Lors de l'émission « 9h du soir » diffusée sur la chaîne Ettounissia, jeudi 22 mars 2012, Habib Ellouze, élu d'Ennahdha à l'Assemblée nationale constituante a appelé à un référendum sur la Chariâa assurant que «si le peuple tunisien avait à voter pour l'instauration de la Chariâa dans la nouvelle constituante, 80% au moins voteraient pour». Lors de son intervention, Habib Ellouze a tenu à affirmer qu'il n'y avait aucune contradiction entre les valeurs nationalistes de la Tunisie et la Chariâa islamique et qu'il existait, au sein de l'Assemblée nationale constituante, un consensus entre les différentes parties sur l'identité arabo-musulmane de la Tunisie. Selon lui, deux tiers des députés de l'ANC seraient en faveur de l'instauration de la Chariâa dans la nouvelle constitution.
Un détail que semble ne pas partager Fadhel Moussa, député du groupe démocratique au sein de l'ANC, qui affirme que même si l'identité arabo-musulmane de la Tunisie, consacrée par le 1er article de la Constitution, n'est pas à débattre, l'adoption de la Chariâa comme source principale ou unique de législation est actuellement sujet de discorde. Assurant ainsi que «l'Islam n'est pas le problème» et que l'identité islamique de la Tunisie sera consacrée par de nombreux articles de la constitution, sans pour autant recourir à une inspiration principale et exclusive de la Chariâa. Egalement présente lors de cette émission, Sana Haddad, élue d'Ennahdha au sein de l'Assemblée nationale constituante, ajoute - lors d'une intervention qu'elle juge « plus juridique» - que se restreindre au 1er article de la Constitution n'est qu'un consensus superficiel vu les failles que pourrait contenir une Constitution non inspirée de la Chariâa. Mme Haddad affirme en ce sens que «des revendications citoyennes telles que la légalisation de l'usage des drogues douces ou du mariage homosexuel, pourraient trouver refuge dans une Constitution dont le caractère islamique se restreint à l'article 1». En effet, selon elle, l'inspiration directe de la Chariâa pourrait faire naître une constitution juridiquement stricte et ne laissant pas de porte ouverte à toutes sortes d'interprétations et de dérives.