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Adnène Mansar, le ministre qui méprise la justice
Publié dans Business News le 07 - 01 - 2014

Adnène Mansar était convoqué lundi 6 janvier 2014 devant le juge d'instruction dans l'affaire du Livre noir édité par la présidence de la République. Il était convoqué pour la deuxième fois devant le même juge et pour la deuxième fois, le ministre-conseiller et directeur du cabinet présidentiel ne se présente pas devant le juge. Le mépris à l'égard de la justice ne date pas d'hier et il ne le cache même pas.
Les citoyens sont-ils désormais tous égaux devant la justice tunisienne après la révolution ? La réponse devrait être positive, en théorie, mais elle est loin de l'être. Il y a des députés qui se cachent derrière leur immunité parlementaire pour échapper aux convocations et il y a des ministres qui usent de toutes les procédures, légales ou détournées, pour ne pas répondre de leurs faits. Et puis il y a Adnène Mansar. Lui, c'est un cas à part. Si les autres se cachent derrière leurs avocats et évoquent différents textes de loi pour échapper aux interrogatoires, Adnène Mansar oppose un mépris clair et déclaré à la Justice. Et sa nomination à la tête du cabinet présidentiel, avec rang et avantages de ministre-conseiller, n'a rien changé à sa position.
En mai 2012, et alors qu'il était encore porte-parole de la présidence, il publie une tribune d'opinion sur le site Nawaat, suite à la libération de Kaïs Ben Ali. Le fait que la justice n'ait rien trouvé de compromettant contre le neveu de l'ancien président a suscité la colère de Mansar qui écrit alors : « La catastrophe, c'est que quelques-uns parmi ceux au pouvoir estiment que de tels verdicts prouvent que la justice est indépendante et montrent qu'il n'y a aucune ingérence dans le système judiciaire (…) Il n'y a pas plus « idiot » que cette vision parce qu'elle résume une situation complexe dans une opération technique qui ne sert ni la justice, ni les justiciables. Cette vision technique de l'indépendance de la Justice ne prend pas en considération la révolution et ses objectifs et que le succès de cette révolution est intimement lié à l'exclusion totale des criminels de l'ancien régime de la vie publique, même si cela mène à une certaine injustice ! ».
D'après M. Mansar, les objectifs de la révolution sont prioritaires par rapport à la justice.
«Sous le sceau de la transition démocratique, l'ancien système est en train de s'infiltrer petit à petit dans la vie active, content que le gouvernement préfère la justice de l'appareil judiciaire cassé à la véritable justice voulue par tout le monde. »
En fait, cette justice « voulue par tout le monde », selon les propos de Mansar, est une justice à la carte qui ferme les yeux pour les uns (ceux qui lui sont proches par exemple) et les ouvre pour les autres (ceux de l'ancien régime), même s'il y a des preuves accablantes pour les premiers et une absence totale de preuves pour les seconds.
On aurait pu croire que Adnène Mansar a mûri au fil des mois et avec l'expérience acquise à la présidence. Rien de tout cela n'est vrai. La preuve est que jusqu'au 3 décembre dernier, il répète le même propos et défend mordicus sa vision de l'injustice. Dans une interview diffusée sur Al Wataniya 1, suite à la polémique suscitée par la diffusion du Livre noir, il déclare : « la justice et la chose judiciaire ne sont pas une question technique pour que l'on crée une commission, etc. »
Si la justice n'a pas de valeur à ses yeux, la justice transitionnelle non plus. « Il n'est pas possible d'attendre que la justice transitionnelle soit de rigueur afin de dénoncer les collaborateurs nommés dans le Livre noir dans ce cadre. »
Aux critiques sévères de Samir Dilou, ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, qui juge ce livre comme mesure populiste, il répond : « Le premier des Droits de l'homme est de dévoiler la vérité. Nous ne sommes pas tenus de répondre à Samir Dilou. La présidence de la République n'a pas besoin d'autorisation pour publier son livre », dit-il.
Après la polémique et la série de plaintes déposées, Adnène Mansar a révisé ses propos et mis de l'eau dans son vin. Il a déclaré que le Livre noir n'était pas destiné au grand public et qu'il allait être distribué à quelques élus de l'ANC et à des organisations professionnelles. Or, il n'a jamais donné cette version, ni même insinué, lors de son interview du 3 décembre. Tout au long de cette interview, il n'a cessé de dire et répéter que les gens doivent connaître la vérité (entendez sa vérité à lui) et que le peuple tunisien a le droit de savoir. En l'entendant, on comprend que c'est à lui de dévoiler la vérité et que la justice n'a pas son mot à dire. Mieux encore, il défie tout le monde en promettant d'autres tomes.
Tout au long de ses déclarations et de cette interview du 3 décembre, Adnène Mansar répète à qui voudrait le croire que ce n'est pas la présidence qui a fait fuiter le Livre noir. En attendant que le juge d'instruction trouve les preuves formelles quant à ce point, il y a des faits à relever et qui représentent des indices et des faisceaux de preuves quant à l'implication de la présidence dans la fuite. La première fois que l'histoire du Livre noir a été dévoilée fut le 28 novembre sur la chaine Al Moutawassat qui a obtenu un exemplaire, par ses propres moyens. Deux parties seulement ont ce livre, la présidence et l'imprimerie officielle. Institution prestigieuse de l'Etat, qui édite passeports et divers documents officiels et confidentiels de l'Etat, on n'a jamais entendu parler d'une quelconque fuite de cette institution depuis sa création il y a plus d'un siècle.
Et il est de notoriété publique que la chaîne Al Moutawassat est réputée être proche du pouvoir et n'est pas connue spécialement pour son grand apport professionnel et sa capacité d'obtenir de pareils scoops. Rappelez-vous en octobre dernier lorsqu'elle qualifiait les terroristes de Goubellat de pauvres prospecteurs d'or et de trésors
Autre indice. La copie physique du Livre noir a été dévoilée publiquement le 28 novembre, alors que la copie numérique a été diffusée sur le web le 2 décembre, soit quatre jours après. Cette copie numérique est originale et non scannée. A-t-elle été fuitée de l'Imprimerie officielle (ce qui fait une double fuite d'une organisation réputée être un bunker) ? A chercher de près qui sont les premières personnes qui ont publié cette copie numérique sur les réseaux sociaux, on retrouve un certain … Samir Ben Amor, comme on peut le voir sur cette capture d'écran, et un ami de Tarek Kahlaoui comme on peut le voir sur cette autre capture, et ce sur le mur FB de Kahlaoui et son approbation. Les deux sont issus du parti présidentiel CPR. Le premier a été conseiller à la présidence et le second dirige l'IES dépendant de la présidence. Coïncidences ? Certes ! Mais il y en a un peu trop ! Car tous ceux qui ont fait fuiter le Livre noir (exemplaires imprimés et numériques) appartiennent à la galaxie du palais de Carthage et non de l'imprimerie officielle. Malgré tous ces indices, Adnène Mansar continue à nier en bloc.
Pour démêler le vrai du faux et dévoiler la vérité (la vraie), le juge d'instruction du 12ème bureau a été chargé de centraliser l'ensemble des plaintes relatives à ce dossier. Entamant son enquête, il a convoqué Mohamed Henid, directeur de la Communication de la présidence. Adnène Mansar se fend d'un communiqué pour disculper Henid et dire que c'est lui le responsable. Il ne répondra pas pour autant à la convocation qui lui est envoyée pour le 20 décembre. On pourra dire qu'il ne l'a pas reçue et qu'il n'était pas informé de cette convocation qui a fait la une de plusieurs journaux. Mais il n'a pas répondu non plus à la convocation du 6 janvier. Techniquement, le juge pourra émettre un mandat d'amener, à moins qu'il ne considère que la première convocation est nulle, puisque non officiellement réceptionnée.
Que fera le juge d'instruction pour obliger Mansar à se présenter et répondre de ses actes et des indices de preuves, connus publiquement ?
En théorie, et dans le cadre d'une justice totalement indépendance, il se doit d'émettre un mandat d'amener. Or, la justice est loin d'être encore indépendante et on continue encore à voir des ingérences de la chancellerie, comme l'affirment les organisations professionnelles de magistrats.
Si le juge fait correctement son travail, il court le risque d'être « sanctionné » par le ministre, bien qu'il soit en théorie totalement indépendant et n'a de comptes à rendre qu'à sa conscience.
Devant un cas aussi borné et têtu que Adnène Mansar qui déclare publiquement son mépris de la justice juste et prône ouvertement l'injustice au nom de la révolution (à laquelle il a participé en diffusant du Oum Kalthoum sur sa page FB), le juge a du pain sur la planche… Dernière question, le juge considèrera-t-il dans cette affaire la justice comme une chose technique auquel cas, il n'y a plus de preuves formelles (à ce jour du moins) impliquant Mansar. Par contre, s'il considère la justice comme étant quelque chose de malléable et qu'il suffit d'indices ou de semblants d'indices pour accuser et juger les personnes, comme le voudrait Mansar, ce dernier se trouve cuit par là même où il a péché!


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