Dans une interview accordée au journal Le Monde en date du 17 décembre 2013, le politologue français, spécialiste de la Tunisie à l'Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC), Jérôme Heurtaux, a dressé une sorte de bilan des trois années de transition politique, plus particulièrement les deux années passées par la Troïka, dominée par Ennahdha, à la tête du pouvoir. M. Heurtaux met en exergue la réussite relative de la Tunisie, contrairement à ce qui s'est passé dans d'autres pays du Printemps arabe dont l'Egypte, la Libye tout en faisant un parallèle avec l'Algérie des années 90. Le spécialiste français estime qu'd'Ennahdha a manœuvré habilement en acceptant de quitter le pouvoir sans y être contrainte par la force ou par le scrutin, ce qui le met, désormais, dans une position confortable en vue des prochaines élections et ce qui lui permettrait de ne plus s'user puisqu'il aura l'avantage d'être en dehors du gouvernement comme ce fut le cas avant les élections du 23 octobre 2011. Le même spécialiste estime que le parti islamiste n'a pas perdu, ou trop peu, de son électorat, se plaçant, au pire entre 20 et 25% et au mieux jusqu'à 40%. S'agissant du dialogue social, Jérôme Heurtaux estime que les différents protagonistes ont focalisé sur le nom du futur chef du gouvernement alors que l'essentiel de l'enjeu réside dans la composition de l'équipe de technocrates devant le former. S.H