Il est partout ! Vous l'avez sans doute aperçu à Gafsa lors des funérailles du défunt délégué de Matmata, Mohsen Ben Assi, serrer les mains des gens venus présenter leur condoléances ; poser près d'un chameau à Rjim Maâtoug ; au stade de Radès féliciter l'équipe nationale ; à l'ouverture des JCC à Tunis posant aux côtés des célébrités tunisiennes; à Sfax à l'inauguration de toutes les écoles françaises et partout ailleurs. Pas besoin de le chercher, il est bien là. Il est ambassadeur de France en Tunisie depuis septembre 2016. 14 mois d'exercice durant lesquels il a parcouru le pays de long en large et s'est affiché presque partout. En 14 mois d'exercice, Olivier Poivre d'Arvor aura parcouru les 24 gouvernorats de la Tunisie mieux qu'une bonne partie de Tunisiens qui y vivent pourtant depuis des décennies. Dans tous les événements qui concernent de près (ou même de très loin) la France mais aussi ceux qui n'ont absolument rien à voir avec son pays, il n'en rate aucun.
Son style contraste totalement avec celui de son prédécesseur François Gouyette. Plus habitué des salons feutrés et des déplacements plus « officiels », Gouyette se faisait nettement plus discret. Olivier Poivre d'Arvor ne laisse pas indifférent. Son style ? Soit on l'aime soit on le déteste. Pas de juste milieu.
Afin de rafraichir une diplomatie froide et austère, OPDA fait dans le « sympa ». En plus d'être un diplomate qui sert (évidemment !) les intérêts de son pays, Olivier Poivre d'Arvor exprime dans ses déplacements « une amitié et une affection » qui le lient à la Tunisie. Diplomatie économique oui, mais l'empreindre d'une certaine affection et d'une grande bougeotte sur le terrain semblent être son crédo. Il parle même de couple « franco-tunisien » pour qualifier les relations qui lient nos deux pays. Ceux qui apprécient cette bougeotte, estiment qu'on ne peut réaliser des partenariats fructueux avec des gens qu'on ne connait pas de très près et qu'on ne peut faire de la diplomatie en restant confortablement assis dans des salons feutrés.
Mais cette bougeotte est perçue par nombreux citoyens comme étant tout simplement de l'ingérence. Pourquoi un diplomate a-t-il besoin d'être de toutes les fêtes, de manière aussi ostentatoire ? Si plusieurs citoyens râlent, appelant l'ambassadeur à ne pas quitter sa coquille et à se faire petit, le Courant Populaire, lui, exprime son mécontentement de manière plus bruyante. Aujourd'hui, dans un communiqué, le parti affirme « voir d'un mauvais œil », les activités pas très diplomatiques du diplomate français. Des activités qui commenceraient à « attiser la colère de l'opinion publique » et qui seraient perçues comme une « atteinte à la souveraineté nationale » et à « la dignité du peuple tunisien ». Le parti, qui ne mâche pas ses mots, appelle même le ministère des Affaires étrangères à intervenir au plus vite pour recadrer l'ambassadeur.
Si elle est méticuleusement étudiée, cette diplomatie est loin de faire l'unanimité. Plusieurs citoyens s'indignent contre les nombreux déplacements de l'ambassadeur jugeant qu'il prend « un peu trop ses aises » dans un pays qui n'est pas le sien. Se voulant être, ce nouvel ambassadeur accessible et ami de tous, Olivier Poivre d'Arvor fait jaser. Mais qu'importe, ce ne sont pas les intérêts de ceux qui jasent qu'il défend dans sa mission, mais bien de ceux qui lui inspirent la conduite à avoir…