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Révolution tunisienne et Méditerranée: l'Europe sur le banc des accusés
Publié dans Business News le 29 - 04 - 2012

La XVème session du Forum international de Réalités, organisée par le président et directeur de la publication du magazine, Taïeb Zahar, les 26, 27 et 28 avril 2012 à Hammamet, a été l'occasion d'une réflexion conjointe sur la nouvelle situation en Tunisie et l'avenir des relations avec l'Union européenne, en présence de participants du monde politique, économique ou financier, en plus d'universitaires, chercheurs et intellectuels reconnus.
Cette session, tournée sur les relations entre les pays du pourtour méditerranéen, a permis de cibler les problèmes persistants entre la rive sud et celle nord de la Méditerranée, en plus d'offrir de nombreuses analyses sur les problèmes internes de la Tunisie, notamment ceux d'ordre socio-économiques, ou encore ceux en rapport avec les Droits de l'Homme.
Notons que cette session aurait été plus diversifiée si les principaux représentants de la troïka au pouvoir, Hamadi Jebali et Mustapha Ben Jaâfar, prévus dans le programme du Forum, avaient tenu leurs engagements.
Lors de ces trois jours, un consensus général s'est dégagé concernant le lien étroit unissant la Tunisie à ses partenaires européens et liant, par l'histoire et la proximité géographique, les destins des pays méditerranéens.
Radhi Meddeb, PDG de Comète Engineering et président du mouvement Action Développement Solidaire, chargé de la conférence inaugurale du jeudi 26 avril 2012, a mis l'accent sur la nécessité, pour les pays du Nord, de se montrer solidaires avec les pays de la rive Sud. Insistant sur le fait que le besoin en financement de la Tunisie, pour développer son infrastructure et engranger un cercle vertueux de croissance économique et sociale, ne dépassait pas les 20 milliards de dollars, sur une décennie, soit 2 milliards par an. Il a comparé cette somme, jugée dérisoire, aux sommes colossales dépensées en Europe de l'Est, après la chute du mur de Berlin, ou encore les milliers de milliards de dollars dépensés pour la guerre en Irak, sans que le résultat annoncé pour justifier cette guerre – la démocratie – n'ait été atteint.
Pour Radhi Meddeb, en plus de l'Europe, réticente à débourser de l'argent pour la transition démocratique des pays arabes, à cause de la crise économique et identitaire que connaît la région, les Etats-Unis, également, ne se sont pas montrés généreux, malgré des effets d'annonce au moment des grands sommets des puissances mondiales. Ce manque de volonté politique de la part des pays développés est, de l'avis de plusieurs intervenants, un message négatif lancé à l'endroit des pays du monde qui aspirent à la démocratie, valeur défendue théoriquement par ces mêmes pays.
Parmi les participants européens présents au Forum, Adrianus Koetsenruijter, ambassadeur de l'Union européenne en Tunisie, a tenu à minimiser les attaques faites à l'encontre de l'Union européenne. M. Koetsenruijter, a su montrer, depuis la Révolution, sa volonté de créer des partenariats entre l'Union européenne et la société civile, notamment par l'aide à la création de micro-projets dans les régions défavorisées de la Tunisie.
Par ses contacts et ses nombreux déplacements vers ces régions, parmi lesquelles Sidi Bouzid, Kasserine, Gafsa, etc., la mission européenne en Tunisie a réussi à créer un large réseaux permettant au partenariat tuniso-européen de se transformer pour ne plus être l'apanage des gouvernements et des Etats, mais ciblé sur une aide directe en mettant l'accent sur le développement régional et le transfert de compétences. M. Koetsenruijter a ainsi précisé que l'Union européenne ne pouvait être prise comme un bloc homogène, mais comme un regroupement de plusieurs gouvernements et de 500 millions de citoyens, dont la politique à l'égard du printemps arabe ne peut être uniformisée.
Ainsi, si certains gouvernements européens se montrent réticents et frileux à l'endroit de la rive Sud de la Méditerranée, d'autres, au contraire, montrent leur volonté d'accompagner le pays vers le développement économique et démocratique, tout en concédant le fait que la prise de décisions au niveau européen connaît de nombreux ralentissements qui freinent ces aides.
Revenant sur la situation en Tunisie, la majorité des représentants européens se disent confiants dans le processus démocratique du pays, y compris avec des islamistes au pouvoir, qu'il faudra juger sur les actes, sans faire de procès d'intention. Le représentant de la mission européenne a tout de même émis des réserves, concernant certaines dérives constatées en Tunisie et avertit que le partenariat tuniso-européen dépendait de l'évolution de la situation dans les domaines des libertés et du respect des droits de l'Homme.
Pour Abdejelil Bedoui, ancien leader du PTT, aujourd'hui fusionné avec Ettajdid et le PDM au sein du parti de coalition «Al Massar», les problèmes ne résident pas seulement côté européen, mais aussi et surtout dans la politique du gouvernement actuel.
En effet, pour M. Bedoui, le pouvoir en place ne veut pas remettre en cause le modèle de croissance, ne montrant aucune volonté de repenser cette croissance sur des bases plus justes et durables. Au lieu de cela, le gouvernement cherche un financement de la croissance à l'extérieur du pays, particulièrement auprès des pays du Golfe ou en comptant sur la reconstruction en Libye. Abdejelil Bedoui déclarera également qu'envoyer les chômeurs tunisiens dans ces même pays, ne fera qu'affaiblir la productivité en Tunisie, car les pays du Golfe, notamment, accueilleront spécifiquement les Tunisiens les plus compétents.
La question du chômage en Tunisie a également fait l'objet de nombreuses discussions lors de ce forum, particulièrement celui des diplômés de l'Enseignement supérieur. Si Hatem Ben Salem, ancien ministre de l'Education sous Ben Ali, rejette tous les maux que connaît le pays, sur les gouvernements post-révolution, adoptant le champ lexical de la violence et de la destruction en décrivant la situation actuelle, et déplorant la destruction progressive de la notion d'Etat, les critiques se sont plutôt tournées vers les nombreuses lacunes que connaissait le système éducatif en Tunisie sous Ben Ali justement, en plus d'un système libéral déformé par la corruption et un développement inégal entre les régions.
Concernant les diplômés chômeurs, Jean-Louis Reiffers, Coordinateur et Président du Comité Scientifique de FEMISE, le problème du chômage est effectivement dû à un système éducatif défaillant.
Pour M. Reiffers, il faut donner la priorité à la formation professionnelle et investir dans ce domaine, notamment par le financement des stages en entreprises. Ainsi, le système actuel, profondément basé sur la volonté de travailler dans le secteur public, en plus de ne répondre ni aux compétences spécifiques des étudiants, ni aux demandes des entreprises créatrices d'emploi, serait à réformer en profondeur. Quant à la solution consistant à absorber ces chômeurs dans le secteur public, cette dernière ne fera que retarder l'échéance et aggraver la situation.
Pour conclure, nous évoquerons l'intervention d'Ahmed Ounaïes, ancien ministre tunisien des Affaires étrangères, qui mettra l'accent sur le sentiment d'injustice ressenti par les pays arabe, concernant la politique des grands de ce monde. Il évoquera notamment l'impunité de l'Etat d'Israël en dépit des multiples condamnations de la communauté internationale sur les actes répréhensibles d'Israël contre les territoires palestiniens occupés.
Il affirmera ainsi que les rapports entre les pays du Nord et ceux du Sud sont dictés par le principe de puissance, un principe qui commande l'ordre régional. Cet ordre régional, qu'il dit profondément discriminatoire, doit, selon lui, être repensé en y intégrant les principes d'égalité, de dignité et de justice à l'origine du printemps arabe.
Monsieur l'Amiral Jean Dufourcq, Directeur de recherche à l'Ecole militaire de Paris, prononçant le discours de clôture du Forum, reviendra sur ces trois jours de débats intensifs, en saluant les progrès de la Tunisie dans sa transition démocratique. Il regrettera néanmoins la politique économique actuelle basée sur une « tentative de bricolage économique et de faire table rase sur les institutions », qui, selon lui, ne sont que des solutions d'urgence faisant retarder les problèmes économiques et financiers à venir. Il évoquera également un défi moral que doit relever le pays, pour préserver l'aspect diversifié et composite de la société tunisienne.
Enfin, concernant les pays du pourtour méditerranéen, M. Dufourcq insiste sur la nécessité de créer une dynamique nouvelle basée sur les partenariats inter-gouvernementaux et non une union entre l'Europe et chacun des pays de la rive Sud, basée sur la supériorité des pays européens. « Il faudra ré-enchanter la Méditerranée », conclut-il.


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