Sayarti Village, le premier forum thématique interprofessionnel de l'auto, a voulu réunir pour son premier déjeuner débat les concessionnaires auto et les agences de voyages autour d'une thématique brûlante : «Quelles solutions de transport terrestre pour répondre aux nouvelles attentes de nos touristes ?». Les ministères concernés notamment celui du Tourisme et des Finances ont été invités mais n'ont pas répondu à l'invitation. Seul celui du Commerce a fait l'effort de venir écouter les doléances des acteurs de ces deux secteurs. Un petit état des lieux nous révèle certains faits. Notre tourisme est un tourisme balnéaire, qui touche plutôt une clientèle qui veut dépenser moins et qui cherche plutôt du all-inclusive. Or, la Tunisie a de plus en plus besoin d'entrées en devises pour répondre aux différentes attentes et surtout pour endiguer le glissement du dinar. Il faudra dans ce cas une montée en gamme pour attirer une clientèle plus aisée et capable de dépenser beaucoup en peu de jours. Le hic, c'est que ces clients des besoins spécifiques. Pour la fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV), le problème est assez simple : il n'y a ni stratégie ni volonté politique pour redresser le secteur sinistré du tourisme. Elle estime que la décision d'enlever l'avantage fiscal accordé aux agences de voyage sur l'achat de véhicules en est un exemple concret. Autre problème soulevé, l'offre actuelle des concessionnaires ne répond pas à leurs besoins et à ceux de leurs clients outre le prix qui est devenu exorbitant vu le glissement du dinar et le retrait de l'avantage fiscal.
Le président de la FTAV Jabeur Ben Attouch a expliqué qu'il y a un problème important de transport touristique, en termes de disponibilité de matériel roulant, de législation et surtout de décisions unilatérales de la part de l'administration. Pour lui, la solution est la mise en place d'une stratégie de sauvetage. Pour Mohamed Ali Toumi, il faut vite mettre en place une vision du tourisme pour les 20 ou 30 prochaines années et ne plus raisonner en termes de coût mais en termes d'investissement. Le directeur du commerce extérieur Fathi Bdour a estimé, pour sa part, qu'il s'agit d'un problème d'importation de véhicules qui vont concurrencer ceux qui sont assemblés en Tunisie, ce qui va déranger les industriels locaux.
A ceci, les membres de la FTAV ont souligné qu'il ne s'agit pas d'un caprice mais de répondre à des besoins formulés ou à des cahiers des charges, dont ils sont incapables, pour l'instant, de répondre. Ils ont, entre autre, évoqué le problème du parc de 4X4 de Tozeur, qui est passé de 600 véhicules en 2011 à 85 véhicules actuellement. Ils ont expliqué qu'ils sont incapables d'organiser des événements avec un nombre important de personnes dans le sud à cause de cette problématique et que le retour des dessertes vers Tozeur est devenu carrément problématique pour eux en termes de transport, n'étant plus capables de répondre à la demande. Autre sujet important évoqué, l'accueil et le transport VIP. Pour eux, comme il y a une montée de gamme pour les hôtels, il faudra une autre pour le transport, qui ne peut passer que par les agences et qui n'est réalisable qu'on leur accordant un avantage fiscal pour qu'il soit outillé à répondre à la demande et surtout permettre des entrées en devises au pays.
Pour leur part, les concessionnaires ont expliqué que les agences de voyage n'ont pas formulé de demandes précises et qu'il est possible, si une solution est trouvée avec l'administration à propos des avantages fiscaux de leur fournir des véhicules qui répondent à leurs attentes. Ceci dit, certains ont évoqué une contrainte de taille, le nombre de véhicules commandés devrait être au-dessus d'une trentaine, le seuil minimum pour qu'un constructeur leur ouvre une ligne de production. D'autres ont souligné qu'il faudrait une volonté de l'Etat pour libéraliser le marché et favoriser une concurrence loyale, pour résoudre toutes ces problématiques. Au lieu du système des quotas, le marché devra être géré par la loi de l'offre et de la demande ainsi tout le monde sera obligé d'améliorer la qualité de ses produits et de ses services.
Conclusion, il faudrait que les agences de voyage et les concessionnaires s'unissent pour faire le lobbying nécessaire et faire la pression sur l'administration pour que les deux puissent répondre aux mieux aux attentes de leurs clients.