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La parole dans tous ses états
Ramadan et Talbi au Palais des congrès
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 03 - 2012

Le dimanche 26 février après-midi, Tariq Ramadan est passé au Palais des congrès. Il y avait du monde, beaucoup de monde, de toutes les appartenances. Les chanceux, munis de leurs invitations, cherchent les meilleures places à l'intérieur. Dehors, les moins chanceux gardent espoir. Et puis l'attente, beaucoup d'attente. Notre invité a un emploi du temps surchargé. Quand il arrive enfin, la salle s'anime, avant de laisser s'exprimer ceux qui sont sur scène. Un jeune animateur présente rapidement Tariq Ramadan et Mohamed Talbi, venu à la demande des organisateurs présenter Ramadan, à sa manière.
Le clash de Mohamed Talbi
On ne présente plus Mohamed Talbi et Tariq Ramadan. Les deux font couler beaucoup d'encre. Disons que ce sont deux islamologues venant de deux écoles (très) différentes. En présentant le deuxième, le premier ne s'est point retenu pour le souligner. Talbi pense que Tariq Ramadan est farouchement attaché à la chariâa et qu'il en est le défenseur. Son écriture est « d'une fausse courtoisie. Une courtoisie qui banalise le discours», a-t-il dit, au début de son allocution. Il admet quand même que « présent partout dans les médias et les librairies, son prestige est grand » et que c'est « un personnage indiscutablement charismatique ». «Ma religion est la liberté », fut la phrase que Mohamed Talbi a placée en transition de son discours, pour marquer sa différence de ce que représente pour lui Tariq Ramadan. « Nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde. Vous êtes un salafi rigoureux. Vous cherchez avec l'Occident des accomodations. Vos ouvrages sont le contrepoint de ma ligne de pensée », c'est ainsi qu'il s'est adressé à lui avant d'affirmer être pour une laïcité musulmane et coranique. Pendant le mot d'introduction de Talbi, beaucoup de voix dans la salle se sont élevées pour demander à ce que l'on cède enfin la parole à Tariq Ramadan. « Nous sommes venus pour l'écouter lui », disaient-ils. L'islamologue tunisien a tenu à finir ce qu'il avait à dire, devant son homologue égypto-suisse, visiblement surpris et gêné de ses paroles.
Un Tariq Ramadan égal à lui-même
En s'adressant à son public, Ramadan a commencé par dire que beaucoup plus qu'être surpris — par la présentation de Talbi —, il était choqué de l'attitude de la salle, dans le sens où même si l'on n'est pas d'accord avec quelqu'un, on se doit de lui être respectueux. Sans transition, Ramadan a dit que les Tunisiens ont une responsabilité historique, celle de porter un projet. «Vous ne vous êtes pas débarrassés d'une dictature pour être passifs », a-t-il ajouté. Il est ensuite revenu aux déclarations de Mohamed Tabli, pour clarifier que dans certains de ses ouvrages, il analyse la pensée d'autrui et cela ne veut pas dire qu'il l'adopte. Concernant la chariâa, « avant de dire que je l'adopte, il faut voir la définition que j'en donne dans mes ouvrages », a-t-il répondu. Pour lui, la chariâa, c'est la loi, celle qui considère que les Hommes sont égaux. C'est donc une question de terminologie et c'est l'une des substances de son dernier ouvrage, « L'islam et le réveil Arabe », dans lequel il affirme avoir refusé d'utiliser deux termes. Le premier est « révolution ». A ce mot, Ramadan préfère utiliser soulèvement. « Un processus dans lequel la Tunisie est le pays le plus avancé, mais c'est peut-être l'arbre qui cache la forêt des échecs des autres » a-t-il expliqué, ajoutant qu'en Egypte, au Yémen, en Syrie et en Libye, il y a encore des milices qui refusent de rendre les armes, en plus d'une mainmise étrangère sur l'économie du pays.
Le deuxième mot est « printemps ». « Il y a eu un vrai mouvement populaire dans les pays arabes, encouragés par la Tunisie, mais ce qu'on conçoit comme un effet domino, je le conçois comme un jeu d'échecs », a-t-il déclaré. Pour lui, la reconnaissance du courage de ces peuples s'accompagne d'une lecture des faits. La sienne prône qu'il y a eu une volonté au niveau international de voir du changement dans le monde arabe, mais pas pour les mêmes raisons. Ici, Tariq Ramadan pointe directement du doigt Paris et Washington qui visent une nouvelle domination économique alors que, selon lui, il y a un déplacement vers l'Est (Chine, Inde, Russie) des enjeux géostratégiques.
Dans son allocution, pendant laquelle il a quand même fait son quart d'heure de prêche islamique, Tariq Ramadan s'est montré égal à lui-même et fidèle aux idées qu'il développe dans son ouvrage. Parmi lesquelles, il y a celle affirmant que des cyber-dissidents arabes, dont 22 Tunisiens, ont été formés par Google depuis 2003, avec un financement américain. Ce par quoi l'islamologue invite les Tunisiens à avoir de la lucidité et essayer de comprendre ce qui est en train de se passer. « Il faut réveiller la conscience avec l'énergie», a-t-il résumé. Face à la nouvelle donne en Tunisie et en Egypte, « où on nous disait l'islam politique mort », le plus grand défi selon Ramadan, après la chute du régime, est la polarisation, « jusque-là stérile, à cause des vieux schémas et du manque d'écoute et de dialogue ». Dans ce sens, et au-delà des différences que l'on peut avoir avec ses opinions, Tariq Ramadan est un homme à écouter, surtout quand il appelle à la réflexion et à un sage usage de la parole, loin de l'émotion, et quand il demande à ce que nous fassions un effort intellectuel, pour connaître notre histoire et se réconcilier avec.


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