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La fierté d'être face à la juge
Publié dans Business News le 05 - 05 - 2015

Mardi 5 mai 2015, les gens se lèvent pour vaquer à leurs occupations, travail, recherche de boulot, courses, études…
Mardi 5 mai 2015, après mon café matinal quotidien avec Sofiène Ben Hamida, Ali Mhedhbi, Marouen Achouri, Lotfi Beznaïguia et autres amis, c'est vers le tribunal de l'Ariana que je me suis dirigé et non vers le siège de Business News. Ma formidable équipe d'une bonne vingtaine de personnes, sans qui je ne serai pas ce que je suis, attendra. J'ai une obligation, nettement moins importante, mais légalement parlant cette obligation devient prioritaire. Et cette obligation consiste à se présenter devant le Tribunal de première instance de l'Ariana, suite à une énième plainte déposée par une personne estimant avoir été lésée par l'un des articles de Business News. La chose n'a rien d'extraordinaire, nul n'est au dessus de la loi et nul n'a le droit de se lamenter (ou d'avoir peur) de rendre des comptes à la justice, quand il n'a rien à se reprocher.

Il est neuf heures, la salle d'audience est archi comble. Les avocats se plaignent de la chaleur suffocante, les agents des forces de l'ordre essaient d'organiser tout le tohu-bohu. La journée n'est pas ordinaire puisqu'on cumule les affaires de deux mardis consécutifs. Mardi dernier étant une journée de grève chez les magistrats, donc les justiciables ont vu toutes leurs affaires reportées de sept jours. Ça doit être pire dans les geôles où 45 prisonniers attendent encore d'être transférés, menottés, dans la salle d'audience.
La juge arrive, une très longue journée l'attend. Elle ne finira certainement pas ses dossiers avant 16h-17h. Et elle devrait à coup sûr les examiner un à un chez elle, tard le soir, pour pouvoir les achever tous. Coup de chance, elle commence par les affaires de délit de presse et m'appelle en premier. Je suis derrière la barre. Une énième fois, mais toujours avec le même sourire, la même posture, la même assurance. A mes côtés, mon professeur Fethi El Mouldi, mon inlassable avocat. Une énième fois, lui aussi, mais toujours avec le même sourire, la même posture, la même assurance. La juge évoque la plainte déposée par Sihem Ben Sedrine, présidente de l'Instance Vérité et Dignité et me lit les griefs. Un article, que j'ai rédigé intitulé « Ceux qui vont vraiment gouverner ne sont toujours pas connus » où la plaignante m'accuse d'avoir écrit que Mme Ben Sedrine est mercenaire et menteuse. La juge m'interroge si j'ai bien écrit cet article. Je réponds oui, j'ai bien rédigé l'article, mais la traduction en langue arabe présentée par la plaignante est inexacte et n'est pas précise. Je laisserai le soin à Me El Mouldi de signaler d'autres erreurs contenues dans la plainte, mais je précise que tout ce que j'ai écrit était appuyé par des preuves, sous forme de vidéos. La juge dicte mes réponses au greffier.
L'avocat de Sihem Ben Sedrine, Ridha Sahli, prend la parole et demande le report de l'audience. La demande est cynique puisqu'elle impose à l'accusé de venir une nouvelle fois devant le tribunal. Avec tout le temps perdu que cela nécessite ! C'est pourtant bien cet avocat qui a envoyé un huissier, des semaines à l'avance, informant de la date du procès.
Fethi El Mouldi prend la parole et évoque les vices de procédure contenus dans la plainte. Il rappelle que la même plaignante a déjà déposé plainte et a été déboutée , pour les mêmes griefs. Me Sahli continue avec ses vices de procédure, mais peu importe, il a obtenu ce qu'il voulait, un report.

Pourquoi j'écris tout cela, alors que rien n'est vraiment extraordinaire ? J'y viens. Dimanche dernier était la Journée mondiale de la liberté de la presse. En Tunisie, nous avons mis des décennies à attendre à ce que l'on ait cette liberté de parler, de nous exprimer. La révolution est arrivée et nous avons promis et juré d'en finir avec la peur, la censure et l'autocensure. Cette liberté de parole est l'un des très rares acquis de la révolution et nous nous devons tous de le préserver.
La réalité est autre, car nos médias (journalistes et patrons) subissent d'autres formes de harcèlement et d'intimidation. Pas toujours du pouvoir, contrairement à ce qui se dit.
Ces formes de harcèlement consistent à multiplier les plaintes judiciaires pour faire taire X. A multiplier les articles de diffamation, de dénigrement et d'insultes pour faire taire Y. A accuser, sans fondement aucun, pour faire taire Z.
Comme cité plus haut, c'est la soi-disant défenseure des Droits qui multiplie les plaintes en justice pour faire taire Business News. Elle sait que tout ce qu'on a écrit est vrai, puisqu'il est appuyé par des preuves, et pourtant elle poursuit son acharnement pour nous faire taire.
Les sbires d'Attayar, que préside Mohamed Abbou, continuent sur les réseaux sociaux à accuser Business News et ses journalistes de différents maux, sans présenter l'once d'une preuve. Tout cela pour qu'on évite de parler d'eux.
Idem pour les CPRistes, tel cet ancien ministre qui implore Dieu de nous voir pendre par la langue, le jour du Jugement dernier. Je ne rigole pas, il l'a bel et bien écrit noir sur blanc !
On nous reproche une ligne éditoriale, on n'aime pas nos idéologies et nos idées et on est agacé par notre liberté de ton. Tantôt on y voit l'exécution d'un agenda politique et tantôt on y voit de la corruption à la solde d'on ne sait qui.
Ces accusations salissantes, dénuées de preuves, ces attaques régulières, ces procès d'intention et d'opinion sont de nouvelles formes de harcèlement des médias et des journalistes. Et ceci menace nos libertés chèrement acquises. Et, je le répète, cela ne vient pas du pouvoir, cela vient de la part de l'ancienne troïka.

Peu importe ma personne et peu importe mon journal et mes journalistes, nous pesons très peu par rapport à l'enjeu et par rapport au pays. Je suis assez fort pour résister au harcèlement judiciaire de Ben Sedrine and co et aux attaques des sbires de Abbou et Marzouki. Je tire une véritable fierté et une joie sadique à chaque fois que je suis devant le/la juge et à chaque fois que l'un des sbires de la troïka nous attaque, nous accuse, nous diffame. Oui, je dis bien une véritable joie, car je n'ai de comptes à rendre qu'à mon miroir, et mon miroir me renvoie l'image d'une personne à la conscience tranquille. Celle de la personne ayant accompli son devoir.
Mais pour combien de temps encore et combien sont comme moi (comme nous) à résister et accepter de subir ces attaques régulières, parce qu'ils ont osé dire la vérité à leurs auditeurs/téléspectateurs/lecteurs ?


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