La scène nationale ne cesse de vibrer sur le rythme des multiples crises qui se succèdent. Cela dit, la crise de l'enseignement secondaire fait partie de celles qui persistent depuis des mois, si ce n'est des années. La situation de blocage est maintenue et le bras de fer entre le ministère de l'Education et la Fédération générale de l'Enseignement secondaire n'a toujours pas pris fin. Pour la deuxième année scolaire consécutive, la crise de l'enseignement secondaire est au centre des polémiques à l'échelle nationale. Considérant qu'ils exercent un métier pénible et dur, les professeurs de l'enseignement secondaire revendiquent, entre autres, des primes spécifiques, la réduction de l'âge de la retraite ainsi que l'amélioration des conditions dans les écoles. Des demandes assez légitimes, mais qui ne peuvent être satisfaites par le ministère de l'Education, faute de moyens. Si cette situation semble ordinaire en temps normal, elle a fait réagir la Fédération générale de l'Enseignement secondaire qui a décidé de boycotter les examens du premier trimestre. Cette mesure d'escalade qui s'inscrit dans le cadre du bras de fer avec le ministère de tutelle, a été fortement contestée, aussi bien par les élèves que par les parents. D'ailleurs, le président de l'Association tunisienne des parents, Ridha Zahrouni avait indiqué qu'à cause de cette crise, les enfants se retrouvent dans la rue et font même des grèves. « C'est le droit des élèves d'exprimer leur mécontentement face à la situation. Le boycott des examens leur a fait perdre la concentration. Ils ont peur d'une année blanche et cela rend la situation plus compliquée », assure Ridha Zahrouni. Selon lui, les responsables ne sont pas conscients de la gravité de la situation, d'autant plus que les efforts de plusieurs familles vont tomber à l'eau. « Nous respectons les revendications des enseignants. Cependant, ils n'ont pas le droit de bloquer l'année scolaire. Il faut dire, aussi, que le déroulement des cours est la responsabilité du gouvernement », indique-t-il, soulignant que les parents ne disposent pas des données leur permettant de prendre position en faveur d'une partie ou d'une autre. Le président de l'association va jusqu'à assurer que les élèves se sentent humiliés, et que leurs droits ne sont pas respectés.
Ainsi, et face à cette situation, les élèves ont fini par manifester leur colère et leur exaspération en faisant eux aussi la grève et en organisant des marches et des sit-ins appelant à mettre fin à ce blocage. L'angoisse de l'année blanche et l'incertitude quant à leur avenir étant les premières motivations derrière ces mouvements de colère. Les photos publiées sur les réseaux sociaux expriment parfaitement le degré d'inquiétude qui règne dans le milieu scolaire.
Du côté des parties prenantes, les choses ne vont pas mieux. En effet, les enseignant ont entamé un sit-in ouvert au siège du ministère, depuis déjà deux jours. Ils furent, cependant, accueillis par des gâteaux et des boissons par le département de l'Education ! Aujourd'hui même, ils ont tenu leur journée de colère ainsi qu'une marche massive. Le secrétaire général de la Fédération, Lassâad Yaâcoubi a affirmé, quant à lui, qu'il est prêt pour entamer des négociations sérieuses pour mettre fin à cette crise, soulignant que les autorités de tutelle ne les ont appelés à aucun dialogue depuis le mois de novembre dernier.
Le ministre de l'Education, Hatem Ben Salem, a indiqué, pour sa part, que la partie syndicale refuse tout dialogue et n'est prête à signer qu'une réponse favorable à toutes ses revendications. Le ministre a précisé que les revendications ne sont pas toutes du ressort de département et dépendent du gouvernement. Il a, toutefois, contesté ferment la prise en otage des élèves, dénonçant ferment la mesure de boycott des examens, qui, selon lui, est illégale et ne fait qu'approfondir la crise.
Force est de constater que la responsabilité dans cette crise est partagée. La Fédération générale de l'Enseignement secondaire joue son rôle syndical, alors le ministère ne peut offrir ce qu'il ne possède pas. Cela dit, les formes d'escalade et les moyens de contestation ne prennent pas en considération l'intérêt de l'élève, l'unique partie lésée par ce bras de fer. L'école publique, un des principaux acquis de la Tunisie moderne et une de ses fiertés à travers le monde, est en train de perdre de sa valeur à cause d'une guerre farouche qui ne semble pas prête de s'arrêter de sitôt.