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Ennahdha face à son destin
Publié dans Business News le 21 - 10 - 2019

Vainqueur des élections législatives d'octobre avec 17 sièges en moins qu'en 2014, Ennahdha annonce qu'elle assumera pleinement le cadeau empoisonné qu'offre cette victoire et présidera le prochain gouvernement. Au risque d'y laisser plus que des plumes…

Fini pour le parti islamiste le choix prudent de se cacher derrière « un candidat indépendant », un « oiseau rare » ou une « personnalité consensuelle ». A l'issue de la réunion de son conseil de la Choura, haut organe décisionnel du parti, Ennahdha annonce officiellement qu'elle présidera le prochain gouvernement. Un communiqué publié hier, dimanche 20 octobre 2019, à l'issue de deux jours de réunion, annonce que le parti islamiste sera à la tête du gouvernement et sera ainsi chargé de sa formation. Voilà qui est dit ! Fin donc des spéculations autour de la personnalité « consensuelle » qui présidera ce nouveau gouvernement.
Le parti islamiste ayant l'habitude de faire planer le doute jusqu'au bout, a décidé aujourd'hui de jouer ses dernières cartes en annonçant que l'un des siens siègera à la Kasbah. Le doute ne serait même pas permis quant à la personnalité émanant du parti qui aura ce privilège – empoisonné – puisqu'Ennahdha répète à qui veut l'entendre que ce sera Rached Ghannouchi lui-même qui assurera la mission. Du moins pour l'instant.
Le parti, qui avait auparavant sacrifié son vice-président Abdelfattah Mourou à la présidentielle, déciderait-il aujourd'hui d'offrir une autre personnalité à la vindicte populaire? Si Abdelfattah Mourou avait, lors du premier tour du 15 septembre, peu de chances de passer au second tour face à Kaïs Saïed et Nabil Karoui (ce que je parti savait d'avance), Rached Ghannouchi lui n'est pas un choix hasardeux. Il semblerait que, dans cette manche, Ennahdha ait décidé de jouer le tout pour le tout.

Avec 52 députés lors des législatives du 6 octobre 2019, le parti Ennahdha arrive certes premier face à des candidats qui s'en sortent moins bien. Il perd, cependant, de plus en plus de sièges au parlement depuis son premier exercice démocratique : 17 de moins qu'en 2014 (69 sièges) et 37 de moins qu'en 2011 (89 sièges). De plus en plus confronté au jeu du pouvoir, s'il s'en sort relativement mieux que les autres, le parti Ennahdha paie aussi les frais de sa surexposition et de ses choix. Ses électeurs n'arrivent pas à lui pardonner plusieurs de ses choix politiques. Les électeurs qui ont élu un parti islamiste ne s'attendaient, en effet, pas à ce qu'il cohabite avec ceux dont les orientations politiques sont éloignées des siennes. Ces électeurs souhaitaient, au contraire, que le parti honore le pouvoir que les urnes lui ont conféré et choisisse de gouverner pleinement.

En vitrine, le conseil de la Choura prend les décisions importantes. Dans une parfaite démocratie, ces décisions ne seraient contestables pour personne. Sauf que dans les faits, les choses se passent autrement.
La récente réunion du conseil de la Choura ne s'est pas déroulée sans couacs. Des tensions avaient éclaté entre le chef d'Ennahdha Rached Ghannouchi et le cadre du parti Abdellatif Mekki. Sujet de la discorde ? Le nom de celui qui occupera le poste de chef du gouvernement. Alors que le communiqué officiel du parti voulait faire croire que le nom de Ghannouchi avait fait consensus, des voix d'Ennahdha avaient plutôt penché pour d'autres personnalités. Abdellatif Mekki, Samir Dilou, Mohamed Ben Salem et Zied Laâdhari étaient aussi préposés au poste. Mais si la candidature de Abdellatif Mekki a été rejetée, c'était surtout à cause de l'échec de ce dernier à remporter un siège aux législatives.
Abdellatif Mekki aurait pu devenir député si son nom n'avait pas été rayé de la liste, à la dernière minute, sur la circonscription de Tunis 1 à la tête de laquelle il avait été initialement proposé. Et c'est justement Rached Ghannouchi lui-même qui a décidé de ce changement pour se placer lui-même sur cette liste. Une décision loin d'être démocratique qui est restée au travers de la gorge de Abdellatif Mekki.

Mais les tensions au sein d'Ennahdha n'émanent pas que de Abdellatif Mekki. Les différentes sensibilités, notamment entre faucons et colombes comme on aime bien les appeler, continuent de s'opposer au sein du parti et leur cohabitation devient de plus en plus tendue.
Sur sa page Facebook aujourd'hui, lundi 21 octobre, l'enfant terrible d'Ennahdha Lotfi Zitoun a publié l'ensemble de son intervention hier au conseil de la Choura. Intervention dans laquelle il détaille sa vision du profil que devrait avoir le prochain chef du gouvernement. « Le chef du gouvernement doit être une grande personnalité politique acceptée à l'intérieur comme à l'extérieur, impliquée dans le rassemblement des Tunisiens dans un projet national et dans la moralisation de la politique », a écrit le dirigeant nahdhaoui. Le prochain locataire de la Kasbah devra également répondre aux ambitions des jeunes et travailler en coordination avec le président de la République, dans le cadre de sa légitimité, ajoute Lotfi Zitoun. Des critères qui ne collent pas forcément avec la personnalité de Rached Ghannouchi.

« Le conseil de ce week-end est historique et a enregistré une assistance record car c'est de l'avenir du pays qu'il s'agit et Ennahdha, comme les autres partis, doit assumer ses responsabilités », a déclaré le président du conseil de la Choura, Abdelkarim Harouni, ce matin.
Il est en effet temps pour Ennahdha de prendre pleinement le pouvoir conféré par les urnes. Ses partisans et sympathisants ne lui ont en effet pas pardonné sa trop grande prudence et le fait qu'elle se dérobe à chaque fois pour se cacher derrière une autre formation politique. Un choix de survie qui pourra coûter très cher au parti « fort » du pays. Ennahdha en est conscient et il est très fort probable que le parti fasse rétropédalage et choisisse un nouveau bouc-émissaire pour cette mission-suicide. Ce ne serait ni une surprise, ni une première…


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