuis le 1er janvier 2008, nous sommes en totale zone de libre-échange avec l'Union Européenne pour les produits industriels. Ce processus d'intégration et d'ouverture progressive sur l'extérieur a été accompagné par la mise en uvre d'une série de réformes et programmes ambitieux qui ont touché tous les domaines social, économique et financier. ( ) Le premier ministre a avancé "nous ne baissons pas cependant les bras. Nous pensons que nous avons des marges d'amélioration de la compétitivité qui peuvent nous permettre de réduire l'impact de la récession qui se précise dans les pays développés". Des mesures sont d'ores et déjà annoncées pour préserver la dynamique de croissance et de création d'emplois. L'action gouvernementale s'articulera, comme cela a été annoncé par le Président de la République, autour de 5 axes principaux, en l'occurrence, l'amélioration des prestations fournies par le secteur public et l'optimisation des procédures du commerce extérieur, la consolidation du secteur bancaire, l'accélération des programmes d'investissements publics essentiellement dans le domaine de l'infrastructure et des équipements collectifs, le renforcement de la formation professionnelle et la préservation des fondamentaux dans les domaines économiques et financiers. Car l'enseignement majeur que l'on peut tirer de la crise actuelle et des crises précédentes, c'est qu'au delà des mesures à court terme pour en contenir les effets, il faut préparer l'économie pour l'avenir par des actions à moyen terme, a précisé M. Ghannouchi. Ce genre de crises doit être en effet davantage une occasion pour approfondir les réformes en vue de renforcer la compétitivité de l'économie qui constitue le principal moyen pour tirer profit des opportunités offertes et minimiser les risques de la mondialisation, a t-il conclu. Synthà ̈se N.B, d'aprà ̈s TAP et APA