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Meherzia Lâabidi se contente alors de jouer la maîtresse d'école en demandant à « l'élève » de se taire…
Publié dans Business News le 05 - 12 - 2012

, député indépendant, ancien d'Ettakatol, raconte régulièrement, sur sa page Facebook, ses journées passées à l'ANC. On y découvre les coulisses et le point de vue intéressant d'un député pas comme les autres, loin de ressembler à la majorité.
La journée d'hier a été particulièrement tendue avec l'affaire de Karim Krifa et, naturellement, les affrontements des milices avec les militants de l'UGTT. Selim Ben Abdesselem nous fait découvrir l'ANC de l'intérieur et les réactions des membres d'Ennahdha en cette journée très particulière.
Bonsoir,
Séance tendue aujourd'hui à l'ANC, autant le matin que l'après-midi à la suite des affrontements devant le siège de l'UGTT entre syndicalistes et intrus, susceptibles d'être ces fameuses « Ligues » autoproclamées « de protection de la Révolution » (« Rabitat himayet etthaoura »). Pour faire simple : les milices d'Ennahdha, constamment défendues par les caciques islamistes malgré leur violence qui est allée jusqu'à tuer à Tataouine !
Revenons à cette journée. Le matin : haro d'entrée des députés Ennahdha sur Karim Krifa, député Moubedra, au sujet de ses propos lâchés jeudi dernier dans l'hémicycle, une affaire qui a pris beaucoup d'ampleur, le tout encore une fois aux dépens du texte sur l'ISIE dont seuls les articles 15 et 16 ont été votés dans la mâtinée…
"Rappel de l'histoire : jeudi dernier, l'essentiel de l'opposition avait quitté l'hémicycle pour protester contre le refus du chef du Gouvernement de venir s'expliquer devant l'ANC sur le drame de Siliana ; Karim Krifa avait pris la parole pour expliquer l'intention des élus de son parti de quitter à leur tour la séance et un député l'aurait traité de « sale Rcdiste ! » (« tajamouîi ya massakh », attaque d'autant plus facile qu'il est membre du parti de Kamel Morjène mais, détail très important et avéré : sans jamais avoir fait partie du RCD…) ; il a alors répondu à cette provocation en lâchant : « Le RCD est votre maître ! » (« Ettajamôo sidkom ! »). Mon intime conviction, au vu de ce que je connais de Karim Krifa et faute d'avoir été témoin de la scène (j'étais sorti de l'hémicycle avec l'opposition) est qu'il a répondu sans réfléchir à la provocation. C'est vrai, il aurait pu s'en dispenser, mais on ne réfléchit parfois pas en pareille situation et on peut tomber dans le piège en sortant soit une grossièreté, soit une énormité. Résultat : le député CPR Béchir Nefzi (désigné par Karim Krifa comme étant l'auteur des propos provocateurs, ce qu'il nie) prend la parole pour dénoncer la tenue de tels propos « contre-révolutionnaires » et demander une enquête, ce sur quoi les députés Ennahdha ne se font pas prier pour lui emboîter le pas. L'occasion était trop belle pour faire oublier le sujet du jour : les blessés à la chevrotine de Siliana !
Et ce mardi matin, Ennahdha, sans doute toujours pour mieux faire oublier les sujets gênants, remet le couvert d'entrée ! Dans un souci d'apaisement, la députée CPR Samia Hamouda Abbou demande à Karim Krifa de s'excuser pour clore l'incident, suivie par Mouldi Riahi d'Ettakatol, ce que refuse Karim Krifa disant qu'il ne se sent pas coupable pour avoir été provoqué, considérant qu'il n'aurait à s'excuser que si l'enquête concluait à sa responsabilité (pour peu qu'elle soit impartiale…). Mais, tout cela n'allait pas s'arrêter là : l'après-midi, on nous apprenait que des affiches et tracts étaient distribués dans la rue avec la photo de Karim Krifa avec un appel au meurtre ! Mais cela ne semblait pas tellement choquer nos « amis » d'Ennahdha qui, un peu plus tôt, l'avaient jeté en pâture (à leurs milices ?)…
J'allais oublier un détail : en fin de mâtinée, l'article 15 avait été adopté sans modification et l'article 16 avec un amendement faisant passer de 5 à 3 le nombre d'absences consécutives non justifiées conduisant à démettre de ses fonctions le président ou un membre de l'ISIE. Et c'est tout pour ce matin !
A la pause, éclatent les incidents devant le siège de l'UGTT, place Mohamed Ali : alors que la centrale syndicale allait rendre hommage au martyr Farhat Hached à partir de 15h, cette place était occupée par des individus qui, visiblement, n'avaient aucune intention de fêter l'événement (chacun sait qui cela pouvait être, encore une fois…). Selon les témoins, des affrontements ont éclaté entre des syndicalistes cherchant à reprendre possession de leur espace et des intrus leur répondant par une violence extrême. Bilan : plusieurs blessés côté syndical.
Ce sujet a donc logiquement occupé tout le début de la séance de l'après-midi où le président du groupe Ennahdha, Sahbi Atig, déclarait rejeter la violence, reconnaître le rôle historique de l'UGTT, mais que la célébration de Farhat Hached appartenait à tous les Tunisiens et pas uniquement aux syndicalistes (façon de dire que l'occupation de la place Mohamed Ali n'était pas une provocation ?). Mais d'autres élus Ennahdha n'hésitaient pas à mettre en cause le rôle « politique » de l'UGTT (ce qui justifiait peut être la colère « populaire » ?). Un seul d'entre eux, Néji Jmal, appellera clairement à la plus grande fermeté face à tous les groupes identifiés comme violents, y compris les Ligues de protection de la Révolution.
Parmi les élus de l'opposition Issam Chebbi, présent sur les lieux, fera état de la sauvagerie avec laquelle les intrus ont agressé les syndicalistes et a nommément accusé ces Ligues autoproclamées de protection de la Révolution. Puis, après son intervention, lui parvient la nouvelle de l'agression violente dont ont été victimes deux dirigeants d'Al Joumhouri dont l'ancien ministre du travail Saïd Laïdi. Il se lève alors sous le coup de la colère et annonce la nouvelle sans avoir demandé la parole. La présidente de séance, Maherzia Lâabidi, se contente alors de jouer la maîtresse d'école en demandant à « l'élève » de se taire. Comme s'il s'agissait d'un simple agitateur et peu importe la gravité de la nouvelle ! Ambiance.
On finit par reprendre la séance et adopter les articles 17 à 22. Un seul amendement sera adopté sur l'article 18 imposant la diffusion des débats de l'ISIE sur son site et au Journal officiel. A 19h30 : suspension pour reprendre en séance de nuit comme l'avait annoncé la présidente de séance… le matin !
Et lors du dîner, une découverte : à l'ANC, même le choix des chaînes de télévision peuvent être objet de conflit politique ! Voilà l'anecdote : la télévision au réfectoire était branchée sur Nessma (dont les infos commencent un peu avant 20h) qui diffusait les images des affrontements devant le siège de l'UGTT. Une députée Ennhadha (ou plusieurs que je n'ai pas entendus) lâche : « Voilà, c'est l'UGTT qui frappe ! ». Bien sûr ! Puis, peu après, soudain, l'image disparaît ! Stupeur ! La cause : plusieurs députés Ennahdha avaient demandé à un agent de cuisine (très gêné) de mettre Watania… C'est alors que nous sommes plusieurs à demander de laisser Nessma, le temps que ce sujet se termine. Amer Larrayedh lance même menaçant : « Attention à ce que vous dites ! Watania est la chaîne nationale, celle de tous les Tunisiens, alors que celle-ci est partisane ! ». Nous obtenons malgré tout de rester sur Nessma avant de passer sur Watania à 20h une fois le sujet terminé et, là,… ce sont les mêmes images qui sont diffusées ! Stupeur chez les députés Ennahdha qui s'attendaient peut être à trouver… des médias nationaux aux ordres ? Et, là, je leur lance sarcastique : « A ce point, il ne vous reste plus qu'à mettre Al Qataria ! ». Rires jaunes… Après cela, à l'annonce du nom de Slaheddine Jourchi comme invité de Watania, des huées se font entendre. Décidément, il ne reste plus un moment sans motif de conflit. La tension est palpable.
De retour en séance, le nombre de députés qui s'était élevé à près de 160 le matin, dépassait tout juste le quorum de 109, seuil à atteindre impérativement pour voter un amendement ou un article d'une loi fondamentale (dont celles sur les élections comme l'ISIE). L'absentéisme est inexcusable mais, là, certains députés présents toute la journée pouvaient avoir des engagements familiaux, personnels ou politiques en soirée qui les empêchaient de répondre à une obligation de présence annoncée… le matin même ! Qu'importe, la présidente de séance décide de maintenir l'examen de l'article 23 même si aucun amendement ne pouvait être adopté ! Mais quand vint le moment de faire voter l'article en lui-même et face au risque de le voir rejeter faute d'atteindre le seuil de 109, le président du groupe Ennahdha propose qu'après qu'on se soit « débarrassés » des amendements (« bâadma ertehna met'tâadilet » : c'était ses mots !) de… reporter le vote de l'article au lendemain ! C'est si simple ! Même s'il restaient encore 115 députés en séance… La vice-présidente de l'ANC, partageant visiblement la même crainte, mais qui étaient aussi peu gênée d'avoir ainsi provoqué le rejet de tous les amendements, décide alors de suivre son président de groupe et de reporter le vote de l'article au lendemain ! Bel exemple d'entourloupe à la sauce nahdhaouia pour le dessert !
Voilà encore une journée à l'ANC comme on en connaît beaucoup depuis quelques semaines : pleine de tension, en donnant souvent un spectacle déplorable, et où le travail n'avance que très peu.
Triste journée, triste période pour la Tunisie, dont (excusez mon relatif pessimisme et ma sincérité) on a peut être pas encore vu la fin… Soyons clairs : tous les vrais patriotes doivent savoir dépasser leurs différences et s'unir, c'est la seule manière de s'en sortir !"


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