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Tunisie - Tariq Ramadan : Les Etats-Unis misent tout sur la Tunisie
Publié dans Business News le 26 - 02 - 2012

Tariq Ramadan, islamologue et universitaire suisse, est de passage en Tunisie pour promouvoir son dernier livre sur le « Printemps arabe ». Lors d'une conférence de presse, hier 25 février 2012, il est revenu sur son analyse des révolutions arabes, qu'il préfère appeler « des soulèvements » et déclaré qu'il ne s'agissait pas là d'un réel printemps arabe, car l'exemple tunisien, pour lequel les observateurs étrangers disent être optimistes, n'a pas été transposé sur les autres pays arabes. « Les Etats-Unis ne sont bien sûr pas étrangers à ces soulèvements populaires et pour le monde occidental, le monde arabe est un jeu d'échec dans lequel il s'agit de bien placer ses pions. C'est pour cela que les Etats-Unis aujourd'hui misent tout sur la Tunisie et sur la réussite démocratique de ce pays, comme exemple à suivre, car il est le seul à être sur la bonne voie, à condition d'être vigilant et de faire les bons choix. Dans les autres pays qui ont connu un renversement du pouvoir, d'autres éléments entrent en jeu et ils sont victimes de multiples manipulations, ce qui tend à les faire régresser plus qu'avancer. C'est pour cela que l'on ne peut pas parler d'effet domino, ni de printemps arabe, la Tunisie fait, pour le moment, figure d'exception ».
À la Villa-Didon, un des hôtels les plus branchés de la banlieue nord, vue sur mer, un ciel bleu et un soleil de plomb, Tariq Ramadan saura se faire attendre, le temps de remplir convenablement la salle transformée en salle de conférence. Une visite éclair de deux jours, et un emploi du temps de ministre, Tariq Ramadan n'aura pas beaucoup de temps à accorder aux journalistes, il doit aller débattre entre intellectuels tunisiens à quelques mètres de là, à Beit El Hikma et surtout rencontrer le président provisoire de la République, toujours dans les environs, pour « lui poser des questions ».
Tariq Ramadan est connu en France pour être une personnalité controversée. Les intellectuels français ayant du mal à le cerner ou à comprendre ses prises de positions, trop occupés qu'ils sont à être enfermés dans un prisme occidental primaire, ne trouveront rien de mieux que de critiquer un supposé « double discours », ou de le comparer à certains membres de sa famille, affiliés à la mouvance des Frères musulmans en Egypte, mouvance islamiste à laquelle Tariq Ramadan a toujours nié son appartenance, malgré le lourd héritage laissé par son grand-père, Hassan El Banna, fondateur du mouvement.
Tariq Ramadan ne ratera bien sûr pas l'occasion de faire référence à ces critiques. Citant Jean Daniel ou Bernard Henri Lévy, il critiquera le manque de perception de ces intellectuels qui, selon lui, ne parviennent pas à assimiler les particularités des cultures arabo-musulmanes. Mais Tariq Ramadan est en Tunisie, devant un parterre de journalistes tunisiens, venus écouter ce qu'il a à dire de la situation tunisienne, et, accessoirement, poser des questions.
« Cela fait 23 ans que je ne suis pas venu en Tunisie », déclare-t-il dans son discours, car selon l'avis de ses conseillers, « un accident est vite arrivé » et sa présence ne semblait pas être désirée du temps de Ben Ali. Malgré cette longue absence et une visite de deux jours, dans les quartiers les plus favorisés de la capitale, avec des invités triés sur le volet à chacune de ses apparitions, Tariq Ramadan sait de quoi il parle. Il renvoie les laïcs et les islamistes dos à dos, critiquant les premiers pour leur référent «occidentalisé» et leur vision faussée de la laïcité, et les seconds pour leurs difficultés à accepter la différence et la diversité culturelle, mettant le doigt sur l'importance de l'économie et de l'éducation, pour la réussite du processus démocratique.
Concernant la question de la culture, et répondant à la question d'un journaliste lui demandant les raisons pour lesquelles il s'exprime en français, Tariq Ramadan fera justement référence à cette intolérance propre à «certains islamistes», qui, selon lui, doivent apprendre à accepter la différence et la richesse culturelle. « Il faut gérer la pluralité plutôt que rejeter les spécificités et les singularités, à partir d'un référentiel qu'on ne rejette pas (NDLR : faisant référence à l'appartenance à une culture arabo-musulmane de la Tunisie), mais qui ne doit pas être exclusif », affirme-t-il. Sur son choix de s'exprimer en français, M. Ramadan rétorquera qu'il est préférable d'additionner les cultures et d'en assimiler le plus grand nombre possible que de les soustraire les unes aux autres : « Le fait de savoir parler en arabe et en français est préférable au fait de ne savoir parler qu'une seule langue et d'entreprendre un rejet des autres cultures, démarche assimilable à un repli identitaire », souligne-t-il en substance. En outre, abordant le sujet de l'art et de son rejet par certains obscurantistes, Tariq Ramadan affirme que l'Islam favorise la création artistique, donnant une importance à la notion du «beau».
Tariq Ramadan poursuit sur l'islamisme, affirmant qu'il n'y a pas qu'un seul type d'islamisme et que le mouvement Ennahdha, y compris, est traversé par plusieurs courants. Celui qui défend les valeurs de la démocratie et respecte la pluralité doit être accepté par les laïcs. Abordant cette question de la laïcité, Tariq Ramadan affirme que si on prend en compte la vraie définition de la laïcité, elle ne s'oppose en rien avec l'Islam, au contraire, car dans la religion musulmane il n'y a pas de clergé. Le mot laïcité pouvant avoir une connotation négative, M. Ramadan préfèrera le terme d'Etat civil à celui d'Etat laïc, un Etat dont le but n'est pas d'annihiler l'identité religieuse d'une population, mais qui ne s'inspire pas non plus du religieux pour gérer les spécificités propres aux individus, tout en permettant la pratique religieuse.
Tariq Ramadan critiquera également les laïcs tunisiens qu'il juge enfermés dans une conception de la laïcité que l'on connaît en France et qui est loin d'être un exemple à suivre, affirmant par ailleurs que la polarisation entre laïcs et islamistes n'est pas souhaitable, et qu'il faut laisser de côté ses émotions pour agir rationnellement et permettre le dialogue entre les différents courants. Il fera à ce sujet référence à la polémique créée par la visite de Wajdi Ghenim, affirmant que si le discours de Wajdi Ghenim est à condamner, notamment sur l'excision, il faut ignorer ce type de polémique stérile qui participe à la polarisation et à la détérioration du dialogue.
Enfin, concernant les salafistes, Tariq Ramadan déplore leur manque de recul et de discernement, affirmant que « l'Islam n'est pas : tu écoutes et tu répètes, l'Islam est : tu écoutes et tu questionnes », d'où la nécessité de l'éducation, de la culture et de l'encouragement de l'esprit critique qui fait encore défaut.


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