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Rencontre avec les salafistes en grève de la faim
Publié dans Business News le 26 - 11 - 2012

Mardi 20 novembre j'ai été invité à me joindre à la commission des droits et des libertés, présidée par Souad Abderrahim afin de me rendre à la prison de la Mornaguia où sont emprisonnés près de 6000 détenus dont 300 salafistes. Avant toute chose, j'aimerais saluer les gardiens dont la charge de travail est excessive, les conditions d'exercice difficiles et les risques pour eux et leurs familles graves. Il faut savoir, par exemple, qu'il y a un gardien pour plus de 170 prisonniers et parmi les 700 personnes employées par la prison on compte seulement 5 médecins. La charge de ces derniers s'est accrue dernièrement en raison de la multiplication des grévistes de la faim suite à la médiatisation des morts de Béchir Golli et Mohamed Bakhti. Il y a, en ce moment, environ 170 grévistes de la faim dont 60 salafistes. Les 110 non salafistes sont des prisonniers de droit commun qui ont voulu profiter de la visibilité qu'offrait cette méthode pour faire parvenir à l'opinion publique des réclamations liées à leurs conditions de détentions ou à leur dossier judiciaire.
La rencontre avec les salafistes fut assez animée, eux nous reprochant ce qu'ils enduraient, considérant que c'était de la faute de partis tel que le mien, Al Joumhouri, en l'occurrence, qu'ils étaient en prison. Je leur ai, bien sûr, expliqué qu'Al Jomhouri, comme les autres partis démocrates en Tunisie, est opposé à la répression exercée sur toute minorité ou tout parti politique. En revanche, si nous sommes pour la liberté, nous sommes, également, pour le respect des autres, de la loi et des institutions républicaines.
Le dialogue le plus difficile fut avec Hassan Braïek qui, comme la plupart des salafistes dont il est l'un des leaders, rejette totalement le processus démocratique actuel, ne reconnaît pas l'ANC et renie sa légitimité. Il m'a même avoué avoir une profonde haine envers Mehrezia Laâbidi qui, quand un député avait demandé, durant une séance parlementaire, qu'on récite la Fatiha à « la mémoire du martyr Fehmi El Aouini », avait nié le qualificatif de « martyr » à ce salafiste mort à Sousse, suite à une grève de la faim motivée par la demande, pour lui et pour ses compagnons, du statut de prisonniers d'opinion qui leur permettrait, entre autres, d'être séparés des prisonniers de droit commun. Je lui ai expliqué que s'ils étaient en prison ce n'est pas pour leurs opinions politiques mais en raison d'actes de violences punis par la loi et qu'ils devaient rendre compte de ces actes. J'ai insisté sur le fait que tant qu'ils agissaient et s'exprimaient dans le cadre de la loi et en se limitant à des actes militants qui ne portent pas atteinte à la vie de leurs concitoyens et à la sûreté de l'Etat ils pourraient toujours compter sur nous pour défendre leur liberté.
Un autre échange qui me marqua et qui fut plus fort en émotion a été avec le jeune Mohamed Nour, de 21 ans, qui est incarcéré depuis les événements au palais Abdelliya au mois de juin 2012. Arrêté, selon lui, à cause de son apparence salafiste, il dit n'avoir commis aucun acte violent ni même participé aux manifestations. Celui-ci ne demande qu'à être jugé. Il est, à ce jour, comme de nombreux autres salafistes emprisonnés sans chef d'inculpation, ni présentation devant le juge. C'est la requête principale des grévistes de la faim : comparaître devant la justice afin de savoir ce qu'on leur reproche. A vrai dire, ce qu'on me disait ne m'étonne que peu, ne me doutant pas que, lorsque des arrestations en masse se font, il y ait dans le groupe des personnes innocentes et qui n'ont rien à se reprocher, sauf le fait qu'ils aient été au mauvais endroit au mauvais moment. La discussion avec Mohamed Nour s'est terminée avec la promesse faite à sa mère, qui était présente, de mettre un terme momentané à sa grève de la faim. Alors qu'il avait commencé son dialogue comme un militant salafiste, il l'a terminé comme un enfant voulant rassurer sa mère. Souhaitons que plus souvent ces enfants se réconcilient avec la vie, leur famille, la démocratie.
Lors de la réunion qui a précédé la visite en présence des principaux responsables de la prison et, suite à nos interrogations concernant les défaillances qui ont mené à la mort de ces deux citoyens, le directeur général de la prison, Kamel Gharbi, nous a montré un document, une convention internationale qui interdit de recourir à la force afin de nourrir un détenu faisant la grève de la faim. Convention qui, sous l'ancien régime, n'était pas respectée (les prisonniers politiques tels que Si Ahmed Néjib Chebbi et tant d'autres furent forcés par des moyens violents et médicaux de se nourrir). Un tel acte est considéré comme étant de la torture par les conventions internationales.
Ce que je tire de cette visite c'est qu'il y a, de la part des prisonniers salafistes, une incompréhension quant à la distinction entre prisonniers de droit commun et prisonniers politiques. Eux pensent qu'ils pouvaient tout faire et n'importe quoi, même agresser violemment des gens, et que leurs actions devaient être considérés comme un acte politique et non pas comme une violation de lois civiles et pénales. De l'autre coté, et cela concerne l'Etat, on ne peut continuer à organiser des arrestations par groupes, incarcérer sans dire aux suspects quels crimes on leur reproche, en les laissant durant plusieurs mois en prison sans comparution ni inculpation. La réforme judiciaire doit s'accélérer afin que la prison ne reste pas une zone de non droit où des citoyens sont maintenus sans justification.
Pour conclure, si la violence pour des raisons politiques n'a pas à être considérée comme étant un acte politique qui légitimerait un statut de prisonnier d'opinion, on ne peut, a contrario, nier les droits et la liberté de citoyens parce qu'ils sont des extrémistes religieux ou politiques, tant qu'ils respectent la loi. En l'occurrence, ceux qui ne la respectent pas doivent être jugés et traités comme tout détenu de droit commun.
* Député de du Groupe Démocratique, au sein de l'Assemblée Nationale Constituante.


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