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« Les derniers jours de Muhammed » : Enquête inédite sur la mort du Prophète de l'islam
Publié dans Business News le 22 - 04 - 2016

Qui ne connait pas l'histoire de Muhammed, Prophète de l'islam ? Chaque musulman, du moins, pourrait se targuer d'en connaitre un large pan. Toutefois, une multitude de détails restent inconnus du large « public », ne serait-ce que les événements ayant conduit à son décès et les moments le suivant immédiatement. Il s'agit là d'un épisode capital, mais les zones d'ombres sont nombreuses.
C'est dans cette optique que Héla Ouardi, professeure de littérature et de civilisation françaises a mené une enquête sur les dernières semaines de la vie de Muhammed, son agonie et les heures suivant sa mort. Un travail scientifique, audacieux et rigoureux, fondé sur le Coran et les sources de la Tradition sunnites et shiites, reconstituant une chronologie des faits inédite. Retour sur un livre qui lève le voile sur des faits historiques incontestables et qui ne manquera pas de susciter un grand débat…
Avec son livre, Héla Ouardi nous invite à effectuer une plongée dans l'Histoire, rendant le Prophète de l'islam à son historicité et dessinant les contours d'une figure humanisée. « Aujourd'hui l'adoration des musulmans pour leur Prophète est poussée à un tel paroxysme qu'une véritable obsession du blasphème entoure le personnage. La vénération dont il est aujourd'hui auréolé l'a en quelque sorte fossilisé ». Loin donc de la tendance de nos jours à sacraliser Muhammed qui est devenu de ce fait une abstraction, alors qu'il revendiquait lui-même n'être qu'un mortel, l'auteure se base, dans son étude minutieuse, sur les sources les plus prestigieuses. On citera Ibn Hichem, Bukhari, Tabari, Muslim, Tirmidhi, Shahrasteni et la liste est longue. Sources qui ne pourraient souffrir d'être taxées d'hérésie…
Quelle est cette maladie qui a terrassé le Prophète en seulement quelques semaines, alors qu'il jouissait d'une santé solide ? Pourquoi ses plus proches Compagnons, tels que les futurs califes Abu Bakr et Omar, s'étaient-t-ils volatilisés et n'ont pas assisté à son enterrement ? Pourquoi le Prophète n'est-t-il pas enterré le jour même de sa mort ? Comment expliquer que Muhammed ait été laissé à l'abandon pendant trois jours sans être inhumé ? Pour quelle raison avait-il été empêché de dicter son testament avant trois jours de son décès ?
Tant et tant de questions soulevées par Mme Ouardi sur cette aura de mystère qui entoure l'épisode de la mort du Prophète. L'auteure souligne, d'ailleurs, le silence de la Tradition « d'habitude si bavarde, si bien informée des moindres détails de la vie du Prophète et de ses Compagnons […] sur ce trou noir de deux jours au cours desquels [son] cadavre est abandonné ».
Le récit tente de recoller les pièces d'un puzzle, sur fonds de rivalités claniques, d'enjeux politiques, d'une lutte acharnée pour le pouvoir. Au centre un homme. L'homme à l'origine d'une des religions qui a su s'imposer à travers les temps. Un homme qu'on retrouve, vers la fin de sa vie, affaibli par la maladie, tout autant que par les luttes intestines, qui préfigurent les conflits que connaitra le monde arabe et musulman des siècles durant et jusqu'à aujourd'hui.
En filigrane, des épisodes et des anecdotes de la vie du Prophète et de ses Compagnons sont narrés dans un style romancé et toujours étayés par des références qui enrichissent la trame. Le lecteur remonte le fil d'une Histoire riche en rebondissements.
Vers la fin de sa vie, le Prophète maintient une politique belliciste. Sa dernière campagne, à la conquête de Jérusalem, se solde pourtant par un échec et lui vaut le mécontentement d'un grand nombre de ses fidèles. Il s'agit de l'expédition de Tabûk que l'auteure considère comme étant un événement capital dans les derniers mois de la vie du Prophète. Elle explique que « si cette campagne est restée dans les annales, c'est en raison de l'événement majeur qui se déroule sur le chemin du retour vers Médine ». Muhammed gravissait à dos de chameau le col d'une montagne, lorsqu'il est victime d'une tentative d'assassinat. La Tradition consigne cette tentative sous le terme de « conjuration d'al-Akaba ».
Héla Ouardi attire l'attention sur le fait que le Prophète ayant eu vent de ce complot, en ressort sain et sauf. On s'attendrait donc à ce que les conspirateurs soient punis. Seulement, fait étrange, un grand mystère entoure ces conjurés. Muhammed révèle au « gardien de ses secrets », l'identité des agresseurs, mais ne la confie pas à Omar et Abu Bakr, ses Compagnons les plus proches pourtant. D'aucuns diront que la décision prise par le Prophète de ne pas se venger des conspirateurs était mue par le fait qu'ils fassent partie de son proche entourage.
Après la tentative d'assassinat, Muhammed est confronté à une autre épreuve. Sur le chemin du retour, il est averti par l'ange Gabriel que des hypocrites ont érigé une mosquée où ils viennent se moquer du Prophète et de son œuvre. Muhammed ordonne donc que cet édifice soit démoli et devienne une décharge pour détritus. Point de lieu pour la dissidence pour le Prophète qui prône, comme le précise l'auteure, l'unitarisme et le refus de toute forme de contre-pouvoir. « Le Prophète préconise dans l'un de ses hadiths que l'on assassine celui qui cherche à diviser la communauté quel que soit son rang ». C'est en vertu de cette consigne que Omar attaquera, la maison de Fatima, la propre fille du Prophète, après sa mort, puisqu'elle y abritait les opposants du premier calife ou qu'Abu Bakr mène les guerres « d'apostasie » au lendemain de son avènement au pouvoir, contre ceux qui ont contesté sont autorité…
Le livre évoque également le Pèlerinage de l'Adieu, un épisode célèbre de la biographie du Prophète. Sauf que certains détails, sont tout aussi restés inconnus. Lors de son discours à la Mecque, Muhammed prévient les musulmans de l'approche des discordes, rappelant les devoirs dus à sa famille. « Je vous ai laissé deux choses qui vous préserveront de l'égarement : le Coran et ma famille ». Héla Ouardi relève cette phrase « si favorable aux gens de la maison, ne figure pas uniquement dans les textes shiites, on la retrouve également dans les ouvrages sunnites ». Selon ces mêmes sources, Muhammed avait décidé de passer le flambeau à Ali et l'annonce sur le chemin du retour à Médine : « La réaction des autres Compagnons ne tarde pas : mécontents, ils rédigent un pacte et tentent d'assassiner Muhammed pour barrer la route à Ali ». Il s'agit du complot du feuillet maudit, contestant le principe d'une quelconque hérédité dans le pouvoir politique.
Se basant sur plusieurs versions de la Tradition sunnite et shiite, Mme Ouardi révèle la teneur de ce complot et ses différents protagonistes, qui comptent parmi eux certains des plus proches compagnons du Prophète, lui-même a eu vent de cette conspiration. C'est à l'étang de Khumm que le Prophète aurait proclamé Ali comme successeur. « Le hadith de l'étang de Khumm est attesté par les sources majeures du sunnisme ».
Le Prophète essuiera une deuxième tentative d'assassinat à son retour du Pèlerinage de l'Adieu. L'étau se resserre et la lutte pour et la succession et les machinations politiques s'engrangent… « le retour de Muhammed de la Mecque a lieu dans une atmosphère tendue. […] La tension est décuplée quand, à la fin du printemps de l'an 632, juste après son arrivée à Médine, le Prophète commence à ressentir les premiers signes de la maladie qui lui sera fatale ».
Muhammed souffre de maux de tête continus, souvent, il a les jambes engourdies qu'il doit être aidé par deux hommes pour se déplacer et il a des syncopes à répétition. A quelques semaines de sa mort, il ordonne à ses principaux Compagnons de rejoindre une expédition militaire qui part en Syrie. L'œuvre relève l'insistance du Prophète pour que ses Compagnons soient loin de Médine. Se basant sur les sources sunnites et shiites, l'auteure établit que le but de Muhammed n'est autre que de les éloigner « pour pouvoir à son aise nommer Ali comme successeur et mettre ses amis devant le fait accompli ». Mais son autorité s'effritant peu à peu, certains de ses Compagnons comme Omar ou Abu Bakr ne se conforment pas, ou à moitié, à ses directives… « La situation devenant de plus en plus grave et le Prophète désormais sans énergie ne pouvant plus affronter le péril, ses proches, pour pouvoir contrôler la situation, doivent sans doute envisager le coup d'Etat ».
Une guerre larvée se mène entre la famille du Prophète, d'un côté, et ses Compagnons de l'autre. Héla Ouardi insiste, d'ailleurs, sur l'importante place que joue « le roman familial de Muhammed », expliquant que s'attarder dessus, aidera à comprendre « comment les rivalités politiques sont sous-tendues par des passions et des rancunes de famille ». Au centre de ces rivalités, les épouses du Prophète qui tirent les ficelles au profit d'un clan ou d'un autre. N'oublions pas que deux de ses épouses étaient les filles de Abu Bakr et Omar, Aicha et Hafsa…
L'auteure revient, dans un chapitre du livre, sur « la calamité du jeudi ». C'est le jour où le Prophète a été empêché par ses Compagnons, et à leur tête Omar, de consigner son testament. Affaibli et devant la dispute qui éclate à son chevet, Muhammed ne dicte pas ses dernières volontés. Omar s'y oppose avec agressivité, précise Mme Ouardi, certainement pour empêcher que la succession ne soit pas dans les intérêts de Compagnons.
Concernant l'origine de la maladie du Prophète, les sources qui font autorité n'écartent pas le scénario de l'empoisonnement. « Le caractère soudain de la dernière maladie de Muhammed fait planer le mystère […] une illustre autorité comme Bukhari présente deux versions contradictoires : l'une dit qu'il est mort empoisonné, l'autre affirme qu'il a succombé à une pleurésie ». D'ailleurs, les auteurs des plus anciennes biographies du prophète comme Ibn Hicham ou encore Bukhari affirment que sa mort est due à un plat empoisonné servi par une juive de Khaybar. D'autre part, des sources font savoir que le Prophète est devenu soupçonneux vers la fin de sa vie, ordonnant même à ses parents de goûter les plats avant lui. Empoisonnement ou pleurésie le mystère reste entier, au vu des différentes versions contradictoires…
Lundi 8 juin 632, le Prophète de l'islam rend son dernier souffle. L'auteure retranscrit l'émotion et la grande confusion qui règne à Médine lors de l'annonce de ma mort de Muhammed. Il n'est enterré que trois jour après : mercredi, au milieu de la nuit et en l'absence de ses plus proches Compagnons. Le corps sans vie de Muhammed est abandonné pendant ces trois jours sans être inhumé, pour des raisons purement politiques, précise Héla Ouardi. En effet, ses Compagnons auraient « retardé l'heure de l'enterrement pour arranger les affaires politiques et s'assurer de la nomination d'un chef de la communauté ». Les funérailles se tiennent finalement mercredi au soir en présence des membres de la famille, alors que Abu Bakr et Omar, les deux premiers califes des musulmans, étaient au rassemblement de la saqîfa des Banû Sâida « en train de conquérir le pouvoir », et « à l'issue de laquelle germera, dans la douleur, le noyau du premier Etat islamique ».
Qui connait réellement l'histoire de Muhammed? Cette enquête pertinente de l'universitaire tunisienne, appelle à une relecture de l'Histoire. Surtout que les références et les sources sur lesquelles s'est basée Héla Ouardi, sont aujourd'hui à la portée de tout un chacun. Les faits relatés dans « Les derniers jours de Muhammed » ont été depuis des siècles l'apanage des religieux et d'une certaine élite. Le savoir que recèlent ces multitudes de sources est une richesse historique restée inconnue du grand public. Les obscurantistes de tous bords n'apprécieront pas, ayant toujours rejeté toute autre version que celle communément admise.


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