Les prix de la viande ovine ont atteint des sommets ces dernières semaines. Le président de la Chambre syndicale nationale des bouchers, Ahmed Amiri, a tenté, lundi 11 août 2025, d'en expliquer les raisons. Le boucher a affirmé, au micro de Linda Rahali dans l'émission Ahla Sbeh sur Mosaïque FM, que le prix de la viande ovine de bonne qualité avait dépassé les soixante dinars dans certaines régions. Il a lancé un cri d'alarme, en assurant que s'il n'y a pas d'importation, les prix vont s'envoler encore plus et deviendront exorbitants. M. Amiri a estimé que la raison principale de cette hausse est le manque de production et d'organisation, pointant du doigt l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap), qui, selon lui, ne joue pas convenablement son rôle. Elle ne parvient pas, d'une part, à déterminer la production pour planifier les importations, et, d'autre part, à répondre aux besoins des agriculteurs-éleveurs en matière d'alimentation animale. Il a noté que les agriculteurs, ne disposant pas d'un quota suffisant pour l'alimentation animale, se rabattent sur le marché noir, ce qui fait peser les conséquences sur les bouchers et les citoyens, notamment au niveau des prix. Il a indiqué qu'au mois d'avril, l'Utap avait annoncé que le pays disposait de 1,42 million de têtes, alors que pour le sacrifice de l'Aïd el-Kébir, il faut normalement entre 850.000 et 900.000 têtes. Or, cette année, vu les prix, seulement 400.000 têtes ont été sacrifiées. Il s'interroge donc : « Où est passé le reste de la production ? » En outre, l'intervention d'intrus (spéculateurs, intermédiaires, etc.) dans le secteur n'a fait qu'attiser le problème et faire grimper les prix. La solution, selon lui, serait de conclure des contrats entre éleveurs et Etat ou entre éleveurs et bouchers, sans intermédiaires, comme cela se fait en Europe, pour maîtriser les prix et exclure les intrus. Ahmed Amiri a précisé que les bouchers achètent les ovins au prix de 55 dinars le kilo de vivant, alors qu'il y a au moins un décalage de dix dinars si le même ovin est acheté directement auprès d'un agriculteur. En ajoutant les frais de transport et d'abattage, il est donc normal que les prix s'envolent à plus de soixante dinars le kilo à la vente. Il martèle que les bouchers sont prêts à renoncer à leurs marges bénéficiaires pour répondre à la demande, à condition que l'Utap leur fournisse ce qui a été promis. Le président de la Chambre syndicale nationale des bouchers a profité de l'occasion pour annoncer que la chambre prépare un programme d'importation depuis la Roumanie avec la société Ellouhoum, afin de réguler les prix. Le prix de vente sera de 39,8 dinars. Si l'abattage est effectué comme prévu vendredi, la viande rouge réfrigérée sera disponible en Tunisie à partir de mardi prochain. « On n'accepte pas, et on n'est pas obligé d'acheter et de vendre la viande ovine à ces prix », a-t-il conclu.