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Tunisie - La médecine n'a pas de religion
Publié dans Business News le 30 - 05 - 2012

Une idée folle a traversé l'esprit du Cheikh Houcine Laâbidi: enseigner la médecine à la mosquée Zitouna. «Nous voulons avoir des médecins zitouniens de cœur qui ont le diplôme de médecine de la Zitouna, avec la morale et l'éthique, en plus, chose que nous avons perdu pour le moment ; nous avons des médecines matérialistes qui ont perdu de vue que le corps qu'ils soignent est l'œuvre de Dieu», a-t-il récemment déclaré.
Et il n'y a qu'à lire l'interview qu'il a accordée au journal «Le Maghreb» pour mieux se rendre compte du niveau de ce cheikh et de ses conceptions «rétrogrades» de l'enseignement, de l'éthique, de la morale, de la tolérance et du respect de l'autre…
Tout de suite le Conseil national de l'ordre des médecins de Tunisie (CNOM) réplique, met en garde et manifeste, par un communiqué officiel, sa préoccupation de telles dérives et de telles assertions et attend des autorités concernées la mise au point qui s'impose. De son côté, le ministère de la Santé déclare qu'il s'oppose avec fermeté à un tel projet et rappelle, que seule une formation académique universellement reconnue donne accès au diplôme de docteur en médecine en Tunisie.
Interrogé à ce sujet, le Dr Mohamed Aissaoui, syndicaliste, très actif dans la société civile, affirme que «c'est un non-sens total».
Et d'ajouter: «Nous n'avons pas à discuter avec ceux qui proposent ces idées farfelues. Cet enseignement n'aura jamais lieu en Tunisie. Comme partout ailleurs dans le monde, la médecine s'enseigne dans les facultés qui dispensent un enseignement universel et ce sont les seules structures habilitées à délivrer les diplômes de médecin.
Par ailleurs la médecine est une profession ordinale et, à ce titre, seul le Conseil de l'ordre des médecins de Tunisie décide qui a le droit d'exercer, qui n'en a pas. Même le ministère de la Santé n'a pas son mot à dire à ce sujet. Et c'est la même chose dans tous les pays développés. Aucun médecin ne sera autorisé à enseigner la médecine ailleurs que dans les institutions reconnues par l'Etat, sous peine d'être radié à vie du tableau de l'Ordre des médecins. Aucune personne étrangère ne sera autorisée à enseigner la médecine, ou la pratiquer, sans l'autorisation de l'Ordre des médecins de Tunisie, car nous tenons à préserver le niveau excellent de la médecine et des médecins tunisiens. Je rappelle qu'en Tunisie le tourisme médical est la cinquième source de revenus, bien avant l'agriculture. Nous n'allons pas permettre qu'on détruise ce qui marche bien.
Il n'y a et il n'y aura aucune possibilité d'enseigner la médecine dans un contexte religieux, car elle n'obéit qu'à un seul serment, universellement reconnu, le serment d'Hippocrate! En médecine, il n'y a pas de médecins hommes ni de médecins femmes, il y a des êtres asexués qui ne regardent que des organes face à un malade».
A la question de savoir comment réagiront les médecins au cas où, justement le gouvernement autoriserait ce genre d'enseignement, Dr Aissaoui à répondu que tous les médecins tunisiens s'y opposeront et ont les moyens de le faire.
Pour le Docteur Faouzi Charfi, secrétaire général du syndicat tunisien des médecins libéraux (UMSL), il y a un problème de légalité et il condamne, au nom de tout le syndicat, «toute volonté d'enseignement de la médecine en dehors des structures reconnues par l'Etat, car tout enseignement doit être validé et agréé par celui-ci».
Dr Charfi se demande quel est l'objectif de ce projet? Faire des écoles parallèles? «D'une façon générale, nous ne sommes pas contre les facultés privées mais elles doivent être sous tutelle du ministère concerné. La médecine nécessite un enseignement théorique et pratique. Je me demande dans quels hôpitaux va se faire l'enseignement zeitounien ? Enseigner la médecine est assez compliqué car cela nécessite une proximité entre la faculté et les terrains de stage. La médecine tunisienne est une médecine adaptée aux standards internationaux de l'enseignement théorique et pratique, on tient à conserver cette qualité, internationalement reconnue. Faire autrement c'est mettre en danger la santé des Tunisiens.
Que l'on veuille rendre hommage à l'enseignement zeitounien, j'approuve, mais aujourd'hui et c'est ainsi depuis l'indépendance du pays, l'école est devenue publique et c'est l'un des piliers fondamentaux de la République. Pour preuve, le budget de l'enseignement est le plus élevé. Retourner à un enseignement scientifique religieux, c'est une régression.
Dans ce qui a été dit, on veut faire un enseignement avec couverture religieuse comme si on allait moraliser la profession. Notre déontologie respecte l'éthique de la profession et la morale universelle. Il n'y a pas de référence à la religion dans la médecine. Si on est dans cette contradiction, comment va-t-on enseigner la sexologie, l'urologie, la gynécologie? Va-t-on avoir des médecins femmes pour les femmes et des médecins hommes pour les hommes? La religion ne peut pas intervenir dans l'enseignement de la science. Quand elle l'a fait, on a eu la condamnation de Galilée, pourtant fondateur de la physique moderne. Nous ne voulons, en aucun cas, opposer le religieux et le progrès. C'est dangereux. En Tunisie, on veut une médecine qui soit conforme à ce qui se fait aussi bien à Stockholm qu'à Chicago. Il n'y a pas une médecine religieuse et une autre. Il y a une seule médecine et elle est universelle.
Ce qui est proposé est un enseignement illégal et nous refusons, catégoriquement, de le cautionner. On ne peut pas revenir à des standards d'enseignement qui nous font reculer de plus de 60 ans en arrière. Nous appelons toutes les structures syndicales, ordinales, universitaires, à se mobiliser car c'est une atteinte à un des grands acquis de la Tunisie. Nous nous étonnons que trois ministres aient assisté à cette cérémonie, c'est une caution gouvernementale. On appelle tous les médecins, à être vigilants. On peut exiger du ministère de l'Enseignement supérieur et de celui de la Santé de prendre toutes les dispositions pour arrêter toute dérive. C'est la porte ouverte à tous les enseignements fantaisistes, car on sait qu'au nom de la religion, on peut mobiliser et manipuler, facilement, les foules.
Nous condamnons avec vigueur cette attitude rétrograde, nous allons nous concerter entre les différentes structures concernées par ce sujet et décider d'une action commune contre cette dérive qui ne peut que nuire à la médecine tunisienne, à l'image de marque et à la santé du Tunisien».
Quant aux propos, rapportés plus haut, où Cheikh Laâbidi réclame «des médecins avec l'éthique et la morale», Docteur Charfi affirme qu'il s'agit d'une provocation. «Je suis stupéfait, c'est une attaque implicite contre la faculté de médecine, le ministère de l'Enseignement supérieur, le président de la république qui est médecin et le président de l'Assemblée nationale constituante, qui l'est aussi. Nous n'avons aucun souci à nous faire, notre éthique et notre morale sont sans faille, nous y sommes très attachés et le CNOM y veille fermement».


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