La PDG de la compagnie aérienne nationale Tunisair, Saloua Essghaier, a tenu, mardi 24 février 2015, une conférence de presse en présence du vice-président Ali Dridi ainsi que des hauts cadres de la société. Plusieurs points ont été évoqués dont le plan de sauvetage de la société, les résultats financiers de 2013 et de 2014 et l'affaire de la vente des deux avions présidentiels. Prenant la parole, Mme Essghaier a souligné que les résultats de 2013 ont été impactés par la situation économique et politique du pays, notamment les meurtres de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi. Les indicateurs de 2014 sont meilleurs que ceux de 2013 malgré l'arrêt de l'activité vers la Libye et le marché russe, a-t-elle précisé. Ainsi, selon les résultats prévisionnels, le revenu a atteint 1.118 millions de dinars (MD) en hausse de 3% pour des charges d'exploitation de 1.278 MD en baisse d'environ 3%. Les résultats d'exploitation sont estimés à -160 MD, en amélioration de 30% (la société ayant enregistré des pertes de l'ordre de 205 MD en 2013 et de 276 MD pour les résultats consolidés du groupe). «Nous devons atteindre l'équilibre en 2014, s'il n'y a pas de corrections comptables à faire», a-t-elle prédit. Autre sujet brûlant, celui de la vente des deux avions présidentiels Airbus A340 (jamais utilisé) et un Boeing 737 BBJ. Mme Essghaier a expliqué que Tunisair avait déjà l'aval de l'ancien gouvernement pour la mise en vente des deux appareils mais par souci de transparence, la compagnie a informé le nouveau gouvernement, qui a entériné l'ancienne décision. Elle a souligné que les deux appareils sont en bon état et en état de navigabilité. On notera qu'une commission nationale est chargée du dossier de vente des avions présidentiels. Les propositions reçues sont traitées dans la plus grande transparence, mais aussi dans la plus grande discrétion eu égard à la confidentialité exigée dans ce genre de transactions par les acheteurs eux-mêmes. Concernant le plan de sauvetage de la société, la stratégie de restructuration mise en place repose sur trois volets : des mesures financières, des mesures sociales et des mesures organisationnelles. Côté financier, la société espère en 2015 rétablir son équilibre financier notamment à travers la mise en place d'une nouvelle stratégie commerciale qui misera sur sa nouvelle flotte (en 2016 deux A320 et en 2017 un A 330 et deux A320) et la réception des deux gros porteurs , les nouveaux Airbus A330 en mai et juin 2015 qui permettront à la compagnie de renforcer sa présence sur des destinations africaines et du Moyen-Orient et de développer son activité cargo, diversifiant de ce fait ses activités et améliorant son rendement. Quant à l'ouverture d'une ligne sur Montréal, Tunisair prévoit que celle-ci n'interviendrait pas avant l'été 2016, après l'étude de rentabilité économique de la ligne, notamment en ayant l'engagement ferme de la part des voyagistes de programmer la Tunisie pour la période hivernale dans leurs brochures 2016. Par ailleurs, Mme Essghaier a noté que la nouvelle stratégie commerciale englobe des mesures pour l'amélioration du service clientèle et l'amélioration du coefficient de remplissage (amélioration de +1,3% entre 2013 et 2014). Autre point, grâce à la baisse du prix du baril de pétrole la compagnie a économisé 22 MD hors effet de change, en 2014. Concernant le volet organisationnel, une nouvelle structure correspondant plus à l'activité de la société a été préparée et dont l'objectif est l'optimisation des structures de la société. D'ailleurs, pour 2014, l'Etat va prendre en charge 165 MD, une partie de la dette que doit le groupe à l'OACA, et supprimer les 23 MD de pénalités de retard y afférentes. L'Etat a, également, gelé la dette contractée auprès de l'OACA au 31 décembre 2013 d'un montant de 128 MD jusqu'à la vente de l'avion présidentiel et rééchelonner celle contractée auprès de la SNDP au 31 décembre 2013 d'un montant de 61 MD sur 18 mois et sans pénalités de retard. En outre, l'Etat a décidé de réviser la formule de calcul des redevances aéroportuaires en Tunisie indexées sur l'euro afin d'atténuer l'impact du taux de change sur les compagnies aériennes résidentes. Enfin, il va se porter garant pour les crédits qui seront contractés par la compagnie pour qu'elle puisse poursuivre son programme de renouvellement de flotte. Pour le dossier sociétal, la compagnie s'est mise d'accord avec le syndicat sur le principe de départ volontaire à partir de 2015. 750 personnes répondant aux critères ont présenté leurs dossiers et il reste à valider la liste finale et à trouver la partie qui financera cette opération. Ce plan d'assainissement va coûter globalement 178 MD (52 MD payés par l'Etat, Tunisair et la Caisse sociale). L'année 2015 sera marquée par la rationalisation du réseau de la compagnie et un renforcement du nombre de dessertes là où la rentabilité est assurée. Le trafic prévisionnel table sur une augmentation du nombre de passagers de 8 à 9,7%, pouvant atteindre 3,8 millions de voyageurs à la fin de l'année 2015. L'autre objectif porte sur l'amélioration du coefficient de remplissage des appareils de 3,1 points pour les vols réguliers et supplémentaires. La recette unitaire devrait également s'améliorer de 2,3%. «Je suis optimiste, tout en étant réaliste et en prenant en considération le potentiel existant», a conclu Saloua Essghaier.