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Tunisie - Une mascarade à l'Assemblée constituante
Publié dans Business News le 12 - 04 - 2012

« Une scène kafkaïenne », c'est ainsi que l'élue PDM, Nadia Chaâbane, a décrit les débats de l'Assemblée constituante, sur son compte twitter, après qu'Ali Laârayedh et le porte-parole du ministère de l'Intérieur, aient présenté leur version, pour le moins partiale, de ce qui s'est passé le 9 avril courant, lors de la célébration de la fête des martyrs, au centre-ville de Tunis.
La mascarade des élus de l'Assemblée ne faisait que commencer. Ce qui devait être une séance pendant laquelle Ali Laârayedh devait répondre des événements tragiques qui se sont déroulés lors des manifestations du 9 avril, s'est transformée en une comédie réelle, composées de quelque 200 acteurs, digne des plus grandes pièces du théâtre de l'absurde.
Plusieurs scènes pourraient être décrites. La première est celle du monologue d'Ali Laârayedh. Les internautes sur les réseaux sociaux se demandant si ceux qui écrivaient les discours de l'ancien président Ben Ali avaient été recyclés au ministère de l'Intérieur. Ali Laârayedh, pour se défendre, attaque ! Et il ne laissera personne sur le carreau. L'opposition, les manifestants, les médias, tout y passe. Il accuse l'opposition de déformer les faits et de les utiliser à des fins politiques, les manifestants d'avoir usé de la violence contre les forces de l'ordre, et enfin les médias d'avoir participé à l'appareil de propagande de l'ancien régime et que pour cette raison, ils cherchent à mettre des bâtons dans les roues à l'actuel pouvoir, et à sa tête, le parti islamiste d'Ennahdha.
La scène 1 du premier acte s'achève ainsi. Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, fait alors son apparition. Muni de son ordinateur et d'un vidéoprojecteur, il aura à cœur de montrer à l'assistance et aux téléspectateurs, ce qu'il considère comme des « preuves » de la violence des manifestants à l'encontre des forces de l'ordre. A la vue des photographies, plusieurs élus de l'opposition esquissent un sourire. À l'écran, des photos de policiers blessés au visage, sans information sur les circonstances dans lesquelles ils ont été blessés. Par la suite, d'autres images, celles de manifestants tenant des pierres dans les mains.
Enfin, des photos de «biens publics» dégradés: ainsi nous pouvons voir un panneau de la circulation endommagé, ou encore un mur, sur lequel est tagué le mot « Molotov », seule «trace» des cocktails molotov évoquée lundi soir par Ali Laârayedh et son acolyte Yamina Zoghlami, qui avait affirmé en direct « avoir vu des manifestants munis de cocktails Molotov », appuyant ainsi les propos du ministre. La mise en scène ne s'achève pas là.
En effet, dans le souci apparent de montrer l'ensemble des « preuves » du ministère de l'Intérieur, une vidéo de 17 minutes a été passée, un montage grossier, avec des scènes plusieurs fois répétées, et aucun cas de violence policière. Pour ceux qui étaient sur place en ce lundi 9 avril, la scène est insoutenable, et la partialité des images choisies, une preuve de la mauvaise foi des responsables de l'Intérieur.
Le premier acte s'achève, ponctué de nombreux applaudissements provenant du camp d'Ennahdha. Des applaudissements qui ne plairont pas à tout le monde, dont Brahim Gassas. Ce dernier tentera de le faire savoir lors d'un point d'organisation, avant d'être coupé par Mustapha Ben Jaâfar, sans autre forme de procès. Mustapha Ben Jaâfar ne supportant visiblement pas les interventions de M. Gassas, donnera la parole à une élue d'Ennahdha qui parlera pour lui. Dans cet entracte, des élus de l'opposition demandent au président de la Constituante de les laisser présenter leurs preuves, affirmant que celles du ministre de l'Intérieur déforment les faits. Mustapha Ben Jaâfar rétorquera que s'ils le font, ce sera sur leur temps de parole…
Acte 2. Dans le camp opposé à Ali Laârayedh, le premier à contre-attaquer sera, curieusement, le secrétaire général du principal allié d'Ennahdha, le CPR. Abderraouf Ayadi n'ira pas par quatre chemins. Il comparera en effet les violences policières constatées le 9 avril, aux pires époques du régime de Ben Ali. Il décrira la peur sur les visages des manifestants, peur de la violence gratuite des forces de l'ordre, et affirme qu'il est nécessaire de mettre fin à ces méthodes, car les cautionner reviendrait à reproduire les mêmes dérives des régimes dictatoriaux.
Après la pause-prière, Nadia Chaâbane aura la possibilité de présenter les preuves oubliées du ministère, racontant, lors du visionnage, ce qu'elle a vécu personnellement lors de la manifestation en question. Des hommes en civil, des bâtons en bois à la main, dans des véhicules de policiers, frappant les manifestants aux côtés des policiers, et Nadia Chaâbane de se demander, ironiquement, si ces bâtons de berger, « zollat » en tunisien, étaient prévus dans les dépenses de la loi de Finances. Photo à l'appui, Nadia Chaâbane montrera une partie de ce que les manifestants, ce jour-là, ont vécu.
Des photos qui ont également circulé sur les réseaux sociaux, tout comme celles du ministère de l'Intérieur, mais qui manquaient étrangement à la présentation de ce dernier. La contre-attaque est réellement lancée. Sur les réseaux sociaux, les internautes seront nombreux à remercier l'élue PDM d'avoir rétabli la vérité, une vérité que le ministre de l'Intérieur a délibérément occultée.
La séance de la Constituante s'est donc transformée en une enquête policière où les députés élus présentent eux-mêmes les preuves de la violence des forces de l'ordre. Mais l'absurdité de la pièce ne s'arrêtera pas là. Deuxième intervention de Brahim Gassas, deuxième contre-attaque d'une élue nahdhaouie ; les femmes d'Ennahdha semblent en effet déterminées à en découdre avec l'élu atypique d'Al Aridha.
Cette fois, Mustapha Ben Jaâfar ne se limitera pas à leur laisser la parole, il sortira de ses prérogatives en saluant un discours qu'il jugera sensé et se lèvera en compagnie de l'ensemble des élus d'Ennahdha pour chanter l'hymne national. La comédie constituante atteindra, dans cette scène mélodramatique, ses sommets. Les élus de l'opposition, étonnés de la tournure que prendront les débats, seront à leur tour obligés de se lever, pour ne pas être accusés d'outrage à l'hymne national tunisien.
Les coups bas et les attaques se poursuivent dans ce troisième acte. Présentant un document dans lequel il évoque une proposition du groupe parlementaire d'Ennahdha concernant la mise en place d'une commission d'enquête indépendante, Sahbi Atig crée l'indignation de plusieurs élus d'Ettakatol, à l'origine de cette proposition. « Scandale ! Ennahdha récupère notre idée », écrira Karima Souid sur son compte twitter, avant qu'une remise en place du député Ettakatol, Selim Ben Abdessalem, ne soit adroitement exécutée.
Devant l'ensemble de ces digressions, Khemais Ksila tente de remettre les choses en place, après un discours passionné d'un élu d'Ennahdha pendant lequel le gros plan de la télévision nationale aurait pu nous faire croire qu'Ali Laârayedh avait les larmes aux yeux, le député démissionnaire d'Ettakatol rappelle les raisons pour lesquelles la Constituante est réunie aujourd'hui, et que ces attaques n'ont pas lieu d'être, ni même le fait de se lever après l'intervention d'une élue, pour chanter l'hymne national.
Des paroles qui tomberont dans l'oreille d'un (ou plusieurs) sourds. Quelques minutes plus tard, Issam Chebbi et Sahbi Atig se disputeront en effet sur un événement sans rapport avec les événements du 9 avril, concernant un élu d'Ennahdha qui a fait irruption dans les locaux de la télévision nationale. À noter que toutes les remarques de Sahbi Atig obtiennent des réponses positives de la part du président de la Constituante.
Les débats, ou plutôt les différents monologues suivis de coups bas, se poursuivent après 20h, à l'Assemblée constituante, sans qu'aucune mesure concrète n'ait été prise quant aux dérives policières et les événements du lundi 9 avril. Une pièce de théâtre qui risque de durer, car rappelons le, aucun mot de la Constitution n'a encore été écrit à ce jour.


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