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Les professionnels tunisiens se penchent sur la relance du marché français
L'observatoire du tourisme
Publié dans Le Temps le 17 - 09 - 2013

Sale temps pour le marché français qui connaît une grande chute. Un constat évident mais problématique pour les voyagistes comme pour les professionnels tunisiens. Les Français seront moins nombreux à partir en vacances cette année.
Ce marché, avec 571530 entrées du 1er janvier au 30 août 2013, a accusé une baisse de 43% par rapport à 2010, en termes de flux touristique en direction de la Tunisie.. Les Français ont énormément tardé à réserver leurs vacances cette année. En cause : la crise économique, qui a créé un phénomène d'attentisme. 62% des réservations surviennent moins d'un mois avant le départ et 45% à moins de 8 jours, selon une enquête des agents de voyage (Snav). Pourtant précise Taieb Hchaichi expert en tourisme lors de l'ouverture du premier séminaire sur la relance du marché français organisé par l'observatoire du tourisme présidé par Afif Kchouk la Tunisie est plus que jamais la destination préférée des Français. Par sa proximité, son bon rapport qualité-prix, elle est également capable de convaincre les indécis à venir nombreux en cette période estivale. Mais pourquoi les Français boudent la destination ? Comment booster ce marché frileux qui tarde à décoller ?

Jamais une telle chute
"Jamais, même au plus fort de la crise de 2009, nous n'avons constaté une telle chute des intentions de départ, commente Hchaichi . "C'est le reflet de grandes inquiétudes. Le pouvoir d'achat baisse. Et le cancer du tourisme, c'est le chômage, sachant qu'une personne au chômage a en moyenne un impact sur le budget vacances équivalents à six personnes". Hammamet a été la plus touchée. L'aérien a connu une baisse énorme. Le charter ne suit pas. L'Espagne, la Grèce, la Croatie et la Turquie en profitent. Plus personne ne s'intéresse à la destination ajoute Afif Kchouk directeur de l'observatoire malgré les efforts des autorités françaises pour booster le marché. Les professionnels ont tout mis en œuvre pour développer cet atout important ; parmi les mesures pour attirer le client français, il y a les vols charters à prix dégriffés et la vente de package tout inclus à prix réduit. Pourtant avoue Nicolas de Laporte directeur régional d'Air France en Tunisie « Ce marché n'a cessé de baisser depuis le déclenchement du printemps arabe. Les vols ont chuté de 40%. Il n'y a plus de demande sur la Tunisie. Les intentions de départ des Français ne sont pas encore visibles. Elles sont à ce jour en régression. Les réservations se faisant de plus en plus à la dernière minute. Pourtant la Tunisie est plus que jamais la destination préférée des Français. La rupture s'est faite depuis les événements de l'ambassade américaine et l'assassinat de Chokri Belaid. Ce climat de tension a frappé le marché qui ne s'est pas exprimé à temps pour répondre suffisamment aux attentes des français » Mohamed Belajouza le PDG de SeabelHotels a exprimé son inquiétude pour ce marché traditionnel de la Tunisie « Nous avons vécu de la même façon la baisse du marché allemand qui ne dépasse pas actuellement les 400 mille clients. J'ai peur que le marché français subira le même sort. Mais nous ne devrons pas baisser les bras. La Tunisie est un fonds de commerce pour les opérateurs français. Mais ceci doit nous inciter à balayer devant nos portes. Il ne faut pas nier qu'il y a des crisettes. On a sensibilisé l'administration et multiplié les mises au point. Mais notre écho n'est pas en train de trouver une résonance. Il suffit de regarder la détérioration de l'environnement à Djerba, à Hammamet et à Tunis et la mauvaise qualité des services, le bradage des prix. Un taux d'occupation historiquement bas. Ceci a été amplifié par une certaine presse qui cultive très souvent le sensationnel, portant préjudice aux intérêts et à l'image d'une destination. Aujourd'hui, on est là pour sortir de ce marasme durable. Une feuille de route est nécessaire pour rebooster ce marché »
Désengagement des tour-opérateurs français
La Tunisie a accusé un recul notable sur le marché français. Le nombre de touristes a notablement régressé en raison, entre autres, de l'image véhiculée par les médias français sur notre pays. « Il y a aussi le problème du désengagement des tours opérateurs qui se rabattent sur les vols réguliers où ils n'ont pas d'obligation de remplissage comme lorsqu'il s'agit des vols charters » affirme Afif Kchouk .Férid Fetni directeur de Syphax Airlines à Paris a parlé de l'essoufflement du marché français « Ce marché explique-t-il a connu une grande mutation liée à une restructuration des réseaux de vente, une réorganisation des TO et une mauvaise situation économique depuis 2009. La révolution tunisienne a eu certes un effet psychologique sur la clientèle française. Plus personne ne parle de la Tunisie à part les médias qui s'acharnent sur notre destination. Des intentions de départs historiquement basses. Avec un budget en baisse du fait du recul du pouvoir d'achat, seuls 40 millions de Français comptent partir en vacances en 2013.L'heure est plus que jamais à la recherche de bons plans de dernière minute, voire "d'ultra-dernière-minute surtout après août. ! Ces ventes de dernière minute ne sont plus le reflet d'une recherche du meilleur prix, mais plutôt d'une envie irrésistible de changement d'air, de détente, d'échappatoire au mauvais temps. Cette évolution provient de deux facteurs principaux : le premier est la météo qui a été maussade jusqu'à fin juin. Les Français, adeptes de la réservation à la dernière minute, ont tardé à réserver leurs vacances en France ou ont eu tendance à rechercher des destinations exotiques et lointaines comme les Caraïbes. Le second facteur est la crise économique : les vacanciers privilégient les périodes plus creuses pour partir à moindre coût. Le résultat une baisse des forfaits de 60% sur la Tunisie. Les TO les plus engagés sur la Tunisie ont le plus souffert comme Thomas Cook, Fram, Look…. Il y avait moins de charters cet été sur la Tunisie. Il s'en suit une guerre tarifaire entre les compagnies aériennes » Habib Bouslama expert en transport aérien a appelé à sauver la maison et à assurer sa pérennité « Comment sauver les meubles et se projeter dans l'avenir ?dit-il La réponse ne dépend pas des acteurs du tourisme mais plutôt de la nécessité d'améliorer notre image auprès du consommateur français. Ce marché français est –il saturé ? Peut-il aller au-delà de 1.300000 clients ? Ce tableau noir peut devenir rose avec un peu de communication, de promotion ciblée. Certes il y a une stratégie mais elle est celle de tous les intervenants du tourisme. » Tahar Sayah directeur d'Oranges Tours a expliqué les raisons endogènes et exogènes de cette chute du marché français « Je comprends pourquoi les Français ont-ils raison d'être hésitants sur votre destination. Je la comprends, cette hésitation, quand des événements post révolution ont été amplifiés par une certaine presse agressive envers la destination. Aujourd'hui, cette hésitation ne se justifie plus au regard de la nette amélioration des conditions de sécurité dans toutes les régions du pays. De l'aveu même de plusieurs journalistes et diplomates européens ayant sillonné le pays malgré que le Sud reste une zone rouge. La sécurité des Tunisiens et des touristes est l'une des priorités majeures de notre gouvernement. Un grand effort doit être engagé, au double plan humain et matériel. Ceci sans oublier d'accorder un grand intérêt à l'environnement. Certes, la Tunisie est un fonds de commerce pour les voyagistes français. La relance s'impose avec la collaboration de l'administration » « La machine est-elle bien huilée pour redémarrer de nouveau » s'interrogent Afif Kchouk et Taieb Hchaichi . Pour Mohamed Ali Toumi, le Président de la FTAV, le marché français a-t-il beaucoup donné à la Tunisie ? Non dit-il il y a encore du potentiel. Mais nous devrons utiliser les meilleurs moyens pour toucher toutes les régions françaises et notamment les Provinces. Nous dépensons 38 milliards pour la promotion. A quoi sert de gaspiller cette somme dans ce créneau ? Il vaudrait mieux l'orienter vers l'environnement ».
Aller vers le client
Le but premier de la communication est la transmission d'un message. « Lorsqu'il s'agit d'une communication touristique, l'objectif est d'informer, influencer des personnes ciblées, grâce à l'utilisation de différentes techniques avoue Mohamed Belajouza . La communication touristique s'organise autour de l'image et de l'identité du territoire promu. En effet, la première étape de cette communication est la phase de communication interne, afin de construire l'identité du produit. Dans une seconde phase, il s'agira de mettre en place une stratégie de communication pour transmettre vers l'extérieur l'image que l'on souhaite donner à son territoire ou son produit, c'est-à-dire l'image voulue. Enfin, le dernier stade est celui de l'image perçue, c'est-à-dire l'image qu'ont les cibles de la communication du territoire ou du produit. Et là il faut aller vers le client le toucher de plus dans sa ville, dans son village ou dans son quartier. Aujourd'hui, la plupart de la communication touristique se fait via la presse. Il faudrait toucher la presse régionale qui a un grand impact sur la population. Il faudrait créer l'envie de partir avec un message clair et concis pour une meilleure accroche. Nous devrons entreprendre des opérations de communication et d'invitation et organiser des rencontres spécialisées voire diffuser des spots télévisés en direct des zones touristiques du pays pour que l'image de la Tunisie commence à circuler positivement parmi les Français. » Bref des mots pour des maux. Une initiative à saluer de la part de l'observatoire du tourisme conclut Habib Bouslama Président régional de la FTH car nous devrons aller à Top Résa avec au moins des idées claires et une feuille de route pour relancer ce marché porteur
Kamel BOUAOUINA
Wahid Ibrahim, expert en tourisme
“ Le marché français doit être absolument relancé mais pas n'importe comment”
« Le marché français doit être absolument relancé mais pas n'importe comment et à n'importe quel prix !... C'est en temps de crise qu'on doit prendre les mesures chirurgicales»
La France représente le principal marché pour le tourisme Tunisien. Un marché qui ne cesse de baisser ces dernières années et qui a entamé son essoufflement bien avant le 14 janvier 2011. Un marché qui n'a dû ses performances passées qu'à coups de réductions substantielles des tarifs hôteliers , à la généralisation de la formule All Inclusive bas de gamme , au glissement du dinar et au trop plein des autres destinations . Même si en 2013, la situation économique générale de l'économie française peut expliquer le recul des départs en vacances, la Tunisie a enregistré des baisses encore plus prononcées que les destinations concurrentes. Les causes sont donc d'ordre endogène. La situation sécuritaire tunisienne et l'hypermédiatisation qui s'en est suivie n'ont fait qu'enfoncer le clou. Que faire ? À mon avis, le marché français, plus que tout autre marché, exige une réflexion de fond et des mesures stratégiques "révolutionnaires". Le problème n'est pas d'ordre publicitaire car les Français, de par l'histoire et les échanges et économiques, la proximité culturelle et linguistique connissent la Tunisie et ses potentiels touristiques. Au fil des années, la Tunisie n'a pas su délivrer une qualité de produits de nature à fidéliser la clientèle et à favoriser son retour. Le réservoir des ÛÇÝáíä s'est trouvé épuisé. Il y a lieu donc de rompre graduellement avec la stratégie de production de bas de gamme ciblant une clientèle de masse au pouvoir d'achat de plus en plus étriqué. Pour ce faire, il convient d'adopter une stratégie d'écrémage qui attirera une clientèle nouvelle génératrice de meilleures recettes et d'image valorisée. On ne devra plus mélanger le "congé payé " et les patrons, le smigard et le fortuné, le fêtard et l'amateur de quiétude et de sérénité, le bronzé idiot et l'amateur de culture. L'affaire semble, à première vue compliquée et le modus operandi peu évident. Ce choix stratégique doit être fait de commun accord entre l'administration et les fédérations professionnelles, dès maintenant et pour les prochaines saisons. À titre d'exemple , on procéderait comme suit : 1-réserver les hôtels 4 et 5 étoiles dûment mis à niveau et répondant aux normes pour cette stratégie de montée en gamme 2-s'entendre sur une charte de qualité minimale 3-s'entendre sur des prix planchers annuels excluant toute velléité de bradage 4- libeller les contrats exclusivement en euros pour éviter les effets pervers du glissement du dinar 5- inclure dans le séjour des propositions de découvertes écologiques , culturelles , de pratiques sportives et de santé 6- octroi d'avantages fiscaux particuliers pendant toute la durée de cette transition de montée en gamme 7- réserver les budgets de publicité pour des campagnes portant exclusivement sur les produits de montée en gamme dont le MICE 8- prendre en compte la communication événementielle à travers l'organisation d'opérations de prestige à haut impact médiatique 9- entrer de plain pied dans la web-compatibilité en créant des sites marchands B to C et B to B 10- ouvrir le ciel et autoriser toutes les formes de transport aérien adaptées à la clientèle individuelle . 11-intensifier les opérations de démarchage commercial individuelles et (ou) groupées à Paris et dans les régions françaises. Et pour ne pas décrocher du tourisme balnéaire de masse, il y a lieu de lui réserver les autres catégories d'hôtels et d'hébergement de vacances ( villages de vacances, hôtels 2 et 3 étoiles, faux 4 étoiles et faux 5 étoiles ). Ainsi, on aurait un tourisme de masse estival amélioré et compétitif, et un tourisme haut de gamme plus qualitatif et plus rémunérateur. Pour cette dernière typologie, le critère de performance ne sera plus le taux d'occupation mais la recette à la nuitée et le taux de retour. La présente proposition peut ne pas rester de l'ordre des chimères si on se convainc que le marché français doit être absolument relancé mais pas n'importe comment et à n'importe que prix . C'est en temps de crise qu'on doit prendre les mesures chirurgicales les plus douloureuses car c'est uniquement à ces conditions qu'on peut espérer une rémission salutaire et durable. Enfin, nous devons nous départir de toute forme de complexes et reconnaître que les modèles turcs et surtout marocains nous offrent d'excellentes sources d'inspiration, Assez de fanfaronnades prétentieuses et stériles.


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