Le politicien chevronné et ancien ministre de Bourguiba, Taher Belkhodja, a donné, dans un entretien avec TunisieNumérique, son point de vue concernant la situation actuelle en Tunisie. Si Taher déplore, qu'il n'y a que trop peu de personnes en Tunisie qui pensent à gérer la situation avec le bon sens qu'elle requière. Car bien qu'il y ait urgence et péril en la demeure, il n'en demeure pas moins qu'il faudra penser à gérer les choses avec plus de bon sens et loin des élans de cœur, qui caractérisent, remarque-t-il, les prises de position des différents protagonistes sur la scène nationale. C'est ce qui a conduit à ce blocage qui persiste depuis, déjà, trop longtemps. L'équipe au pouvoir se trompe en campant sur ses positions et en prônant l'escalade et en voulant placer trop haut la barre dans l'espoir d'aborder les négociations sur une base assez confortable. En face, l'opposition se trompe tout autant, selon Si Taher, puisqu'elle s'entête à vouloir éjecter la Troïka du pouvoir et mettre en place un gouvernement de technocrates. Or que pourrait faire une équipe de technocrates tout compétents qu'ils puissent être, devant une situation qui frise la catastrophe. Pourront-ils jamais redresser la barre sur la période de quelques mois qui leur sera impartie ? D'ailleurs, en faisant de la sorte, c'est finalement la Troïka qui serait gagnante, et dire qu'elle ne s'en rend même pas compte, aveuglés que sont ses dirigeants par l'obsession du pouvoir, ou par la peur des représailles comme le disent quelques uns. Car, en optant pour un gouvernement de technocrates, la Troïka pourra se désengager de la responsabilité et s'installer dans le fauteuil confortable de l'opposant, à regarder se dépêtrer les ministres technocrates qui finiront par endosser toute la responsabilité, alors que la Troïka aura réussi à se faire oublier. Ce qu'il faudrait, selon Taher Belkhodja, c'est de travailler à assurer, en extrême urgence, le rétablissement de la situation dans les trois priorités qui s'imposent actuellement, et qui sont : La sécurité, l'économie et la préparation rapide des prochaines élections. Et pour réussir dans cette besogne, il faudra choisir des ministres compétents et surtout souverains dans leurs décisions, notamment sur le plan des nominations. Car ce qui se passe maintenant, est un simulacre de gouvernement, et tout indépendants qu'ils peuvent être, les ministres n'ont aucun pouvoir puisqu'au niveau des nominations, ils sont réduits à faire des propositions qui seront validées ou refusées par le chef du gouvernement, qui devra, très probablement, en référer lui aussi à ses dirigeants du parti. Donc les ministres qui auront en charge les ministères régaliens devront avoir la liberté totale, chacun dans son département, pour pouvoir limiter, un tant soit peu la main mise des partis de la Troïka sur les rouages administratifs, et pouvoir assurer un minimum de crédibilité et d'objectivité notamment pour le déroulement des prochaines élections.