La Chine prend racine : Après le pont de Bizerte et le stade d'El Menzah un autre projet, dans le phosphate    Marchés africains : Les exportateurs tunisiens peuvent compter sur la Douane, son patron s'engage    Adhésion de la Palestine à l'ONU : La Tunisie regrette le nouvel échec du Conseil de sécurité    Le comité de défense des détenus politiques appelle à respecter les délais de détention provisoire    France : Le deuxième imam expulsé en moins de 24h pour ses propos sur les Juifs, un Algérien, mais il y a un os…    La Tunisie s'illustre dans la consommation de café : Classements mondiaux    Classement des pays les plus endettés par rapport à leur PIB en 2023    Visite de la Ministre Leila Chikhaoui à Zaghouan    Kasserine : un grave accident de la route fait quatre morts    68e anniversaire de la tunisification des forces de sécurité intérieure : Défendre corps et âme la Tunisie    38e édition de la Foire internationale du livre de Tunis : Kaïs Saïed inaugure la Foire du livre et évoque la politique culturelle et éducative au cœur du projet républicain    Ministère des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens de l'étranger : «Le vote des membres du Conseil de sécurité dévoile les responsabilités de toutes les parties dans la violation des droits légitimes et inaliénables du peuple palestinien»    Plénière inaugurale du Conseil National des Districts et des Régions : Imed Derbali élu président de la nouvelle Chambre haute    Tunisie-Etats-Unis Entraînement conjoint tuniso-américain    Registre national des entreprises-Ministère de l'Emploi et de la solidarité sociale du Québec : Signature d'un protocole d'entente entre la Tunisie et le Québec pour la facilitation des échanges    Transport terrestre en commun : Digitalisation et équipements attendus en renfort    Pourquoi | Assez d'insouciance !    Aujourd'hui à Kairouan : Premier festival des roses    "Namaa Tounes" : L'ancien compère de Ghannouchi devant la Chambre criminelle    Lancement de «Cinematdour» : Le beau rêve du cinéma ambulant !    Volley – Un nouveau bureau fédéral élu : Bon vent!    Play-out compliqué pour l'USBG : Sortir la tête de l'eau    Nouveau pont de Bizerte : Les entrepreneurs tunisiens carburent et assurent, pas comme au stade d'El Menzah    Médina de Tunis-Hammams traditionnels et multiséculaires : Menacés de disparition    Météo : La saison des pluies n'est pas finie    Retrait annoncé des troupes américaines du Niger    Les familles des détenus politiques empêchés, de nouveau, d'approcher de la prison de la Mornaguia    Pèlerinage Ghriba, barrages, Conseil des régions… Les 5 infos de la journée    Classement des pays producteurs d'or en 2022    La Tunisie abrite l'exercice militaire conjoint « African Lion 2024 »    L'acteur égyptien Salah El Saadany est décédé à l'âge de 81 ans    Arrestation d'un troisième terroriste à Kasserine en 24 heures    Le gouverneur de la BCT s'entretient avec des investisseurs sur les marchés financiers internationaux    12 candidats à la présidence du Conseil national des régions et des districts    Augmentation de 10,7% de la production de poulet de chair    Reprise progressive du trafic à l'aéroport de Dubaï    Le taux de remplissage des barrages baisse à 35,8%    Le livre 'Les Italiens de Tunisie' de Gabriele Montalbano présenté à la librairie Al Kitab Mutuelleville    Kais Saied inaugure la Foire internationale du livre de Tunis    Abdelaziz Kacem: À la recherche d'un humanisme perdu    Un bus de touristes frôle la catastrophe    Une nouvelle injustice entache l'histoire de l'ONU : Le Conseil de sécurité échoue à adopter une résolution demandant la pleine adhésion de l'Etat de Palestine    CSS : La coupe pour se requinquer    Météo en Tunisie : Vent fort et températures en baisse    Aujourd'hui, ouverture de la 38e Foire nationale du livre de Tunis    Situation globale à 9h suite la confirmation d'Israël des frappes sur le sol iranien    Stuttgart : Ons Jabeur éliminée en huitièmes de finale    La Juventus condamnée à payer près de 10 millions d'euros à Cristiano Ronaldo    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Tunisie : Tariq Ramadan, «Le printemps arabe est un jeu d'échecs»
Publié dans WMC actualités le 27 - 02 - 2012

Tariq Ramadan, connu aussi pour être le petit-fils de Hassen Al Banna, fondateur des Frères musulmans, affirme que cette visite n'est liée à aucun courant politique. «J'ai reçu des invitations de toute part. Dès le départ, j'avais une position claire. J'avais envie de venir. Mais mon souci était de ne pas être un instrument de récupération dans un sens ou dans l'autre», lance-t-il, lors de la conférence de presse organisée le 25 courant.
C'est la librairie Al Kitab qui a organisé tous les événements de la visite, englobant une table ronde avec des intellectuels tunisiens à Beit Al Hikma, une conférence au Palais des congrès, des séances de dédicaces de son livre et des rencontres avec des politiciens tunisiens, parmi lesquels le président provisoire Moncef Marzouki. «Je suis venu pour écouter, échanger et poser des questions», a-t-il dit.
Quant à ces origines familiales, l'intellectuel suisse affirme ne pas les nier, et ce n'est pas une faute. «Je dirais même que c'est une insulte de le penser. Je suis né en Europe et je suis le fils de mon grand-père. Et comme toute figure historique, il y a des questions avec lesquelles j'adhère et d'autres que je mets dans leur contexte historique», explique-t-il.
Révolution ou soulèvements?
M. Ramadan a sa propre vision de ce qui se passe actuellement dans le monde arabe. Le terme «révolutions» n'est pas approprié, selon lui, et lui préfère le terme «soulèvements» dans lesquels les forces occidentales, spécialement les Etats-Unis d'Amérique, ont eu un rôle dans leur aboutissement. Selon lui, cette volonté de démocratiser le Moyen-Orient n'était pas nouvelle et date de 2003, lorsque le président George W. Bush expliquait que l'islam ne s'opposait pas à la démocratie et que la guerre en Irak était un premier pas vers un mouvement démocratique global au Moyen-Orient.
«Le gouvernement français a été pris de vitesse par les événements mais pas les Etats-Unis. Il y a même des preuves que le département d'Etat américain était impliqué dans le départ de Ben Ali. Il ne faut pas être naïf sur les enjeux politiques. Les Américains ont beaucoup d'espoir pour la Tunisie parce qu'ils veulent montrer que ça marche», pense-t-il.
Dans son livre, il parle de formations dispensées pour des jeunes activistes et blogueurs dans trois ONG financées par l'Etat américain (Albert Einstein Institute, Freedom House et International Republican Institue). Toutefois, il précise que les soulèvements arabes, ni totalement imprévisibles ni totalement autonomes, ne sont pas des manipulations sous contrôle de l'Occident comme le suggèrent les plus pessimistes.
«Ce que je vous dis est que le printemps arabe qui nous a été présenté comme un effet domino, c'est un jeu d'échecs. La Tunisie peut réussir et les autres peuvent échouer. Ce que je demande aux Tunisiens comme pour tous les Arabes, soyez moins émotionnels et plus lucides sur les enjeux!», ajoute Tariq Ramadan. Des enjeux qui prennent compte de la réalité politique des tensions internationales entre d'un côté les nouveaux acteurs (Chine, Inde, Russie, Afrique du Sud, Turquie) et les anciennes forces politiques (Etats-Unis et l'Europe), de l'autre.
Islam politique…
Et l'Islam politique dans tout cela? Pour lui, ce qui se passe actuellement dans le monde arabe a montré que l'islam politique n'a jamais disparu comme le prétendait certains intellectuels européens à l'instar de Gilles Kepel. Il ne suffisait pas d'une dictature pour arrêter l'opposition islamique. «En Europe, et durant les premiers moments des mouvements populaires de résistance, on a tout de suite entendu «attention les islamistes!». Ben Ali lui-même l'a dit, et puis on s'est rendu compte que ce n'était pas le cas. Il a fallu leur rappeler que ceux qui se sont soulevés en Tunisie ou en Egypte n'étaient pas moins musulmans parce qu'ils aspiraient à la liberté et la démocratie. Il y avait un discours très positif. Puis, il y a eu les élections et le premier discours est revenu… Jean Daniel a même dit que «Dieu a volé la révolution tunisienne», cite-t-il.
Dans les sociétés arabes d'aujourd'hui, il n'y a pas un seul courant islamiste mais plusieurs courants. Il y a des tendances très différentes. Et tous les courants qui acceptent l'Etat de droit et le processus démocratique doivent être partie prenante, sans pourtant être moins vigilant à leur égard. Il ne s'agit pas de plaire aux forces occidentales. Il estime que les différentes tendances politiques doivent se parler et sortir de la polarisation, en ajoutant que certains, en Tunisie, ont plus l'esprit à Paris que l'esprit à Tunis, importance des positionnements intellectuels et une laïcité de combat qui n'est pas tunisienne.
«Il ne suffit pas d'être Tunisien avec le passeport et Français avec l'esprit. Il faut décoloniser vos têtes. Mais ça ne veut pas dire qu'en décolonisant sa tête, on ne pose pas les vraies questions. Est-ce que ceux qui se référent à l'islam vont respecter la liberté? Est-ce qu'ils vont poser les vraies questions? Il faut prendre les gens au mot. Aller compter le nombre de foulards dans la rue pour savoir si la société est islamiste, ceci ne m'intéresse pas! Ce qui m'intéresse c'est de savoir combien d'emplois vous avez créés? Quel type de politique économique vous adoptez? Quel type de relations régionales vous construisez?», lance-t-il.
Laïcité…
D'un autre côté, il a souligné qu'il ne suffit pas non plus d'être laïc pour être libéral. Ce n'est pas une garantie intellectuelle de démocratisation. Selon lui, la laïcité telle que vécue en Afrique du Nord et au Moyen-Orient est totalement différente de celle de l'Europe. Alors que celle-ci est venue pour sépare les deux autorités, politiques et religieuses, dans le monde arabe, elle était un prétexte pour contrôler la religion. Ce qui fait que la laïcité est actuellement perçue comme contraire à la religion. On la mélange même avec l'athéisme.
Il a aussi signalé qu'il ne faut pas nier le référentiel musulman, au contraire il faut le rendre exclusif à toute autre référence. Il est nécessaire de cultiver les diversités plutôt que renvoyer les différences. «La référence éthique et la référence religieuse ne sont pas les seules à faire le parfum d'un pays. Le parfum d'un pays c'est sa diversité culturelle, c'est aussi l'art, c'est l'expression artistique. Ceci fait, d'ailleurs, partie de nos traditions islamiques».
Tariq Ramadan estime qu'on peut être musulman pratiquant et vivre dans un Etat civique (madani). «C'est ce qui constitue la spécificité de l'islam, de ne pas s'imposer à l'Etat comme le clergé s'impose; mais de donner à l'Etat la possibilité d'être élu. Si on comprend très bien la laïcité, il n'y a aucun problème à être musulman et laïc».
Polarisation…
Concernant le débat controversé entre le courant islamiste et le courant laïc, il a indiqué qu'il ne faut pas tomber dans la polarisation et justifier ses propres défaillances à l'autre. «Cette société tunisienne a plusieurs identités, plusieurs cultures, plusieurs langues. Il y a une majorité religieuse mais qui n'est pas exclusive. A partir de ce moment, il faudra gérer la pluralité plutôt que rejeter les spécificités et les singularités. C'est une donnée très importante qui déterminera l'avenir de la Tunisie et de la région», a-t-il tenu à préciser.
D'ailleurs, la controverse suscitée suite à la visite du prédicateur égyptien Wajdi Ghoneim, est, selon lui, révélatrice de ce qui se passe en Tunisie. Chaque mouvement va essayer de trouver un élément pour susciter la controverse et amener les gens à la polarisation, alors qu'il faut absolument éviter cela. «Il faut éviter les manipulations, être moins émotif et plus politiquement conscient. A un moment, il faut ignorer les controverses contreproductives. Vous allez gagner en construction politique du pays. De tous les pays, vous êtes le pays le plus avancé et qui a plus de chance de réussir. Il faut être patient, Ben Ali est parti vite, la construction du pays va prendre du temps. Transformez l'émotion du soulèvement en intelligence de la construction!».
- Tous les articles sur Printemps arabe


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.