A l'heure où tout le monde sent le besoin de revoir ses choix économiques et géopolitiques, à cause d'un contexte économique mondial en perpétuel changement, l'espace méditerranéen s'impose comme un espace de dialogue entre les pays situés sur l'une et l'autre rive, mais liés historiquement, culturellement et économiquement. Le Forum international de Réalités se veut une autre pierre à cette construction méditerranéenne qui connaît, actuellement, tant d'interrogations sur des sujets sensibles concernant l'état de la coopération et les perspectives de développement des pays de part et d'autre de la mer. Les changements qu'a connus la rive sud de la Méditerranée, notamment avec le déclenchement des révolutions tunisienne, libyenne et égyptienne, ont certainement affecté la vision des pays européens en ce qui concerne la collaboration entre les deux rives, mais aussi les besoins des pays de la rive sud en vue de relancer leur développement économique. Depuis quelque temps, le dialogue est ouvert pour mettre au point des solutions aux nouvelles problématiques qui touchent essentiellement la transition démocratique et son impact sur les options de développement. Ce développement est confronté à plusieurs handicaps, à l'instar de la hausse du taux de chômage, la précarité des conditions sociales dans certaines régions, le manque d'infrastructures, etc. Dans le cas tunisien, de nombreux experts indiquent qu'il est temps de prendre des engagements de la part du gouvernement ainsi que des partenaires européens : pays ou institutions internationales. Une position qui est formulée, entre autres, par le directeur général de l'Institut européen de la Méditerranée (IEMed), M. Andreu Bassols, lors de l'ouverture du Forum international de Réalités jeudi soir. «Les politiques européennes doivent évoluer pour répondre aux changements de la région bouleversée… L'Europe, en crise et qui est en concurrence avec des forces comme la Turquie et le Golfe, reste une structure qui peut attirer les idées démocratiques des pays qui se sont révoltés dans le sud de la Méditerranée. Plusieurs réseaux sont en place dont on peut profiter pour renforcer les relations de voisinage dans la zone Med. C'est important d'avoir une stratégie méditerranéenne pour identifier les défis à moyen et à long termes dans cette zone», enchaîne-t-il. Certains experts restent optimistes, à l'image de M. Philippe Amon, coprésident administrateur délégué de Sicpa Holding SA, qui a déclaré d'emblée que son entreprise souhaite apporter son soutien au développement de la Tunisie, qu'il félicite pour avoir été le pays précurseur dans la volonté de changer. «Nous sommes prêts à investir dans votre... notre Tunisie», a-t-il ajouté. Messages optimistes et rassurants quant aux possibilités de soutien. Mais on note aussi des demandes : M. Pierre Delval, directeur général de la Fondation suisse de lutte anti-trafic illicite, Waito, s'enquiert de la situation en matière de lutte contre la corruption, le trafic économique illicite : phénomènes qui battent leur plein en cette période transitoire et dans un cadre de contrôle et de veille sécuritaire fragile. Le Forum international de Réalités, dont le thème est: «La Méditerranée de demain, enjeux et défis», comporte plusieurs panels et tables rondes engageant la participation d'éminents experts, personnalités politiques tunisiennes mais aussi étrangères, comme M. Bernardino Leon, représentant spécial de l'Union européenne pour la Méditerranée du Sud, et M. Adrianus Koetsenruijter, chef de la délégation de l'Union européenne à Tunis. M. Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque centrale, également présent, clôturera le Forum aujourd'hui.