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Torture : le policier plus puissant que Dieu
Publié dans Business News le 04 - 03 - 2015

A plus de quatre années du déclenchement de la révolution en Tunisie, la torture reste une pratique largement répandue dans les geôles et les centres d'arrestation. Le pays qui poursuit à petits pas son processus de transition démocratique n'a pas encore mis fin à des pratiques longtemps utilisées par les précédentes dictatures comme moyens de répression et d'intimidation. Il faut le dire, l'impunité des agents de police est la principale cause de la persistance de la torture qui est loin d'être un mauvais souvenir en cette Tunisie en pleine mutation.
Deux rapports accablants viennent de paraître, celui de l'Organisation contre la torture en Tunisie (OCTT) et de la section tunisienne de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT), recensant les cas de torture et dévoilant au grand jour la proportion du phénomène tortionnaire dans notre pays. Des témoignages de personnes ayant subi, ou assisté, à des actes de torture et de maltraitance nous parviennent de temps à autre. Une victime a ainsi révélé à Business News que lors de son arrestation au centre de détention de Bouchoucha, elle a assisté de ces propres yeux à la crucifixion de détenus. Ces derniers sont restés crucifiés pendant des jours et des nuits dans les geôles.
Bassem Bouguerra, président de l'association « Isleh » et candidat aux élections législatives sur les listes d'Afek Tounes, ayant été arrêté courant février, témoigne à sa sortie en ces termes : « L'agent de police dans le centre de détention est plus puissant que Dieu, il a tous les pouvoirs et peut te faire ce qu'il veut. Au sein de la IIe République, on assiste à des actes de torture qui enlèvent toute dignité et humanité aux gens… ». Un fait récent met en évidence l'impunité dont jouissent les agents de l'ordre. Un couple à l'aéroport Tunis-Carthage en a fait les frais. Suite à un différend, le mari a été tabassé au vu et au su de tout le monde… Mais ces actes ne sont pas prêts de s'arrêter là.
Le rapport de février 2015 de l'OCTT annonce que les cas varient entre la torture, la maltraitance, le recours excessif à la force au cours de dispersement de manifestations ou pendant des descentes, mais également la fabrication de charges et les arrestations arbitraires. Ces violations ont entrainé chez les victimes des traumatismes physiques et psychologiques. L'organisation a constaté que dans de nombreux cas, les victimes sont empêchées d'accéder aux dossiers médicaux, si les violences avaient été perpétrées par des agents de l'ordre. Faits inacceptables et illégaux puisque ces documents sont nécessaires pour la composition des dossiers judiciaires.
L'OCTT a également noté que l'examen des plaintes pour torture est extrêmement lent, contrairement aux plaintes déposées par des agents de l'ordre contre ces mêmes victimes. Un dépassement qui dévoile la persistance de l'impunité. Toutefois, au cours du mois précédent, le nombre de « procès de vengeance/représailles » intentés par des agents de l'ordre contre les victimes ayant osé porter plainte contre eux, s'est accru. Un certain nombre de ces victimes sont inculpées, malgré le manque de preuves, comme c'est le cas de Hédi Hamzaoui. Ce dernier, suite à une plainte contre des policiers qui l'ont battu violemment, s'est retrouvé avec une affaire de vol sur le dos montée de toute pièce, outre une arrestation arbitraire et violente et des actes de maltraitance.

Pour l'ACAT, l'usage de la torture est moins systématique qu'avant la révolution, mais elle continue d'etre fréquemment employée à l'encontre des victimes aux profils divers. Après la révolution, plusieurs personnes, arrêtées pour des infractions de droit commun, sont mortes dans des postes de police et dans des circonstances suspectes qui n'ont toujours pas été élucidées par la justice. Il faut noter aussi que les forces de sécurité recourent parfois à une violence extrême, dans la rue ou au poste de police, dans le cadre d'opérations de maintien de l'ordre. N'oublions pas également que durant ces dernières années, des bloggeurs, des rappeurs et de jeunes activistes, considérés comme tenant un discours hostile au ministère de l'Intérieur, ont été malmenés et violentés par des agents sécuritaires.
Le pire, c'est que les victimes de torture et leurs proches, qui portent plainte contre des agents tortionnaires, encourent le risque d'être harcelés ou maltraités, voire torturés par les accusés ou leurs collègues, un fait relevé aussi par l'OCTT. Mais ceux qui présentent un profil salafiste, et suspectés de ce fait d'appartenir à des groupes terroristes, constituent les principales victimes de torture. Depuis le début de la lutte antiterroriste en 2012, des dizaines, voire des centaines de Tunisiens ont déjà été torturés pendant leur garde à vue. Les arrestations, interrogatoires et tortures exercés dans le cadre de la lutte antiterroriste sont le fait tant de la police que de la Garde nationale. Prenons seulement deux cas cités par l'ACAT :
Ameur Belaâzi, en détention provisoire depuis le 7 septembre 2013 dans une affaire de terrorisme, a été sorti de la prison de Mornaguia, le 13 septembre suivant, par la brigade antiterroriste de L'Aouina, pour être interrogé en tant que témoin dans une autre affaire. Il raconte avoir été torturé pendant trois jours, de 8 heures à minuit et dit ne rentrer à la prison que pour y passer la nuit. Il dit avoir été dénudé puis suspendu dans la position du « poulet rôti » et raconte avoir subi plusieurs coups de matraque électrique, des coups de bâton sur la plante des pieds et des brûlures au niveau des testicules. Un de ses tortionnaires lui aurait mis un pistolet au niveau de l'anus et l'aurait menacé de le tuer et de violer sa mère puis lui aurait arraché des poignées de cheveux. Son avocat a déposé une plainte pour torture le 27 septembre 2013. Le substitut du procureur en charge des affaires de torture à l'époque ne l'a entendu que le 22 octobre suivant. Il a constaté les traces de sévices dans le procès-verbal, mais n'a ordonné d'expertise médicale que le 11 décembre 2013, après avoir été relancé par l'avocat de la victime. Non seulement cette expertise a été demandée bien trop tard, mais en plus, elle n'a jamais été effectuée, Ameur Belaâzi ayant été, à plusieurs reprises, changé de prison. Cela a conduit le jeune homme à faire deux tentatives de suicide et à être hospitalisé pendant une semaine dans un hôpital psychiatrique, mais sans jamais passer par un hôpital généraliste pour faire l'expertise médicale.
Wassim Ferchichi était âgé de 15 ans lorsqu'il a été arrêté par des agents de la garde nationale de Kasserine, le 2 janvier 2013. Après son arrestation, il a été emmené au poste de la garde nationale de Kasserine où il a été torturé jusqu'à son transfert, le 4 février, aux mains des agents de la police judiciaire antiterroriste de l'Aouina qui lui ont fait signer des aveux. Le 8 janvier, après six jours de garde à vue, Wassim Ferchichi s'est présenté devant le juge d'instruction qui l'a fait écrouer. Quatre mois plus tard, Me Hafedh Ghadoun a été désigné par la famille pour représenter le jeune homme. Le 29 avril 2013, il a rendu visite en détention à son client qui lui a raconté ce qu'il avait subi à la Garde nationale de Kasserine. Trois jours plus tard, il a déposé une plainte pour torture auprès du substitut du procureur de Tunis spécialisé dans les affaires de torture. Ce dernier a transféré la plainte au procureur de Kasserine où les tortures ont été infligées et, à ce jour, aucune enquête n'a été diligentée…
On notera que les méthodes de tortures les plus utilisées par les forces de l'ordre sont : les gifles, les coups de pieds et de poings, le tabassage sur tout le corps avec des matraques, des barres de fer, des tuyaux, des crosses d'armes… ou encore, la suspension dans la position du « poulet rôti », les coups sur la plante des pieds (Falqa), les chocs électriques, les brûlures de cigarettes, les viols avec un bâton, les menaces de mort et de viol à l'encontre de la victime ou des membres de sa famille, la privation de nourriture, d'eau, de sommeil et de soins médicaux. La charmante liste concoctée par les tortionnaires est encore longue!
C'est dire l'ampleur du phénomène tortionnaire et les pratiques barbares employées par certains de nos agents, rappelant la nécessité de faire face à l'impunité généralisée dont bénéficient les tortionnaires. Le procureur de Tunis vient d'annoncer aux avocats de plusieurs victimes de torture l'ouverture d'enquêtes, un premier pas dans la lutte contre un phénomène aux antipodes de tout ce qui humainement acceptable.


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