Qui n'a pas souffert durant les ramadan des dix dernières années (au minimum) de la déferlante publicitaire à la télévision ? Aucun téléspectateur n'y a échappé. Si l'envie lui vient de regarder une émission sur une chaîne tunisienne, il lui est impossible d'échapper à un spot publicitaire quoiqu'il fasse. Il a beau crier au scandale, demander un minimum de respect, boycotter les marques qui l'envahissent le plus, citer les exemples britanniques et français où la pub est interdite dans la télé publique, du moins le soir pour la France, rien n'y fait. Oussama Romdhani, ministre de la Communication a décidé de prendre le taureau par les cornes en réglementant, enfin, les modalités de diffusion. Mieux vaut tard que jamais ! Le ministre de la Communication ne sera jamais assez remercié par les téléspectateurs ! C'est l'arrêté ministériel le plus attendu par les Tunisiens. Ou, du moins, par les « téléphiles » tunisiens. Celui qui réglemente les modalités de diffusion des spots publicitaires sur les chaînes de télévision publiques et privées. A l'instar de l'ensemble des pays civilisés. Cet arrêté, tant attendu, a été enfin publié par le ministre de tutelle, Oussama Romdhani dont le nom restera gravé à jamais dans l'histoire audiovisuelle de la Tunisie. Il nous fallait bien cet arrêté et le téléspectateur tunisien méritait bien le respect de la part des télés et des annonceurs. Désormais, et à la lumière de ce nouvel arrêté, les modalités de diffusion des spots publicitaires sur les chaînes de télévision publiques et privées sont définies comme suit : - la durée maximale consacrée à la diffusion des spots publicitaires est fixée à dix(10) minutes pour chaque heure d'antenne. Cette durée peut être élevée à quatorze (14) minutes pendant le mois de Ramadan. - la durée maximale d'une seule page publicitaire sans interruption est fixée à huit (8) minutes, - le temps consacré à la diffusion des spots publicitaires d'intérêt général n'est pas comptabilisé, - une période minimale de quinze (15) minutes doit séparer deux interruptions publicitaires successives à l'intérieur d'une uvre télévisuelle ou cinématographique. - la durée maximale d'un seul spot publicitaire est fixée à soixante(60) secondes. Ces dispositions qui concernent les chaînes publiques et privées entreront en vigueur à partir du 1er octobre 2010 et sont exclus de l'application des dispositions prévues à l'article premier les spots publicitaires diffusés pendant la retransmission en direct des manifestations sportives et culturelles qui sont assujettis à un régime spécial fixé par le ministre chargé de la Communication. Avec cet arrêté, le paysage audiovisuel prend une autre tournure. Indisciplinées, il fallait bien une réglementation pour que les chaînes de télévision privées et publiques respectent leurs téléspectateurs. Sous d'autres cieux, on est allés jusqu'à interdire totalement la pub de la télévision publique. L'idée étant qu'un service public, déjà payé par le contribuable, a une mission particulière culturelle et éducative et n'a pas à faire la course aux recettes publicitaires. Faire cette course, à l'instar de Tunisie 7, lui fait inévitablement oublier sa mission de service public. Le privé, en revanche, a la mission d'attirer la masse et les annonceurs afin de rentabiliser son investissement. En contrepartie, il crée de l'emploi, des émissions locales (50% selon la loi) et paie ses taxes et impôts. Il n'a pas à être concurrencé par les chaînes publiques qui enfreignent les règles élémentaires de la concurrence puisqu'elles se font financer doublement par le contribuable et par les annonceurs. Dans certains cas, comme en France, on a créé des cas spéciaux. Canal +, par exemple, a l'obligation d'acheter des fictions cinématographiques françaises. Les chaînes publiques, quant à elles, sont interdites à partir de 20 heures de diffuser de la pub et ce grâce à une loi annoncée par le président Nicolas Sarkozy. Cette loi sera élargie à toute la journée dès 2014. Elle aurait même dû démarrer dès novembre 2011, s'il n'y avait pas la crise et les problèmes budgétaires. Quand est-ce que cela va être le cas en Tunisie ? Nous n'en sommes pas encore là, mais on y arrive. A la lecture du programme présidentiel 2009-2014 et au vu de ce qui se passe au ministère de la Communication, on tient à ce que le paysage médiatique tunisien soit moderne et digne de la Tunisie du XXIème siècle. Et quand on dit un paysage moderne, il est inévitable que l'on prenne des décisions similaires à cet arrêté ou encore à l'interdiction totale de la pub des supports publics. Reste à savoir maintenant comment les chaînes vont se financer après que le ministère leur a limité le temps de diffusion les privant ainsi d'une certaine manne publicitaire. La solution est toute simple et inévitable. Le temps de diffusion étant devenu plus rare, il sera clair qu'il deviendra plus cher. Il ne sera plus donné à tout un chacun de diffuser sa pub à la télé, juste parce qu'il a quelques milliers de dinars. Le secteur ne pourra que mieux se porter ! Nizar Bahloul